Il semble que le «marchand», qui prend possession de la rue sans bourse délier, ratisse plus large qu'en louant un carreau à l'intérieur du marché. Mais ce qui dessille le plus les yeux ne fait pas moins dresser les cheveux sur la tête et se passe de tout commentaire, c'est lorsqu'on apprend le retour du «mekess» qui n'est autre – en ces temps de «fais ce que bon te semble» – que le loubar du coin. C'est le cas des marchands des fruits et légumes, clandestins bien sûr, qui viennent installer leur éventaire dans les environs immédiats du marché 5 Juillet, à Bab Ezzouar. Ces commerçants, bien qu'ils activent illégalement, sont tenus, valeur d'échange oblige, de payer rubis sur ongle le jeune flemmard qui a eu l'ingénieuse idée de s'improviser en mekess. Et gare à ceux qui refusent de se soumettre à ce type de diktat, sinon, ils se voient prier de déguerpir illico presto. Après les voituriers qui s'emparent des trottoirs en bombant le torse, batte à la main, contre les automobilistes qui osent garer leurs véhicules sans verser la thune ; après le squat de certaines voies publiques comme les arcades des rues Ahmed Bouzrina et Mustapha Arbadji (ex-Randon) où il est difficile au piéton de se frayer un chemin, un autre filon vient de voir le jour pour cette catégorie de mekess des temps modernes qui impose sa «loi». Un moyen machiavélique qui prend forme avant de se muer en règle d'or.