A la place des prairies verdoyantes offrant un paysage enchanteur où on allait pique-niquer au printemps, des bidonvilles ont soudain poussé comme des champignons à l'orée des années 1990, favorisant la violence, notamment terroriste, car entourés de montagnes donnant sur la grande forêt de Djebel Ouahch. Les immeubles identifiés en trois couleurs : rouge, jaune et bleu, ont perdu leur éclat d'antan, et sont désormais ternes et décrépis, tendant largement à se clochardiser. Ce quartier s'est transformé en lieu de débauche, où toutes les transactions douteuses – drogue et vente de psychotropes- se font au vu et au su de tout le monde, sans que personne n'y trouve à redire, de peur d'éventuelles représailles. Après avoir consommé de la drogue et fumé des joints sous les balcons des immeubles, les jeunes noctambules, l'humeur exacerbée par ces substances, se retournent les uns contre les autres, s'injuriant et proférant toutes sortes d'obscénités pour en arriver parfois aux mains, sachant pertinemment qu'en cette période de chaleur les fenêtres sont grandes ouvertes. L'un des habitants du quartier témoignera en ces termes : «On ne peut même plus rester en famille dans une seule pièce, tant ces jeunes nous pourrissent l'existence, et si l'on ferme les fenêtres on étouffe de chaleur !». Un autre s'en prendra plutôt aux services de sûreté, lesquels, selon ses propos «ne font rien pour pallier à ce phénomène, malgré l'existence d'un commissariat à quelques mètres de là». Quant à quelques autres citoyens, ils relèveront, notamment, le problème des déchets ménagers qui s'entassent sur les trottoirs, les bennes à ordures sans couvercles et les nuisances sonores provoquées par certains « fêtards» à des heures indues de la nuit, « qui ne se soucient nullement des gens malades, des enfants et des bébés, dont le sommeil est perturbé par le vacarme». Le problème de l'eau n'a pas été en reste : elle est certes quotidiennement desservie, ce qui est fort louable en soi, mais au forfait, en l'absence de compteurs. Certains riverains déplorent l'attitude de leurs concitoyens qui, ne se privent pas de gâcher des milliers de mètres cubes de ce liquide précieux, et le déversent à flots sans états d'âme. «Pourquoi continuer à payer des sommes faramineuses alors que je suis toujours absente de ma maison ?», s'insurge une des habitantes du quartier. Questionnée à ce sujet, la direction régionale de l'Algérienne des eaux (ADE) a affirmé que l'installation des compteurs pour ce quartier serait imminente. Mais en attendant le bon vouloir des instances concernées, il s'agit d'éveiller, en urgence, les consciences pour que les choses changent.