Dans l'attente de la nomination d'un nouveau chef du gouvernement ou la reconduction de celui sortant, M. Belkhadem et son équipe seront chargés d'expédier les affaires courantes. La tenue du Conseil des ministres, hier, à la veille du scrutin s'apparentait à une ultime rencontre de fin d'exercice de l'Exécutif. Constitutionnellement, rien n'oblige le président de la République à choisir le chef du gouvernement de la majorité parlementaire. A cet égard, il n'est pas exclu qu'il ait déjà tranché la question et arrêté son choix sur le futur chef du gouvernement sans avoir à attendre le verdict des urnes. Chef de deux gouvernements successifs, Abdelaziz Belkhadem aura-t-il, de nouveau, la confiance du Président pour poursuivre sa mission à la tête de l'Exécutif ? Officiellement, entre les deux hommes issus de la même famille politique — le Fln — le courant passe merveilleusement bien. Aidé par les cercles de décision pour prendre le contrôle du parti, Belkhadem a en retour, pour services rendus, offert à Bouteflika le Fln sur un plateau d'argent. Au point d'épouser pour le meilleur et pour le pire le programme du président de la République puisqu'il engage avec cette démarche son avenir politique et celui de son parti. Il est donc pour le moins étonnant que Belkhadem soit ainsi amené à quitter le gouvernement par la petite porte. Bouteflika n'a jamais exprimé un quelconque désaveu, du moins publiquement, à l'encontre du chef du gouvernement et à la conduite de son programme d'action. S'il décide de se séparer de Belkhadem, c'est sans nul doute mu par le seul souci de ne pas donner l'impression de faire un usage immodéré de la fonction de chef du gouvernement en reconduisant une troisième fois aux mêmes fonctions la même personnalité. De son côté, s'il doit partir du gouvernement, Belkhadem est certainement rassuré sur son avenir politique, autrement dit de ne devoir rien perdre au change. L'audience accordée dimanche par le président Bouteflika à Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères et diplomate émérite ayant géré d'épineux dossiers internationaux pour le compte de l'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan — une audience que la présidence de la République a pris soin de rendre publique — n'a pas manqué de susciter des supputations sur le sens à donner à cette rencontre. D'aucuns n'ont pas hésité à faire le lien avec l'actualité nationale en voyant en M. Brahimi un candidat potentiel au futur poste de chef du gouvernement. LES RÈGLES DU JEU De manière récurrente, le nom de l'ancien ministre des Affaires étrangères revient sur le devant de la scène lui prêtant des postes et de haute responsabilité dans les institutions de l'Etat. Son nom avait circulé après la maladie et la longue convalescence de Bouteflika à l'hôpital parisien du Val-de-Grâce en le présentant comme le successeur tout désigné de Bouteflika. Le choix du chef du gouvernement n'a en vérité jamais constitué un casse-tête pour les Présidents qui se sont succédé et d'une manière générale pour les décideurs, dans la mesure où ils sont tous puisés dans le sérail. On peut faire appel à eux et les congédier comme on voudra et quand on voudra sans devoir rien négocier avec eux ni avant leur nomination ni après leur fin de mission. Ce sont là des règles du jeu admises par tous. Il reste la configuration du gouvernement qui obéit à d'autres considérations lesquelles tiennent beaucoup à l'équilibre des forces au sein du système, un peu au poids politique et électoral des partis qui composent le paysage politique national et le reste à l'alchimie du pouvoir prompt à récompenser par des postes au gouvernement et dans les autres institutions ses clientèles, traditionnelles ou de fraîche date. Avant même la tenue des législatives, et sur la base des positionnements des différents partis à la veille du scrutin, les paris sont déjà ouverts quant aux formations politiques qui formeront la future majorité parlementaire et présidentielle avec, de surcroît, ce souci du détail qui consiste à délimiter, à l'avance, le poids et l'influence de chaque partenaire. En effet, pour certains observateurs politiques, les contours partisans du futur gouvernement apparaissent déjà en filigrane avant même que ne soient connus les résultats du scrutin. Il ne suffit dit-on que de suivre les discours de campagne des partis pour comprendre qui s'inscrit dans l'opposition, qui pâture dans les prés du pouvoir et enfin qui joue à l'opposition-maison pour crédibiliser le système. Certains partis comme le Rcd ont clairement fait savoir qu'un parti politique n'a pas vocation à se condamner éternellement à mourir dans l'opposition. La participation ou non du Rcd au gouvernement dépendra dit-on de l'issue des négociations qui seront engagées avec ce parti. Le Parti des travailleurs, qui n'a pas fait connaître pour sa part sa position sur cette question, peut lui aussi franchir le pas et accepter des portefeuilles ministériels à négocier. Il sera plus facile de convaincre ce parti qui n'a jamais caché son soutien pour certaines options du programme présidentiel de rejoindre le gouvernement. Pour le reste, la répartition des portefeuilles ministériels se fera entre les trois partis de la majorité parlementaire sortante : le Fln, le Rnd et le Msp. Le nombre et la nature de postes attribués à chaque formation politique devraient théoriquement dépendre des résultats électoraux obtenus par chacun d'entre eux. Mais comme les sciences politiques ne sont pas une science exacte, tous les pronostics sont ouverts.