Depuis la seconde semaine du mois de Ramadhan, le café El Bahdja accueille des qaâdate conviviales animées par des interprètes chaâbis. Un lieu qui renoue avec un legs culturel qui se veut rassembleur des mélomanes venus se ressourcer et une opportunité aux jeunes de faire émerger leur talent. En ces soirées du mois de Ramadhan, des artistes chaâbis défilent tour à tour dans le café El Bahdja situé dans le populeux quartier de Bab El Oued. Un programme d'animation musicale a été proposé par les initiateurs d'une telle action culturelle qui ne ménagent aucun effort quant à la réussite de ce type de spectacle. « Notre souci est de réunir les gens du genre musical chaâbi autour d'une tradition d'antan qui est celle d'inviter des orchestres dans les cafés pendant le mois de Ramadhan », nous dit Sid Ali Bahari, président de la fraîche association Noudjoum El Bahdja. Ainsi donc, les successeurs du cardinal El Hadj M'hamed El Anka se relayent depuis la deuxième semaine du mois sacré, sur une scène aménagée pour la circonstance, en offrant chaque soir une prestation musicale chaâbie au grand bonheur des mélomanes. Les gens affluent de partout, après la prière surérogatoire (tarawih) pour se rencontrer dans une ambiance bon enfant dans ce café exigu qui, dans les années quarante du siècle dernier, abritait dans son sous-sol, l'une des premières associations musicales, El Djazaïria. Les gens peinent au fil du spectacle qui dure jusqu'à une heure du matin, à se frayer une place dans ce petit espace, au point de rogner sur la chaussée. Les présents devisent, l'espace d'une qaâda, autour d'un thé en écoutant les qcids de la pléiade d'interprètes qui se sont produits tels Aziouez Raïs, Abdelkader Chercham, Réda Lalaï, Abdennour Alilat et Amar Boudjemia, en attendant les Dahmane Kobbi, Hamid Laidaoui, Hasnaoui Amechtouh, Mehdi Tamache et Abdelkader Chaou ou encore l'interprète andalou Nourredine Saoudi, prévu dans la dernière semaine du mois de Ramadhan. « C'est une occasion aussi de dénicher de jeunes talents en herbe comme le jeune Ahmed Izri qui, à l'occasion concourt dans la finale de la 4e édition du Festival de la chanson chaâbie qui se tient au TNA du 9 au 15 septembre », souligne notre interlocuteur qui souhaite, par ailleurs que son association soit dotée d'une aide conséquente pour la promotion et la préservation de cet héritage musical. Toutes ces figures, aussi bien celles affirmées sur la scène musicale que les interprètes frais émoulus agrémenteront les moments nocturnes des convives venus du grand Alger et sa périphérie. Un instant d'évasion et de ressourcement où les mélomanes égrènent à l'envi des bribes d'un passé où il faisait bon vivre, fouillent dans leur mémoire pour exhumer quelque souvenance en évoquant l'atmosphère particulière qui enveloppait Qahouet Saci, Qahouet El B'har, Qahouet Malakoff, Café des sports ou encore Qahouet Laâriche dont il ne subsiste que des vestiges que les anciens casbadjis convoquent non sans un brin de nostalgie. Ces lieux qui fleuraient bon, faisaient office de foyer artistique dans les années trente, quarante et cinquante. La même ambiance règne, à un jet de pierre du café El Bahdja, dans la cour du Cercle de l'USMA où des interprètes égayent les soirées du mois de Ramadhan.