Nous avons décidé de rompre tout contact avec le wali de Ghardaïa et les autorités administratives locales. » Le communiqué rendu public hier par le comité des sages ibadites, la djamaâ de Berriane, porte la colère des habitants de cette localité déchirée par la violence qui, apparemment, ne veut pas s'arrêter. Pourquoi une telle décision ? Le groupe des sages affirme que les dispositions de la feuille de route signée par les deux parties n'ont pas été respectées et que l'intervention contre les responsables des troubles n'a pas été ferme. C'est ainsi que la grave tournure qu'ont pris les événements à Berriane a fait qu'un jeune ibadite a été blessé par deux balles de Seminov. Heureusement, signale-t-on, évacué à l'hôpital de Ghardaïa, sa vie est hors de danger. Ayant conclu à « l'échec des autorités locales dans le règlement de la crise », les ibadites demandent « l'intervention des hautes autorités du pays ». Selon les sages de cette communauté, « depuis le 2 avril, la localité n'a pas connu un seul moment de répit. Les provocations et les agressions se sont multipliées et la situation a fini par déraper totalement au lendemain de l'élection présidentielle ». Après des affrontements avec les forces de sécurité, soutiennent-ils, les jeunes malékites voulaient étendre le champ de la violence vers les quartiers ibadites. Ils ont, racontent-ils dans une chronologie des événements rendue publique hier, commencé par s'attaquer aux maisons, puis aux palmeraies, avant de saccager une station service et des magasins de pièces détachées, situés non loin de la RN1, appartenant à des ibadites. Regrettant une absence totale sur le terrain de leurs vis-à-vis du conseil malékite, les sages du comité ibadite soulignent que « n'était l'intervention des membres de notre comité et celle du président de l'APC, qui ont appelé les jeunes mozabites à la retenue, en refusant de répondre aux provocations, on aurait vécu une catastrophe ici à Berriane ». Beaucoup d'habitations ont fait l'objet d'actes de vandalisme, affirme la même source qui indique que les affrontements se sont poursuivis jusqu'à hier dans la nuit où le pire s'est produit, puisqu'il a été fait usage d'armes à feu. Dans ces dernières violences, personne n'a été épargné : des agents de police ont été blessés, dont un officier, secourus par les jeunes ibadites, les gendarmes et les citoyens, soulignent les membres de la Djamaâ qui font le constat que les autorités locales n'ont aucune maîtrise sur la situation qui dérape dangereusement à Berriane.