Ce dispositif devra remplacer le Fonds de garantie contre les calamités agricoles (FGCA), gelé depuis 2000 pour n'avoir pas réussi à donner «entière satisfaction». C'est ce qu'a annoncé, hier à Alger, le secrétaire permanent du CNA, Abdelmadjid Messaoudi, lors d'un séminaire sur le thème «Risques agricoles en Algérie, assurance et réassurance». Initié par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural (MADR), le nouveau système d'assurance s'inspire de l'expérience espagnole (qui enregistre un taux de souscription aux assurances de 50%) et se base principalement sur la loi d'orientation agricole. Une loi qui voudrait encourager l'assurance dans le domaine agricole, en raison de son faible taux de pénétration estimé aujourd'hui, selon les spécialistes, à moins de 4%. De l'avis de M. Bourad, directeur général de la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA), l'assurance dans ce secteur «reste très réduite sur le marché national» puisqu'elle ne représente que 1,3% en 2006. Sa quote-part la plus élevée a été durant la période 2000-2002 en raison du nombre élevé de projets soutenus par le Fonds national pour le développement rural et agricole (FNDRA) et financés essentiellement par la CNMA et la BADR. Ces deux institutions exigeaient une souscription d'assurance en tant que garantie en contrepartie des financements. Le niveau des assurances a atteint 5% en 2000 et 7,5% en 2001. Le marché des assurances agricoles était dominé totalement par la CNMA qui disposait entre 90 et 100% du marché durant la période 2000-2004. Malgré l'ouverture du marché à la concurrence, le portefeuille des risques agricoles n'a pas cessé de régresser en dépit de l'augmentation continue enregistrée par le marché des assurances durant cette période. Les statistiques de la CNMA affirment qu'aujourd'hui, sur les 1 032 799 exploitations agricoles recensées dans le cadre du recensement général de l'agriculture, seules 35 216 exploitations ont souscrit une police d'assurance durant l'exercice 2006, soit un taux de pénétration de 3,4%. C'est la raison pour laquelle le nouveau système proposé se veut «un système assurantiel basé sur le partenariat public et privé et sur l'acte de prévoyance de la part de l'agriculteur». Ce dernier, expliquent les responsables du CNA, sera appelé à y adhérer librement, «mais doit être responsabilisé face aux risques qu'il encourt». Afin d'éviter que l'expérience du FGCA ne se répète, il est prévu dans le nouveau dispositif d'«instaurer et de généraliser l'exigence d'assurance contre les calamités agricoles commercialisées pour bénéficier de toute aide publique aux activités agricoles». Il est proposé également la mise en place d'un organisme de gestion technique des risques de calamités agricoles pour ordonner les aides publiques et encadrer le conseil technique aux agriculteurs et aux assureurs. L'organisme sera mis sous tutelle du MADR et aura pour nom Agence de prévention et de réduction des risques (APRA). Il faut savoir, à ce propos, que l'assurance agricole se présente comme un instrument de gestion de risques pour permettre aux producteurs agricoles de protéger leur patrimoine contre les risques qui les menacent. Des risques qui ont pour conséquences la perte de rendement, la perte de la qualité de production ou les dommages causés à l'outil de production. L'agriculture représente en Algérie entre 8 et 12% du PIB. Elle occupe plus de deux millions de personnes et fait vivre plus de 20% de la population. Toute action visant à développer ce secteur, à le moderniser ou à renforcer son potentiel passe nécessairement par la réduction des risques qui pèsent sur ses activités.