Le président palestinien Mahmoud Abbas a annoncé, lundi, qu'il refusait de reconnaître Israël en tant qu'Etat juif, comme l'a exigé le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. « Etat juif, c'est quoi ça ? Vous pouvez vous faire appeler comme ça vous plaît, mais moi je ne l'accepte pas et je le dis publiquement », a déclaré M. Abbas dans une allocution à Ramallah, en Cisjordanie. Il a affirmé que l'exigence d'Israël d'obtenir une reconnaissance palestinienne de son caractère juif avait été « longuement discutée » et rejetée par les Palestiniens lors de la conférence d'Annapolis aux Etats-Unis ayant relancé le processus de paix israélo-palestinien, en novembre 2007. « Vous pouvez vous faire appeler la République sioniste, hébraïque, nationale socialiste si ça vous plaît, ça ne me regarde pas. Moi, je sais qu'il existe un Etat d'Israël sur les frontières de 1967 (avant l'occupation des territoires palestiniens, ndlr) et pas un centimètre de plus ou de moins », a ajouté le dirigeant palestinien. M. Netanyahu avait réclamé le 16 avril que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif, lors d'une rencontre avec l'émissaire américain George Mitchell. Le 20 avril, son bureau avait toutefois indiqué qu'une telle reconnaissance n'était pas une condition pour une reprise des négociations de paix avec les Palestiniens. Les Palestiniens craignent notamment que la reconnaissance d'Israël comme l'Etat des juifs revienne pour eux à renoncer au « droit au retour » des réfugiés palestiniens. Israël se définit selon une loi fondamentale comme « Etat juif et démocratique », tout en comptant 1,3 million de citoyens arabes. Il s'agit des descendants des 160 000 Palestiniens restés sur leurs terres après la création de l'Etat juif. Ils représentent aujourd'hui 20% de sa population. M. Abbas a en outre critiqué le nouveau ministre israélien des Affaires étrangères, l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, qui a notamment affirmé que son pays n'était pas lié par le processus lancé à Annapolis et que l'initiative de paix arabe lancée en 2002 constituait un danger pour Israël. « Lieberman, c'est un cas à part. Il n'a pas encore appris la politique et ne l'a pas suffisamment pratiquée. C'est un adversaire, il est venu pour dire non et je rejette, et à chaque fois il nous sort un nouveau refrain », a déclaré M. Abbas.