Pour le commun des mortels qui met les pieds pour la première fois à Berriane, il aura la nette impression de s'être trompé de ville tant cette dernière est connue par son intense activité. Ainsi, la grève générale décidée par les commerçants a été largement suivie. Les services de sécurité ont par mesure préventive mis en place un dispositif afin d'éviter des émeutes ou des affrontements dans la région. Les écoles sont restées vides et les parents n'ont pas voulu prendre le risque d'envoyer leurs enfants en l'absence de sécurité. “J'ai quatre enfants scolarisés, j'ai décidé de les garder à la maison au risque de perturber leur scolarité”, affirme Slimane K. S., qui se dit convaincu que “la seule sortie de crise serait le respect par les deux parties signataires, des 15 points contenus dans la feuille de route”, affirmant que “pour notre part, nous sommes déterminés à les respecter scrupuleusement, à l'autre partie d'en faire de même”. Prenant le relais, Bakir B. estime que “la responsabilité des dernières violences incombent en premier lieu aux autorités locales, incapables de gérer une situation de crise, ensuite au laxisme du pouvoir judiciaire”. Du côté malékite, on rejette la responsabilité sur les Mozabites qui, selon Mohamed B., “nous empêchent d'aller prier dans notre mosquée El-Boukhari qui se trouve de l'autre côté de la RN1”. Ce citoyen ajoute que “cette mosquée fait partie de notre patrimoine et nous ne l'abandonnerons pas. Nos parents et grands-parents ont toujours prié là, pourquoi veut-on nous empêcher d'accomplir notre devoir religieux dans notre lieu de culte, ce n'est pas normal”. Dans un communiqué parvenu à notre bureau de Ghardaïa, et signé par le porte-parole de la djamâa des Mozabites de Berriane et signataire de la feuille de route, M. Daoud Bourguiba, interpelle les autorités du pays afin d'ouvrir dans les meilleurs délais une enquête sérieuse et approfondie sur les évènements de Berriane, de relever de ses fonctions le chef de daïra, et d'assurer la sécurité pleine et entière à tous les habitants de Berriane. Le porte-parole a également appelé l'ensemble des habitants de la ville de Berriane à la sagesse, à la retenue et au respect des points contenus dans la feuille de route. Néanmoins, et suite aux violentes échauffourées qui ont eu lieu samedi devant la mosquée El-Boukhari et qui ont nécessité l'intervention des forces de l'ordre, une grande réunion à eu lieu hier matin à la grande maison des fêtes à Boutara dans l'ancestral quartier ibadite de la ville. Présidée par le porte-parole de la djamâa des Mozabites de Berriane, le Dr Daoud Bourguiba, cette réunion à laquelle ont pris part plus de 1000 personnes a débouché sur deux décisions importantes, à savoir : ne pas répondre aux provocations, et ce, quelles qu'elles soient, et ne jamais se rassembler aux abords de la mosquée malékite El- Boukhari, se trouvant du côté ibadite de la ville.