C'est aujourd'hui que doit s'ouvrir dans la capitale libyenne, Tripoli, la 28e session du Conseil des ministres des affaires étrangères. Une réunion classée « ordinaire » des ministres magrébins des Affaires étrangères, sans grands enjeux politiques et sans réel impact sur le devenir du processus d'intégration maghrébine. Signe du peu d'intérêt qu'accordent les Etats membres de l'Union magrébine (Algérie, Libye, Maroc, Tunisie, Mauritanie ) à l'édification de cet ensemble régional, la communication officielle faite autour de cet « événement » est des plus minimalistes. Les agences de presse, marocaine et algérienne, l'ont timidement annoncé, en reprenant tout juste les communiqués laconiques des ministères des AE de leurs gouvernements respectifs. Les agences de presse mauritanienne, tunisienne et libyenne, (la Libye assure la présidence tournante de l'Union) ont quant à elles totalement zappé le rendez-vous. L'ordre du jour des travaux de cette réunion, expurgé des questions politiques en rapport avec la relance du chantier à l'abandon de l'Union pour le Maghreb arabe, sera consacré essentiellement aux questions d'ordre économique. Mourad Medelci, ministre algérien des Affaires étrangères, qui se rend à Tripoli aujourd'hui, devra, avec ses homologues tunisien, libyen et marocain, se contenter de passer en revue le « processus d'édification de l'UMA à tous les niveaux ». Les chefs de la diplomatie maghrébins évolueront, selon le communiqué des AE, « selon les étapes franchies vers la mise en place de la zone de libre-échange » et exposeront « les visions sur la création de la communauté économique maghrébine » et débattront en outre « des projets inscrits au titre de l'action de l'Union maghrébine dans les secteurs social, culturel et scientifique ». Point de préparation en perspective d'un sommet des chefs d'Etat à même d'aplanir les obstacles empêchant la résurrection du projet d'Union maghrébine. Paralysée depuis 1994, l'UMA est dans l'incapacité chronique de convoquer un sommet de ses chefs d'Etat. Les deux sommets d'Alger de juin 2002 et de décembre 2003 avaient été, rappelons le, reportés sine die après que le Maroc eut décliné l'invitation. L'impossibilité pour les pays composant la coquille vide qu'est l'UMA de se réunir à un niveau élevé illustre l'étendue de l'échec qu'accusent les pays du Maghreb à construire l'espace maghrébin. Le conflit aux allures insolubles du Sahara occidental, en plus d'envenimer régulièrement et au plus haut point les relations intermaghrébines, algéro-marocaines surtout, et de relancer une course effrénée à l'armement, empêche toute projection dans l'avenir de l'ensemble maghrébin, et ce, au détriment des peuples qui ont l'histoire, la culture et la langue en commun. Face à une crise économique mondiale de plus en plus aiguë et face aux défis de la mondialisation et aux blocs d'intégration économique qui se créent, les gouvernements maghrébins se tournent le dos… et regardent ailleurs. La moyenne des échanges commerciaux intermaghrébins est estimée – par les plus optimistes – à moins de 5% dans le commerce extérieur (statistiques Convention France-Maghreb). Sur 137,1 milliards de dollars d'échanges commerciaux, seulement 2%, estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport de 2006, sont échangés entre les 5 pays du Maghreb contre 66% avec l'Union européenne, 13% avec les pays industrialisés et 19% avec d'autres pays. 20 années après l'acte fondateur de l'UMA, le traité de Marrakech du 17 février 1989, l'Union maghrébine reste toujours à inventer.