Le spectre d'une année blanche se précise au fil des jours. Les professeurs, docents et maîtres assistants en sciences médicales ont décidé, hier, de maintenir le cap en radicalisant leur mouvement de protestation. Ils ont décidé, lors d'une assemblée générale tenue au CPMC, de boycotter encore une fois les examens et concours reprogrammés par l'administration à partir de samedi prochain. Un bras de fer risque donc d'opposer dans les prochains jours les grévistes à leurs ministères de tutelle, notamment la Santé et l'Enseignement supérieur qui d'ores et déjà ont saisi la justice pour dénoncer une grève qu'ils qualifient d'illicite. De leur côté, les deux syndicats n'envisagent pas de baisser les bras ni de renoncer au débrayage d'autant plus que la justice ne leur a rien notifié. « Nous avons revendiqué la prise en charge de nos revendications et nos ministres nous ont répondu par des menaces. Nous avons appris que les deux ministres, de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur nous ont poursuivis en justice », s'est dit, stupéfait, le professeur Djidjli, secrétaire général du syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales. « Nos ministres ignorent-ils que nous avons, en bonne et due forme et dans les délais, déposé auprès des instances concernées un préavis de grève », s'est interrogé notre interlocuteur. Hier, en plus des professeurs, docents et les maîtres assistants, des étudiants en sciences médicales, en pharmacie et en chirurgie dentaire ont assisté à l'assemblée en guise de soutien à leurs enseignants et pour également s'imprégner de l'évolution de la situation. Plusieurs intervenants dans la salle ont demandé le maintien de l'option d'une grève cyclique de trois jours mais de la décaler en milieu de semaine, c'est-à dire à partir de mardi au lieu de samedi. Ceci permettra aux deux syndicats de reformuler leur préavis de grève afin de ne pas pénaliser toujours les mêmes malades dont les consultations sont programmées en début de semaine. « Chaque médecin consacre une journée aux consultations et depuis notre mouvement de débrayage, ce sont toujours les mêmes catégories de malades qui sont sacrifiées, donc déprogrammées. Alors, nous demandons à ce que la grève soit décalée de trois jours », ont proposé les médecins soucieux de leurs patients. « Nous ne pouvons pas tourner le dos à nos malades. Il y a certains patients qui nécessitent un suivi rigoureux, nous ne devons pas les laisser tomber. En somme, nous ne pouvons pas adopter la même attitude que celle prônée par le pouvoir envers ses fonctionnaires », a souligné un praticien. Des intervenants ont fait l'impasse sur cette question en exigeant le recours à la grève illimitée pour mettre le gouvernement devant ses responsabilités. Cette suggestion n'a pas fait l'unanimité. L'assemblée générale a fini par voter pour une grève de 3 jours les 11,12 et 13 mai prochain et la poursuite de la grève des examens et concours programmée pour samedi prochain. D'autres syndicats de la santé ont également décidé d'une grève illimitée à partir du mois de mai, ce qui risque de perturber ce secteur névralgique si le pouvoir se confine dans son mutisme. Par ailleurs, les deux syndicats avaient un grand espoir de voir un changement à la tête de leur département, de nouveaux ministres aptes à défendre et à plaider la cause des fonctionnaires du corps de la santé auprès du Premier ministre et au niveau de la Fonction publique, mais en vain, puisque les mêmes ministres ont été reconduits. C'est malheureusement la continuité sans le changement.