C'est la fondation mondiale spécialisée dans la préservation des sites mondiaux (The World Monuments Fund, WMF) qui tire la sonnette d'alarme. Le WMF a, en effet, rendu publique sur son site internet la liste des 100 monuments et sites historiques mondiaux les plus menacés, dont le mausolée de Medracen (25 km au nord de Batna) et le mausolée royal de la Soumâa d'El Khroub (wilaya de Constantine). Ces deux sites font partie de cette liste des monuments «en danger», établie par un panel d'experts internationaux en architecture, archéologie, histoire d'art et préservation ou restauration des sites patrimoniaux. L'activité humaine est devenue, selon le WMF, la plus grande menace pour l'héritage culturel de l'humanité. «Ces deux mausolées souffrent d'une grave détérioration. Les restaurations faites sur les deux sites ont été réalisées sans aucune étude scientifique ni documentation», note la fondation. «Nous souhaitons que les autorités algériennes dégagent les ressources financières nécessaires pour la protection de ces rares et remarquables monuments», ajoute le WMF. Le Medracen, un mausolée typiquement numide, vieux de quelque 24 siècles, est un gigantesque dôme cerclé de colonnes chapiteaux de style dorique (architecture grecque). Il témoigne du savoir-faire des artisans qui taillaient et agençaient, à l'époque, parfaitement les pierres. Erigé sur une colline près de Cirta (Constantine), le mausolée d'El Khroub constitue, lui aussi, une référence de l'histoire numide et souvent décrit comme mausolée de Massinissa, même si son niveau supérieur est fortement endommagé et n'a pas pu résister aux supplices du temps. L'état des deux sites historiques «s'est dégradé à cause, notamment, de certains phénomènes naturels en plus d'actes de vandalisme», affirme le WMF. Qu'attendent les services du ministère de la Culture pour agir et mettre fin à la catastrophe ? Ces sites, témoins de l'histoire ancienne de l'Algérie, ne méritent-ils pas d'être préservés ? Ces deux sites ainsi que Kalâa Beni Hammad (W. M'sila) ont été visités, en novembre 2006, par une mission technique du WMF. Créé en 1965 par une ONG à but non lucratif, le WMF a mis en place en 1995 un observatoire des monuments mondiaux et publie chaque année une liste des 100 bâtiments et chefs-d'œuvre de l'architecture parmi les plus menacés. Ainsi, depuis 1995, la fondation a commencé à signaler les monuments mondiaux en péril. Quelque 75% des sites, mis en avant, «ont été sauvés ou sont hors de danger», se félicite le WMF.