Paris. De notre bureau Alors qu'elle ne connaît quasiment pas la plupart des candidats parce que la campagne de ces derniers aura été limitée par les contraintes dues au contexte et à l'environnement, quel sera son taux de participation ? Sur quels candidats portera le choix de ceux qui se sont exprimés ? Les 768 669 électeurs ont 5 jours pour élire 4 députés (deux pour la zone sud et deux pour la zone nord) qui les représenteront à l'Assemblée populaire nationale parmi 9 listes, dont une non partisane pour la zone nord et 8 listes partisanes pour la zone sud. 108 bureaux de vote, parmi lesquels plus de la moitié est décentralisée, ont été aménagés à cet effet.La zone nord qui englobe les consulats généraux et consulats de Paris, Bobigny, Vitry-sur-Seine, Pontoise, Nanterre et Lille compte 472 759 électeurs. 295 910 votants sont inscrits pour la zone sud qui comprend les consulats de Marseille, de Montpellier, de Nice, de Lyon, de Grenoble, de Saint-Etienne, de Toulouse, de Bordeaux et de Nantes. Les circonscriptions sont très grandes, ce qui n'a pas rendu aisée la campagne qui a été pour tous les candidats essentiellement une campagne de proximité, ou par l'intermédiaire de radios communautaires. Des panneaux d'affichage à surface égale ont été mis à leur disposition dans les locaux consulaires. L'affichage a commencé le 26 avril. Pour la zone nord, les premiers titulaires de AHD 54, du RND, d'Ennahda et du MSP, puis les candidats du MJD, du FLN, du RCD, de l'ANR et de la liste non partisane Emigration active ont respectivement participé à deux débats mercredi et jeudi sur Beur FM, précédés d'une rencontre, mercredi après-midi à l'initiative du consulat général de Paris avec la presse nationale, retransmise par Canal Algérie, Beur FM et Berbère TV. Les candidats du RCD de la zone nord ont pour leur part pris l'initiative d'une autre rencontre avec la presse jeudi après-midi. A quelques nuances près, les différents projets des candidats établissent le même constat, à savoir que l'émigration, composante à part entière de la communauté nationale, n'est pas suffisamment prise en considération, voire laissée pour compte — «immigrés en France, émigrés en Algérie, citoyens nulle part. Tel est aujourd'hui le statut paradoxal de notre communauté installée à l'étranger», écrit le RCD dans une déclaration liminaire — ; qu'elle représente un potentiel de compétences, de savoir-faire qui n'est pas mis en valeur ; qu'elle est sous-représentée à l'APN (un député pour 500 000 habitants, alors que la loi avance pour le territoire national un député pour 80 000 habitants). Les propositions des uns et des autres se rejoignent globalement, tant les problèmes sont archiconnus. La plupart des listes revendiquent un environnement national susceptible de favoriser l'investissement en Algérie d'Algériens résidant en France ou de binationaux, voire elles préconisent la prise de mesures incitatives. Ce postulat de base relève d'une volonté politique, estiment les candidats du RCD, Rafik Hassani et Hachemi Souami. La création d'une banque gérant l'argent des Algériens en France en faisant jouer la concurrence, comme le préconise le RCD ou une banque euro-algérienne en France comme le suggère la liste non partisane Emigration active conduite par Hassan Hirèche et Moussa Yaker, ou «l'ouverture d'établissements bancaires proposant les mêmes services que les banques françaises et offrant la possibilité de prêt pour des investissements ou de l'achat immobilier en Algérie» comme le proposent les candidats de la liste d'union MJD – PRA – PNSD, Dellani Azzedine (MJD), tête de liste, Berdjeb Boualem (PNSD), Khaoua Othmane (PRA). L'émigration a changé Des questions comme l'organisation et le financement des obsèques et du rapatriement des corps, du transport, de centres culturels de maisons de l'Algérie… reviennent dans les programmes des candidats, accompagnées de propositions. Autre constat suivi de propositions : les députés n'ont pas de permanence électorale. Pourquoi n'en feraient-ils pas une par mois dans les consulats (qui représentent l'Etat) comme le font les députés français dans les mairies, propose Hachemi Souami qui a été député du RCD en 1997. Le candidat du MSP, Zine Kamel, retient l'instauration de mécanismes de dialogue avec les Algériens en émigration, l'amélioration des conditions de travail du député. Le candidat du MJD, Azzedine Dellani, voit le député comme «un commis de l'émigration» et propose de mettre en place des permanences parlementaires. «Nous recruterons un attaché parlementaire qui sera constamment en France.» Il propose aussi la création d'un conseil consultatif des Algériens à l'étranger. Hassan Hirèche, candidat de la liste Emigration active, indique que sa liste proposera que la binationalité soit inscrite dans la Constitution pour qu'elle ne soit pas remise en cause. Le candidat du RND, Mustapha Maâtallah, indique que son parti qui considère que l'émigration est un apport important à la cohésion nationale n'a pas de programme particulier. Il propose la mobilisation et l'expertise d'Algériens de France sous forme de prestations contractuelles. «A l'heure de la globalisation, l'Algérie a besoin d'une force à l'extérieur», relève Hassan Hirèche. «Le FLN appliquera son programme, il a les moyens de son application», affirme son candidat, Azzedine Abdelmadjid, après avoir énuméré quelques propositions communes à d'autres candidats. Les candidats du RCD relèvent que des problèmes juridiques nouveaux tels que ceux rencontrés par les familles qui adoptent des enfants par kafala, de droit matrimonial, de succession… se posent avec acuité, ce qui montre que l'émigration a changé. Au RCD, des spécialistes travaillent sur ces questions. Qu'est-ce qui distingue alors les listes les unes des autres ? Les candidats du RCD, Rafik Hassani et Hachemi Souami, considèrent que «la probité, la crédibilité et l'honnêteté des candidats tant en Algérie qu'à l'extérieur, sont aussi importantes que les projets», autrement dit les électeurs devront choisir tant les programmes que les hommes et les femmes qui les portent. Par ailleurs, les candidats du RCD estiment que «des dizaines de rapports existent sur l'émigration, on peut en tirer de très nombreuses propositions. Ce qui manque c'est la volonté politique de les faire aboutir». L'émigration a changé, elle n'est plus ce qu'elle était dans les années 1960, une émigration de travail. «Les immigrés sont des citoyens algériens qui ne vont peut-être jamais revenir se réinstaller en Algérie. Ils vivent en France en famille, leurs enfants naissent en France. Les appels aux accents nationalistes ne marchent plus», relève Hachemi Souami, du RCD. C'est à cette réalité qu'il faut aujourd'hui s'adapter. Au-delà des candidats et des projets qui revêtent de nombreuses similitudes, quel rôle pour le député représentant l'émigration ? Quelle place pour cette dernière au sein de la communauté nationale ? Force d'appoint ou partie intégrante ? Autant de questions et d'attentes à clarifier.