Dans la soirée du 1er mai, trois anciens parlementaires du RCD, le retraité de la Radio télévision algérienne, Hachemi Souami, Youcef Merrouche, secrétaire national chargé de l'émigration et Rafik Hassani, responsable des relations internationales, sont venus exposer à Bruxelles les raisons pour lesquelles leur parti a décidé de boycotter le prochain scrutin. Dans son introduction, le docteur Moumen, représentant du RCD en Belgique, a rappelé qu'au cours de rencontres antérieures avec les autorités européennes, il avait attiré l'attention de ses interlocuteurs sur le fichier électoral qui, selon lui, est “incontrôlable”. Il a cité le chiffre d'une progression de 4 millions d'électeurs en plus en quatre ans et souligné qu'une quarantaine de pays déterminent le choix d'un candidat de la zone 4 (Amériques, Europe hors France). “Aucun candidat n'a accès à la liste électorale” et le ministre de l'Intérieur sera ainsi “en mesure d'utiliser à sa guise un réservoir de voix considérable” auquel il convient d'ajouter que trente à quarante mille soldats sont inscrits à la fois dans les zones où ils sont en garnison et dans leurs régions d'origine. Face à toute absence de garantie, il ne restait au RCD qu'à préconiser le boycott, a conclu M. Moumen. Youcef Merrouche a développé le climat social dans lequel aura lieu la “mascarade du 10 mai”, évoquant les multiples grèves qui ont éclaté aux quatre coins du pays en avançant le chiffre de “trente émeutes par jour”. Depuis janvier, a encore mentionné le responsable du secrétariat national du RCD chargé de l'émigration, on a dénombré 50 tentatives d'immolation. De plus, l'administration interdit les salles à sa formation politique prétextant de la nécessité de les réserver aux partis qui participent au prochain scrutin. Rafik Hassani a insisté sur le désintérêt de la population face à cette prochaine échéance indiquant qu'il était venu à plusieurs reprises à Bruxelles pour s'entretenir avec les responsables européens. C'est, en effet, après l'élection présidentielle de 2004 qu'une structure spécialisée dans l'observation internationale des élections a été créée au sein des institutions européennes. En 2007, les élections avaient connu officiellement un taux de participation de 35% mais en réalité, il était “bien plus bas”, a observé Rafik Hassani, qui a rappelé son malaise en étant élu à cette époque dans la France du Nord avec un taux de participation de quelque 10%. En outre, alors qu'en 2007, on avait dénombré 12 000 candidats, on en compte actuellement 24 000 dont certains avec “un bas niveau de formation” ou “au passé peu glorieux”. Pour Rafik Hassani, ce sont les services de renseignements qui sont aux commandes car le “DRS est à la manœuvre”. C'est lui qui choisit les candidats et les partis. Pour Rafik Hassani, les grands projets d'infrastructures tels que l'autoroute Est-Ouest a permis à “tout le monde de se sucrer”. Le bilan global est loin d'être positif. S'agissant du domaine de la santé, ce spécialiste a noté que le ministre de la Santé avait prévu en 2001 un budget de 600 millions de dollars pour les achats de médicaments. Aujourd'hui, ce budget atteint les 2 milliards de dollars, ce qui devrait “satisfaire le citoyen” mais certains produits, comme l'insuline pour les diabétiques, font cruellement défaut alors que les “barons du pouvoir” s'enrichissent en percevant des commissions. Dans le domaine de l'éducation, le constat est également accablant et les réserves monétaires dont certains se gaussent, les 200 milliards de dollars en bons du Trésor américain pourraient s'envoler en fumée en cas de faillite des Etats-Unis ! Dès lors, Rafik Hassani prévoit un “fiasco” à l'occasion de ces élections législatives. Pour les membres de cette caravane du RCD qui a déjà visité Paris, Marseille, Alicante et Bruxelles avant de poursuivre sa route vers le Canada, la mosaïque des partis engendrera une impossibilité de dégager une majorité. A M