Habitant des immeubles sévèrement endommagés par le séisme de mai 2003, classés rouge 5, et qui risquent de s'effondrer à tout moment, 127 familles de Bab El Oued attendent depuis presque deux années d'être relogées. Ces dernières résident pour la plupart au 8 et 10, rue Colmar, 2 et 4, rue des frères Aïssiou, 5 rue Sbaâ, 7, rue Hadj Med Ourif, 2, 3, 5, rue Hadj Amar, et 43B/59/59, Rampe Lounis Arezki pour ne citer que celles-là. Dans ce sens, 22 bâtisses vouées à la démolition ont été recensées par les services techniques de l'APC de cette localité. « Nous lançons un ultime appel de détresse, sans grande conviction, aux instances supérieures du pays, pour qu'elles se penchent sur notre cas et trouvent une solution à notre calvaire », nous dit un père de famille rencontré devant une des bâtisses de la rue Hadj Med Ourif. Cette même personne précise : « En décembre 2003, nos voisins ont été évacués dans des chalets à Réghaïa, nous avons refusé à l'époque de les rejoindre en écartant la proposition faite par le wali délégué de Bab El Oued. » Un autre poursuit : « Une fois revenus sur notre décision, une multitude de promesses nous ont été faites par les élus locaux. Ces promesses sont toutes restées vaines à ce jour. » Les résidants des immeubles sis à la rue Colmar et Aïssiou, craignant pour leur vie, ont préféré se réfugier provisoirement dans les locaux appartenant à une ancienne entreprise privée, en attendant de voir le bout du tunnel. « Depuis nous sommes jetés aux oubliettes, nous avons frappé à toutes les portes, nous avons été ballottés entre l'APC et la daïra. La seule réponse qu'on nous donne à chaque fois est de patienter », se plaint une mère de famille sur place. Les locataires de la rue des Frères Aïssiou exaspérés par les conditions de vie déplorables au sein de ce centre de transit ont préféré rejoindre leur domicile au péril de leur vie. Vus de l'extérieur, ces immeubles datant de l'époque coloniale nous renseignent sur leur état de précarité et de dégradation avancé. Des pans de leurs murs cèdent les uns après les autres avec les intempéries. La plupart des appartements visités croulent de partout et sont ouverts à tous les vents. Murs porteurs altérés, planches défoncées en plusieurs endroits, cages d'escalier branlantes, sans oublier les problèmes de coupures de courant dues aux infiltrations des eaux. Contacté à ce sujet, le 1er magistrat de la commune, Mohamed Babou, nous précise que depuis le début de l'opération de relogement des sinistrés, 60 familles ont emménagé dans des maisons en dur à Ouled Chebel et Bouzaréah, entre autres, 45 dans des chalets à Réghaïa, 17 sont en attente de bénéficier de logements neufs, et 25 demeurent dans leurs immeubles qui sont en pleine rénovation. Concernant les habitants des immeubles classés rouge 5, il nous indique : « Nous reconnaissons la justesse de leurs revendications et attendons qu'un quota de logements soit dégagé par la wilaya d'Alger, en collaboration avec la direction du logement. A cet effet, le wali délégué est en contact permanent avec les responsables concernés pour que leur calvaire prenne fin le plus tôt possible. Pour ce qui est des travaux de réhabilitation et de confortement des bâtisses classées vert 2, orange 3 et 4, ... 2593 logements ont été livrés à leur propriétaire et 404 restent. Le taux d'avancement des chantiers est de 75 à 80% globalement », nous affirme notre vis-à-vis. Reste que beaucoup d'immeubles du quartier ont été carrément abandonnés par les entrepreneurs en charge de leur restauration. Sur ce point, le P/APC nous explique : « Cet état de faits est dû à plusieurs raisons. D'abord les enveloppes financières allouées à la restauration de ces immeubles sont sous-estimées. Ensuite les crédits dépassés et en attente d'autres apports de la part du maître d'ouvrage, en l'occurrence l'OPGI de Bir Mourad Raïs, ou encore les entreprises de bâtiments engagées sont payées au compte-gouttes, ou pas du tout. Elles ont donc préféré, pour certaines, plier bagage ». Pour conclure, il nous indique qu'un engagement a été donné par le nouveau PDG de l'OPGI pour qu'une bonne partie de ces édifices soit réceptionnée dans les délais les plus courts.