Le Centre culturel français d'Alger, projettera demain, à 15h et à 18h30 Nuit noire 17 octobre 1961 réalisé par Alain Tasma sur le massacre à Paris des manifestants pacifistes algériens. Cette projection entre dans le cadre du cycle «Guerre d'Algérie dans le cinéma français : Trois films pour revenir sur la représentation de la guerre d'Algérie dans le cinéma français». La séance de 18h30 sera présentée par Daho Djerbal, professeur d'histoire à l'université de Bouzaréah, chercheur et directeur de la revue Naqd. Sur le site du CCF, il est écrit qu'«abordée de manière détournée par quelques cinéastes militants, la guerre d'Algérie a longtemps été un sujet tabou, peinant à trouver sa représentation cinématographique dans le 7ème art hexagonal. En effet, il faut attendre les années 2000, avec entre autres la Trahison de Philippe Faucon, Cartouches gauloises de Mehdi Charef ou encore L'Ennemi intime de Florent Emilio Siri, pour voir le conflit directement porté à l'écran proposant enfin un espace propice au débat et au travail de mémoire». Le 17 octobre 1961 reste marqué comme une date noire dans l'histoire des Algériens de France pendant la guerre d'indépendance. Ce jour-là, le FLN (Front de libération nationale) avait décrété une mobilisation générale de tous les Algériens travaillant à Paris et dans sa banlieue pour une manifestation pacifique de grande ampleur dans le centre de la capitale. Ceci afin de protester contre le couvre-feu que leur imposait le préfet de police Maurice Papon et contre la détention des militants du FLN dans les prisons françaises. Le 17 octobre 1961 à 20 h 30, heure du début du couvre-feu, commença une grande manifestation non-violente à Paris. Les manifestants étaient environ 30 000. Faire échec à la manifestation fut le mot d'ordre immédiat du préfet de police, qui ordonna à ses forces, de ne pas faire de quartier dans la dispersion ou la répression des rassemblements attendus.Des témoins décrivirent dans de nombreux quartiers de Paris des scènes d'exécution à l'arme à feu, de mutilation à l'arme blanche et d'entassement de cadavres. Des policiers rapportaient : «à la station de métro Austerlitz, le sang coulait à flots, des lambeaux humains jonchaient les marches des escaliers». Plus tard dans la nuit, la police lança des «ratonnades» dans le bidonville de Nanterre. Dans les jours suivants, la répression s'étendit à la banlieue parisienne. Au total, plus de 300 Maghrébins tombèrent sous les coups de la police française dirigée par Maurice Papon qui bénéficiait du soutien du général de Gaulle et du premier ministre Michel Debré. Le numéro de Témoignage chrétien daté du 27 octobre consacrera un dossier complet au massacre des Algériens, avec un éditorial d'Hervé Bourges et le témoignage et les photos d'Élie Kagan. D'autres photos de ce photographe paraîtront dans le journal de gauche France Observateur. Le 31 octobre 1961, des policiers qui avaient décrit les atrocités commises durant la nuit sanglante dans une déclaration mettent en cause les plus hautes autorités de l'Etat français dans le massacre du 17 octobre. Toutefois, ni les donneurs d'ordre ni les exécutants ne furent inquiétés après le massacre. Les crimes du 17 octobre 1961 restent toujours impunis. S. A.