Longtemps occulté par les premiers dirigeants de l'Algérie indépendante, l'évènement de ce jour mémorable paraissait étranger à notre histoire. N'est-il pas temps que les acteurs et témoins de ce drame l'évoquent pendant qu'ils en ont encore le souvenir, pour éviter qu'il se dissolve dans les ténèbres de l'oubli, ou se trouve accaparé par ceux qui entendent l'instrumentaliser, et lui donner enfin, au panthéon de nos grandes actions, la place qui lui revient. Voilà aujourd'hui 46 ans que l'immigration algérienne, bravant le couvre-feu spécial qui lui est imposé, manifestait dans un défilé monstre sur les boulevards de Paris. Policiers, gardes mobiles, CRS se ruent sur les Algériens. Et ce fut le massacre. Rarement dans l'histoire de la capitale française, une manifestation pacifique fut réprimée avec une telle violence. La tragédie allait se solder par 200 à 300 morts, 3000 blessés, 11 500 arrestations en une seule nuit. Le lendemain 1000 femmes et 500 enfants sont interpellés. Escamotée pendant une trentaine d'années par ceux qui voulaient la néantiser, la réalité a fini par émerger. Les faits abominables aujourd'hui établis se sont imposés même aux négationnistes impénitents. Certes, des hommes politiques français du plus haut niveau ont minimisé l'évènement, contesté les chiffres et nié l'horreur de la réaction policière. Mais il est vain pour les auteurs de telles atrocités de s'obstiner des décennies durant, à soutenir l'invraisemblable. Le préfet de police, Maurice Papon, a tenté de s'en justifier en 1988 dans son plaidoyer «pro domo (1)» et au cours des procès où il comparut à Bordeaux puis à Paris en octobre 2000. Réduisant l'intervention policière à la dispersion des manifestants par «quelques horions» et des charges d'agents de l'ordre entraînant la mort de deux «Nord-Africains», et celle d'un passant français décédé accidentellement d'une «crise cardiaque», (sic), Monsieur le Préfet travestit honteusement la vérité. Que s'est-il réellement passé ? Papon soutient que durant le «septembre noir» précédent la manifestation, 62 attentats, qui «peuvent être mis au compte du FLN (2), ont causé la mort de 2 officiers, 1 officier de paix, 2 supplétifs (ce sont les harkis de Paris ou calots bleus) et des blessures à 14 fonctionnaires de police. En retenant ces chiffres comme vrais, la réaction du FLN s'explique largement par la sauvagerie de la répression qui, aux dires de Papon, s'était traduite, pour ce même mois de septembre, par l'interpellation de 15 414 Algériens musulmans». L'euphémisme «interpellation» couvrait pudiquement les arrestations, brutalités, tortures qui très souvent, s'achevaient par des pendaisons dans les bois environnants la capitale, des noyades dans les canaux ou dans la Seine, des fusillades ou matraquages à mort par fracture du crâne ou éclatement du foie. On n'en voudra pour sinistre illustration que les faits rapportés dans une déclaration de policiers républicains (3) dont la conscience n'a pu s'accommoder d'atrocités devenues choses banales pour d'autres. On y relève des abominations incroyables. Une horrible répression Ainsi : «A Saint-Denis, les Algériens ramassés au cours de rafles sont systématiquement brutalisés dans les locaux du commissariat. Le bilan d'une nuit récente fut particulièrement meurtrier. Plus de trente malheureux furent jetés, inanimés, dans le canal, après avoir été sauvagement battus. A Noisy-le-Sec, au cours d'un très ordinaire accident de la route, une Dauphine a percuté un camion. Le conducteur de la Dauphine, un Algérien, gravement blessé, est transporté à l'hôpital dans le car de la police. Que se passa-t-il dans le car ? Toujours est-il que l'interne de service constata le décès par balle de 7,65. Le juge d'instruction commis sur les lieux a été contraint de demander un complément d'information… A Saint-Denis, à Aubervilliers et dans quelques arrondissements de Paris, des commandos, formés d'agents des Brigades spéciales des districts et de gardiens de la paix en civil, travaillent à leur compte, hors service. Ils se répartissent en deux groupes. Pendant que le premier arrête les Algériens, et se saisit de leurs papiers, le second trouve prétexte pour les assommer et les jeter dans le canal, les abandonner blessés, voire morts dans les terrains vagues ou les pendre dans le bois de Vincennes. «Dans le XVIIIe, les membres des brigades spéciales du troisième district ont aspergé d'essence et brûlé par morceaux des Algériens. Pendant qu'une partie du corps se consumait, ils en arrosaient une autre et l'incendiaient. Ces faits indiscutables ne sont qu'une faible partie de ce qui s'est passé ces jours derniers, de ce qui se passe encore. Ils sont connus par la police municipale. Les exactions des harkis, des Brigades spéciales des districts, de la Brigade des agressions et violences, ne sont plus des secrets. Les quelques informations rapportées par les journaux ne sont rien au regard de la vérité… Pour convaincre les hésitants qui craindraient des sanctions, le préfet leur donne toutes les assurances : Réglez vos affaires avec les Algériens vous-mêmes. Quoi qu'il arrive, vous êtes couverts.» Cette situation contraignait nécessairement le FLN à engager des ripostes précises à l'encontre de certains policiers (4). Dès lors, une campagne entretenue par les services de Roger Frey, ministre de l'Intérieur, et Maurice Papon tente de faire croire que les militants du Front ne sont en réalité que des terroristes aveugles et inconscients, abattant à tous les carrefours, les agents inoffensifs de la circulation parisienne. A mesure que progresse l'idée que seules les négociations pourront mettre fin à la guerre, plus vite et plus fort il faudra frapper le FLN. Le but est de lui ôter toute prétention à la représentativité exclusive, au moment des discussions à venir. On espère paralyser la Fédération, en frappant spécialement les centres nerveux de sa structure organique. C'est pourquoi la région parisienne est spécialement visée. Le couvre-feu discriminatoire Un communiqué du 6 octobre de la préfecture de police institue un couvre-feu discriminatoire imposé aux «travailleurs algériens», les contraignant à «s'abstenir de circuler… de 20h30 à 5h30…» et même «de circuler isolément», pour la raison que «les petits groupes risquent de paraître suspects». Ainsi la mesure qui vise uniquement les Algériens est ouvertement raciste. Elle s'avère particulièrement dangereuse donnant en fait carte blanche aux policiers perturbés et exaspérés, pour tirer à vue dès que deux ou trois de nos compatriotes rentraient ensemble du travail. A la demande de la base, la direction de la Fédération de France du FLN se devait de parer au danger. On décide d'une démonstration de masse (5), qui allait dévoiler au peuple français le caractère odieux d'une mesure digne du régime nazi. Boycotter cette mesure ignoble instaurée par un texte d'exception devait démontrer la légitimité de nos revendications. Des réactions musclées, d'une police dont les Algériens subissaient la férocité depuis sept années révolues, étaient prévisibles. Néanmoins, les ordres prescrits par le Comité fédéral sont de briser l'interdiction en défilant dans l'ordre et la dignité, avec femmes et enfants, pour en souligner le caractère pacifique. A cette fin, la directive interdit formellement de porter sur soi une arme à feu, une arme coupante fusse un canif, ou même une canne ou un bâton. Les manifestants sont invités à brandir des calicots portant «A bas le couvre-feu raciste», «Négociations avec le GPRA» et «Vive l'Algérie indépendante». Ce défilé grandiose vise à démontrer que la communauté algérienne en France est fermement décidée à combattre toute mesure qui lui interdirait sa participation à la lutte d'indépendance et au surplus à manifester sa totale adhésion au FLN. Maurice Papon s'en inquiète sérieusement. «Les responsables des forces d'ordre et de sécurité – écrit-il – savent que l'opération sera difficile à maîtriser, car tout laisse à penser que les directives du FLN risquent d'être suivies.» Effectivement, elles le sont : 20 000 personnes dans la rue (6). Quant au rapport de synthèse du Comité Fédéral au GPRA, il mentionne le chiffre de 50 000 mobilisés, sur la centaine de mille d'Algériens demeurant dans la région parisienne. Ces deux chiffres ne semblent cependant pas contradictoires, une grande partie des manifestants ayant été interceptés ou refoulés aux portes de Paris, à l'arrivée des bus ou à leur entrée en tête de ligne du métro. En fait de réaction, «musclée», la répression fut d'une ampleur et d'une sauvagerie jamais égalées durant la guerre. Quelques exemples : Parmi les milliers d'Algériens emmenés au Parc des Expositions de la Porte de Versailles, des dizaines ont été tuées à coups de crosse et de manche de pioche par enfoncement du crâne, éclatement de la rate ou du foie, brisure des membres. Leurs corps furent piétinés sous le regard bienveillant de M. Partis, contrôleur général. D'autres eurent les doigts arrachés par les membres du service d'ordre, policiers et gendarmes mobiles, qui s'étaient cyniquement intitulés ‘'Comité d'accueil''. A l'une des extrémités du pont de Neuilly, des groupes de gardiens de la paix, à l'autre des CRS, opéraient lentement leur jonction. Tous les Algériens pris dans cet immense piège étaient assommés et précipités systématiquement dans la Seine. Il y en eut une bonne centaine à subir ce traitement (7). La manifestation a été décrite à maintes reprises (8), avec un nombre de victimes variable. Quant à la synthèse des rapports de l'Organisation sur les morts du 17 octobre et jours suivants, par balles, matraquages, noyades et autres moyens, elle les évalue à 200 ou 300, et les blessés à 2300 environ (9). Ces chiffres paraissent crédibles confrontés aux faits relatés par la déclaration du 31 octobre 1961. Mais le cri de conscience de ces policiers confirmant, au-delà de nos affirmations, les actes barbares perpétrés par une police exaspérée et chauffée à blanc, était anonyme. Signée, la déclaration aurait été beaucoup plus probante. Toutes les recherches pour identifier ses auteurs, depuis la publication dans La 7e Wilaya en 1985, demeuraient vaines, jusqu'au procès en diffamation, intenté par Maurice Papon à Jean-Luc Einaudi devant le Tribunal de Paris (10). Je fus cité en même temps qu'un autre témoin, Emile Porzer. Enfin je découvris l'homme que je cherchais depuis si longtemps. Porzer s'est reconnu rédacteur de la déclaration et fournit sous la foi du serment, des précisions horribles, sur les faits et procédés dénoncés. Des procédés inhumains authentifiés Le 27 octobre 2000 en compagnie de Jean-Luc Einaudi, je lui rends visite. Il habite un modeste appartement de 2 ou 3 pièces dans un HCM à Paris XIIIe. Agé de 81 ans, il nous reçoit avec sympathie et simplicité, malgré son état de santé et nous raconte son parcours ainsi que les circonstances l'amenant à cette initiative. Emile a été un jeune policier résistant. A ce titre, il a milité dans la clandestinité contre l'occupation nazie. Il se trouve à la libération sur les barricades devant la Préfecture de police et lutte, les armes à la main, contre les troupes allemandes évacuant Paris. Début des années 1950, il est radié des cadres de la police par le préfet Baylot, dont Papon est déjà le secrétaire général. Emile engage une procédure contre cette décision devant le Conseil d'Etat. Au bout d'une dizaine d'années, il gagne son procès et doit être réintégré. Mais Papon veille. Devenu préfet, il le fait aussitôt réformer. De la sorte, en octobre 1961, il n'est plus dans la police active mais demeure, clandestinement, responsable de l'Amicale des Policiers résistants. C'est pourquoi il est en contact permanent avec ses camarades de toutes les brigades de la région parisienne, qui établissent des rapports sur ce qu'ils constatent, et qu'Emile Porzer s'attache à regrouper. Ainsi est rédigée la déclaration des Policiers républicains du 31 octobre 1961. Emile tape le texte lui-même sur sa machine à écrire, qu'il jette aussitôt après dans le canal de l'Ourcq pour raison de sécurité. Il en tire sur une petite ronéo un millier d'exemplaires qu'il diffuse auprès de ses amis et camarades. L'Amicale des Policiers républicains en imprime 10 000 avec une ronéo plus perfectionnée. Mais le Syndicat libre de la police judiciaire (SKLPJ) va s'élever violemment contre ce texte qu'il qualifie de «faux». Et pour en démontrer la fausseté, il le publie intégralement dans son journal. Initiative qui donnera à la déclaration, au grand dam de ses promoteurs, une plus grande publicité. Papon dépose plainte contre «X» pour diffamation et le SLPJ se porte partie civile. Ces plaintes n'auront aucune suite. Il semble que la police chargée de l'enquête ait volontairement «mis une sourdine» à l'action, car les inculpés auraient cité des policiers témoins, qui allaient justifier la réalité des atrocités commises. Ainsi est rédigée la déclaration des Policiers républicains du 31 octobre 1961. Emile tape le texte lui-même sur sa machine à écrire, qu'il jette aussitôt après dans le canal de l'Ourcq pour raison de sécurité. Il en tire sur une petite ronéo un millier d'exemplaires qu'il diffuse auprès de ses amis et camarades. L'Amicale des Policiers républicains en imprime 10 000 avec une ronéo plus perfectionnée. Mais le Syndicat libre de la police judiciaire (SKLPJ) va s'élever violemment contre ce texte qu'il qualifie de «faux». Et pour en démontrer la fausseté, il le publie intégralement dans son journal. Initiative qui donnera à la déclaration, au grand dam de ses promoteurs, une plus grande publicité. Papon dépose plainte contre «X» pour diffamation et le SLPJ se porte partie civile. Ces plaintes n'auront aucune suite. Il semble que la police chargée de l'enquête ait volontairement «mis une sourdine» à l'action, car les inculpés auraient cité des policiers témoins, qui allaient justifier la réalité des atrocités commises. Le brigadier-chef Bernet qui se trouvait sur les lieux du carnage a pu consigner les horreurs perpétrées à Neuilly sur les manifestants piégés entre les deux extrémités du pont, assommés et précipités dans la Seine. Il n'y a désormais plus de doute sur l'origine et la véracité de la déclaration, qui se termine par ces mots d'une grande humanité : «Nous avons conscience d'obéir à de nobles préoccupations, de préserver notre dignité d'hommes, celles de nos familles qui ne doivent pas avoir à rougir de leurs pères, de leurs époux. Mais aussi, nous sommes certains de sauvegarder le renom de la police parisienne, celui de la France.» Mais Papon a une autre conception de l'honneur. Dès après le 17 octobre, il crie victoire et, satisfait de lui-même et de sa police, il déclare «la bataille de Paris gagnée» (11), et annonce l'«abdication» du FLN (12). Néanmoins il craint l'«exploitation que veut en faire la Fédération de France qui va orchestrer apparemment avec succès l'évènement du 17, mais, ajoute-t-il, avec une imprudence qui la conduira finalement à l'échec». Il en est convaincu : «Cet ultime espoir sera aussi son ultime combat.» (13) En fait ce dernier combat, le maître de la police parisienne omet d'évoquer les grandes grèves de la faim de novembre 1961 qui sont une autre forme de lutte. Elles trouveront leur dénouement à l'ONU, contraignant le gouvernement colonialiste français à reconnaître la qualité de détenus politiques aux militants emprisonnés et à rouvrir les négociations sur la reconnaissance du principe de l'indépendance. Ce qui était précisément le but ultime visé par la Fédération et l'ensemble du FLN. Malheur aux basanés S'attribuant un satisfecit ainsi qu'à son secrétaire général — d'ailleurs comme lui poursuivi plus tard pour crime contre l'humanité —, Maurice Papon n'en est pas à une contre-vérité près, sauf si à son niveau il ignore comment ses directives sont appliquées sur le terrain. Il aurait toujours invité les forces de l'ordre à être «plus souples et compréhensives». On constatera cependant à l'évidence que ni «souplesse» ni «compréhension» n'ont caractérisé la répression menée sous sa houlette. Ainsi les députés «musulmans» de la «Troisième Force», élus pour faire pièce au FLN, vont refuser, lors du couvre-feu, de se déplacer de nuit et de siéger à l'Assemblée nationale. Cette crainte n'est d'ailleurs pas sans fondement. Leur collègue Abdelkrim Sadi, «sénateur musulman UNR» de Batna-Sétif, se fera malmener à 19h45, sur le boulevard Saint-Michel, par un brigadier de police qui le tient sous la menace de son pistolet automatique, tandis que deux autres agents l'immobilisent. Après lui avoir asséné un grand coup sur le bras, le policier ordonne : «Sors tes mains et ne bouge pas, sinon je te descends.» Monsieur le sénateur Sadi n'avait pas le faciès blond aryen. Roger Frey lui présentera ses excuses dès le lendemain, dans les couloirs du Sénat. Très nombreux seront aussi les étrangers maltraités à cause de leur type nord-africain. Sans compter les malheureux Espagnols ou Portugais émigrés en France, des Américains se feront matraquer, tel Joseph Pomerleau de Waterville (USA), en voyage touristique à Paris. Ses mésaventures sont rapportées par le New York Herald Tribune du 20 octobre, qui consacre un reportage complet à la manifestation du 17 octobre. On saura ainsi, un peu partout à travers le monde, à quel régime la police de Papon soumet les travailleurs algériens. Bien plus tard, on apprendra que «compréhension et souplesse», prônées par la directive préfectorale, avaient atteint une résonance internationale. Epargnant les blonds aryens, les «bidules» s'abattent indistinctement sur les bruns, les cheveux crépus et les basanés. Avant tout ils sont matraqués, puis interpellés et ensuite conduits dans les centres de tri. Parmi eux se trouvait un militant de gauche, interdit dans son pays la Colombie, et vivant en exil à Paris. Ce 17 octobre, il se promenait paisiblement sur les Boulevards, assistant interloqué à cette chasse à l'homme, inconcevable dans la capitale du pays à la devise grandiose de «Liberté, Egalité, Fraternité». Victime de ses apparences physiques (plus tard il dira : je ressemble à un Algérien, non ?) les flics le brutalisent «l'embarquent» et le maintiennent « au trou » pendant 48 heures, malgré ses protestations. Un officier de police français, de mère espagnole et parlant la langue de Cervantès, reconnaît l'écrivain de renom, que ses collègues vont enfin libérer. C'était Gabriel Garcia Marquez, futur prix Nobel de littérature. Ainsi se déroule le cours de l'Histoire. Papon s'en est allé dans le monde des ténèbres. Condamné pour avoir de façon abjecte participé à l'holocauste durant la Deuxième Guerre mondiale, il demeure, judiciairement, innocent des atrocités du 17 octobre 1961. Le paisible Colombien molesté à Paris, pour avoir eu l'outrecuidance de s'y promener par un soir d'automne, s'est trouvé quelque peu dédommagé par la plus haute des distinctions littéraires. Quant aux victimes, charriées en aval ou englouties par les flots, elles attendent que les deux Etats reconnaissent leur sacrifice, puisque le massacre perpétré en France illustre également un épisode marquant du combat de l'Algérie pour son indépendance. Il constitue pour toujours un horrible drame que les deux pays se doivent de commémorer dans le respect de ceux et celles, dont «le silence du fleuve» ne pourra effacer le souvenir. Octobre 2007 – Notes de renvoi – 1) Maurice Papon. Les Chevaux du pouvoir – Plon Editeur. Paris – 1988. – 2) Papon – ouv. Cité – p. 202. – 3) Communiqué intitulé : Un groupe de policiers républicains déclare, Paris, 31 octobre 1961, transmis aux autorités et à la presse. Voir La 7e Wilaya – Editions Casbah. Alger – pp. 360-361. – 4) La Fédération, d'ailleurs, s'en explique dans un communiqué du 15 octobre intitulé Pourquoi les attentats, publié par El Moudjahid. – 5) A ce sujet Papon écrit (p.207) : «Cette démonstration de masse ne procède pas de la génération spontanée. Elle répond à des directives venues de Tunis.» Il est grave pour des responsables à ce niveau d'ignorer que la Fédération jouissait, dans le cadre du combat pour l'indépendance, d'une totale liberté d'action, avec la seule réserve d'en informer le GPRA. – 6) Papon – idem – p. 208. – 7) Déclaration des policiers républicains. – 8) Voir : Michel Levine – Les Ratonnades d'octobre – Un Meurtre à Paris, Ramsay – 1985. Ali Haroun, La 7e Wilaya, Le Seuil – Paris – 1986 et la 3e édition : Casbah – Alger 2005 pp. 359 à 375 – Jean-Luc Einaudi – La Bataille de Paris – 17 octobre 1961 – Le Seuil – 1991 – Olivier Le Cour Grandmaison (sous la direction de), Le 17 octobre 1961 – Un Crime d'Etat à Paris. Ed. La Dispute. – David Assouline et Mehdi Lallaoui : A propos d'octobre 1961 – Au nom de la mémoire. – Linda Amiri, Les Fantômes du 17 octobre. Ed. Mémoire – Génériques – 9) Chiffres extraits du rapport du R.O. transmis par le Comité fédéral du GPRA. – 10) Papon allait d'ailleurs perdre son procès et le Tribunal reconnaissait que le terme de massacre utilisé pour qualifier l'action de Papon traduisait bien la vérité. – 11) Id. p. 224. – 12) Ouv. cité – p. 205. – 13) Ouv. cité – p. 207.