Et voilà qu'au niveau de l'esplanade située en face du café El Bahdja a été mis en place une scène destinée aux artistes devant animer les soirées ramadhanesques. Tout autour, des chaises et un carré familial invitent les mélomanes à une communion avec la chanson populaire jusqu'à une heure tardive de la soirée. Les cafés historiques de la Basse Casbah, tels le Malakoff où Tlemçani, sont connus pour leur attachement à la chanson chaâbi. Aujourd'hui, c'est le café El Bahdja qui prend le relais comme pour témoigner de cet engouement des Algérois pour les veillées durant ce mois de Ramadhan. Ce passage à témoin sera réussi grâce aux habitués de ce café qui ont su créer un espace artistique et culturel par l'entremise de l'association En Noudjoum, dont l'objectif est, selon son président, Mehdi Fadhli, la préservation et la transmission du patrimoine chaâbi. En fait, l'idée a germé au printemps 2005 lors d'une quaâda animée par Kamel Ferdjellah, à l'intérieur même du café. L'expérience se poursuivra alors durant quelques soirées à l'initiative des anciens du quartier et du défunt propriétaire des lieux, El Hadj Abdelkader Assas. Le concept s'est beaucoup développé, le 18 juillet dernier, lorsque le chaâbi est sorti des cafés et des fêtes familiales pour aller dans les quartiers à la rencontre de son public. C'était à l'occasion de la commémoration du décès du cheikh El Hachemi Guerouabi. Pour ce mois de Ramadhan, Krimou, le directeur de la commission artistique, a élaboré un riche programme culturel. De grands noms de la chanson chaâbi se sont succédé sur scène, alors que d'autres artistes n'ont pas hésité à faire le déplacement. Abdelkader Cherchem a ouvert les festivités lors de la première soirée du mois de Ramadhan, lui a succédé Nacer Mokdad, Ziani et tant d'autres jeunes, à l'image de Louanès Guellal, un élève de l'école El Ankaouïa d'Alger, ou Douadi Madani venu de Bou Haroun. Tous les soirs, l'esplanade est bondée de monde. A l'intérieur du café El Bahdja, c'est la même ambiance qui anime toutes les soirées sous l'ouie attentive de Mehdi Tamache ou de Mohamed El Aïdaoui. Il est bon de signaler que ces soirées artistiques, sous le rythme du la chanson chaâbi, ont égayé le quartier durant les longues soirées de la saison estivale, comme il est bon de signaler que l'endroit est familial alors que la gent féminine ne trouve aucun inconvénient à s'attabler sur une esplanade qui est en train de défier les mentalités rétrogrades.