Les habitants de Berriane croyaient, espéraient surtout, que la paix allait, après la signature de la feuille de route par les représentants des deux communautés, ibadite et malékite, s'installer durablement dans leur localité. Ils ont été surpris, dimanche dernier, par la reprise des violences. A l'origine, selon des sources locales, un fourgon de police stationné dans l'une des ruelles des quartiers habités par les malékites. Ces derniers ont demandé aux policiers, qui pourtant assurent leur sécurité, de quitter les lieux. Les affrontements éclatent pour atteindre rapidement la RN1. Ils ont duré jusqu'à avant-hier. Mais si au départ c'était entre les jeunes malékites et les forces de l'ordre, ils n'ont pas tardé à atteindre l'autre rive, les quartiers ibadites. La route nationale est restée longtemps fermée à la circulation. Contacté hier, un membre du comité des sages ibadites, « la djamaâ » affirme qu'après des affrontements avec la police, ils ont voulu nous impliquer. « Ils ont saccagé une station-service, des magasins de pièces détachées qu'ils ont pillés et d'autres commerces », dira-t-il, avant de souligner que « la situation est très mal gérée ». « Nous n'y comprenons rien », lance notre interlocuteur qui s'interroge sur le fait qu'on arrête les malfaiteurs pour les libérer le lendemain. Constatant qu'il y a trop de manipulations dans ce qui se passe à Berriane, ce membre du comité des sages soutient que le wali, qui s'est déplacé à plusieurs reprises sur les lieux, a fini par nous dire : « C'est à vous de trouver un arrangement entre vous. » « Nous, nous respectons à la lettre les clauses de la feuille de route que nous avons signée, et ils doivent faire de même », a-t-il indiqué. Les ibadites ont décidé alors, et ce depuis hier, d'observer une grève générale de 48 heures pour « faire aboutir leurs revendications, à savoir la protection des biens et des personnes dans la localité de Berriane ». Notre interlocuteur poursuit : « Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités. » Selon lui : « Bien qu'il soit très difficile de comprendre cette situation, tout le monde soupçonne qu'il y a certainement une main qui manipule. » Qui ? Personne ne le sait. « C'est fou ce qui se passe ici, ces derniers jours, des malékites montent dans des bus qui vont sur Alger ou sur Ghardaïa et demandaient après les Mozabites, c'est comme à l'époque du terrorisme », s'indigne un membre de la djamaâ qui tempête : « S'ils ont des revendications à formuler, ils n'ont qu'à les faire aux pouvoirs publics au lieu de s'en prendre à leurs voisins. » Un membre du comité des sages malékites, contacté hier, qui dit ignorer comment les affrontements avaient éclaté dimanche, il était sur Alger, accuse les ibadites « de les avoir agressés ». « Ils nous ont interdit de faire la prière », soutient-il, en faisant allusion à la grève générale observée par la communauté ibadite. Selon des sources locales, après les affrontements qui ont duré presque six jours et qui ont fait des dizaines de blessés, le calme est revenu. La présence en masse des forces de police et de gendarmerie dans la localité dissuade les fauteurs de troubles de reprendre les affrontements. Mais jusqu'à quand ?