L'existence de technologies concurrentes et la récession qui sévit aux Etats-Unis pourraient toutefois contrarier ce projet. Les différents acteurs concernés souhaitent éviter de reproduire la « guerre des formats » qui a opposé le HD-DVD et le Blu-ray et ralenti la généralisation de la haute définition. Des sources industrielles ont cependant indiqué que des tensions se faisaient sentir depuis quelques mois entre les différents fabricants, compromettant les efforts pour parvenir à une solution commune avant l'arrivée des téléviseurs en 3D dans les rayons, prévue en 2010. Panasonic figure au rang des industriels ayant développé des téléviseurs 3D haute définition et compte promouvoir sa propre technologie via le Blu-ray Disc Association (BDA). D'après Peter Fannon, vice-président des orientations technologiques du géant japonais d'électronique grand public, son groupe pourra proposer la 3D haute définition dès l'an prochain « si l'ensemble des parties et des acteurs peuvent progresser ensemble autour d'une norme commune ». Mais la tâche ne s'annonce pas aisée. « De nombreuses firmes ont développé des technologies différentes », relève Andy Parsons, porte-parole de la BDA, tout en soulignant que personne ne souhaite une « guerre des formats ». Mitsubishi, Samsung et Sharp comptent parmi les industriels qui ont développé leurs propres téléviseurs 3D. Quant à Philips, qui avait développé un téléviseur 3D ne nécessitant pas le port de lunettes spéciales – à la différence de la technologie développée par Panasonic – il a récemment abandonné ce projet. Selon un porte-parole, même si le groupe néerlandais reste persuadé que l'avenir réside dans la télévision 3D sans lunettes spéciales, les derniers développements du secteur ont retardé la généralisation de cette technologie. « Nous continuerons à évaluer les options pour le développement de la télévision 3D grand public à l'avenir, en nous fondant sur la demande et le comportement des consommateurs », a-t-il précisé. La concurrence entre les différents formats n'est pas le seul obstacle au développement de la vidéo en relief et les fabricants doivent, en premier lieu, convaincre les studios hollywoodiens afin de disposer de contenus suffisants pour motiver un achat de matériel. D'autant que les consommateurs, dont le pouvoir d'achat est écorné par la récession, pourraient hésiter à investir peu après s'être équipés de nouveaux téléviseurs à écran plat. Pour Rick Doherty, analyste chez Envisioneering, les studios hollywoodiens n'ont aucune raison de se tenir à l'écart de cette évolution, dans la mesure où la vidéo 3D pourrait arriver rapidement, malgré les dissensions entre géants de l'électronique. « Le développement du marché de la vidéo 3D grand public devrait bénéficier à la fois aux studios, aux fabricants et même aux salles de cinéma », renchérit David Wertheimer, directeur du Centre des technologies du spectacle de l'université de Californie du Sud. Selon lui, les studios augmentent leurs budgets de production de 10 à 15% pour concevoir des films en 3D, ce qui attire déjà des foules de spectateurs dans les salles. L'existence d'un marché de la vidéo 3D à domicile pourrait donc les inciter à produire une quantité plus importante de films compatibles, ce qui aura des répercussions favorables sur la fréquentation des salles, conclut-il. Reuters, Samir Ben