L'un des enjeux majeurs auxquels répond le colloque international sur l'archéologie, qui se tient à Tébessa, est de placer les acteurs essentiels sur la ligne de départ en prévision du changement, en 2010, à la tête de l'Unesco, et dont l'Algérie est fortement pressentie pour assurer la présidence. Du moins, c'est ce que pense le docteur Zidane Khoulif, universitaire, occupant plusieurs postes dans des universités étrangères. Il s'agit de classer des sites archéologiques algériens, notamment, Tébessa, qui devrait concourir pour devenir patrimoine universel. Tous ceux qui ont pris part à ce colloque reconnaissent que le site est trop précieux pour souffrir davantage d'indifférence et de dégradation. Tébessa existe depuis la fin du paléolithique moyen avec la culture Atérienne (40 000 ans avant notre ère), et plusieurs civilisations avaient occupé cette aire géographique particulière, notamment celles musulmane et romaine (Théveste), cette dernière ayant laissé des empreintes monumentales. Cette richesse impressionnante, aujourd'hui encore méconnue et saignée par un pillage qui prend de l'ampleur, mérite pourtant une reconnaissance au niveau national et international, qui pourrait permettre, selon le recteur de l'université, Abdelkrim Gouasmia, d'encourager sa sauvegarde et à terme, de développer un tourisme culturel respectueux. L'élite tébessie semble faire preuve d'un sursaut de conscience pour y arriver, en témoigne l'organisation plutôt réussie de cet événement inédit, et surtout la tentative de création d'un institut universitaire abritant des disciplines liées au patrimoine archéologique. Naturellement, les maillons de la chaîne ne sont pas tous réunis pour atteindre un tel objectif, mais force est de constater que des choses se mettent en place. A l'image de la signature d'une convention entre l'université de Tébessa et des université européennes pour un projet de recherches archéologiques et de formation, financé par l'Union européenne à hauteur d'un million d'euros, en attendant l'approbation d'une seconde proposition, émanant de l'université italienne de Trento, par la partie algérienne. Le colloque vise aussi la création d'une banque de données regroupant l'ensemble des connaissances sur les sites de Tébessa, à mettre au service des chercheurs, prêts à pousser les recherches et donner plus d'éclairage à l'histoire de la région. La confrontation des méthodes de travail et du corpus documentaire, mis en relief lors des travaux du colloque, ont, de l'avis de tous les participants, permis de répondre aux interrogations des uns et des autres et de multiplier les lectures grâce à l'apport des regards pluridisciplinaires croisés à l'occasion des quatre jours du colloque. Les communicants venus d'Allemagne, de France, d'Italie, du Maroc, de Tunisie, de Mauritanie et de nombreuses universités algériennes n'ont pas manqué de témoigner leur satisfaction au sujet du déroulement de la rencontre et affiché leur enthousiasme quant à l'avenir scientifique des sites en question. A défaut d'inventer la « thevestologie », ou l'étude de l'histoire de Tébessa, telle que rêvée par les organisateurs de l'association Minerve, le colloque atteint par là l'un de ses objectifs primordiaux, décisif pour l'avenir de la ville aux mille portes, la ville de l'arc de Caracalla, la muraille de Salomon, le temple de Minerve, la basilique saint Crispin… En dépit de quelques résistances et des malentendus qui semblent avoir été dissipés entre les acteurs du domaine, notamment au niveau des autorités centrales, ce rendez-vous pourrait être un déclic annonçant une ère nouvelle pour le patrimoine historique en Algérie.