Qu'attendent les élus pour réagir et proposer des lois pour préserver les forêts ? La wilaya de Tipaza a enregistré la perte de plus de 400 ha de forêt au début de la saison estivale 2007 et un peu plus de 1100 ha durant le dernier week-end du mois d'août. Le bilan de la catastrophe n'est pas définitif puisque les forestiers n'ont pas «balayé» d'une manière exhaustive l'ensemble du territoire vert broyé par les flammes. Des espèces de la faune et de la flore qui font partie de cet univers forestier ont malheureusement disparu. Les derniers feux de forêt sont criminels, selon les affirmations des responsables du secteur. La mise en place des plans d'intervention n'a apparemment pas bien fonctionné si l'on se réfère aux derniers dégâts provoqués par les incendies, notamment dans les wilayas du centre et de l'est du pays. Aujourd'hui en Algérie, les incendies de forêt tuent les familles et les enfants, ce qui n'était pas le cas dans le passé. En dépit des moyens d'intervention existants, les derniers incendies ont dévoilé une foule de lacunes et des dysfonctionnements au niveau de la lutte contre les feux de forêt, en raison du déficit en moyens. La bonne volonté des sapeurs-pompiers et des forestiers ne suffit pas si les moyens ne suivent pas. En plus de la traditionnelle multiplication des feux de forêt durant les saisons estivales, ce patrimoine forestier est quotidiennement agressé par les constructions illicites puisque des citoyens ont accaparé des lots de terrain à l'intérieur des forêts, en toute impunité, pour construire des habitations avec un bon niveau de standing, tandis que ceux qui n'ont pas les moyens érigent des habitations précaires. Sonelgaz, une entreprise publique, ne se sent pas concernée par la préservation du patrimoine forestier, installe ses compteurs pour l'alimentation en énergie électrique, et, dans certains cas, en gaz naturel. Dans la wilaya de Tipaza, officiellement, on recense 16 638 constructions illicites, et aucune volonté réelle n'apparaît pour stopper cette anarchie. Plus grave encore, la loi 84-12 portant régime forestier est totalement obsolète face à ces phénomènes de destruction des forêts. Entre les communes de Fouka et Khemisti, on dénombre plus de 700 constructions illicites, des «verrues» qui ont défiguré ces espaces naturels. Au niveau du mont du Chenoua, plus d'une centaine de constructions illicites ont été recensées. Certaines ne sont en fait que de superbes résidences bâties sans permis de construire au milieu des forêts. En revanche dans la partie ouest, l'ampleur est de moindre importance, bien qu'une centaine de «refuges illégaux» ont été construits. Les populations de cette partie ouest de la wilaya préfèrent défricher les superficies du domaine forestier pour les transformer en terres agricoles. Du côté des communes de Chaïba et d'Attatba, l'abattage des arbres s'est amplifié. La création de menuiseries de fortune implantées en lisière des gisements de forêts n'est pas fortuite. L'approvisionnement en matière première étant naturellement assuré au moindre coût. Plus de 400 affaires liées aux constructions illicites se trouvent sur les bureaux de la justice sans aucune suite, alors que le phénomène prend de l'ampleur. L'absence de textes réglementaires pour faire face à ce massacre du patrimoine forestier se fait lourdement sentir car les intervenants sont impuissants, réduits à la simple constatation.