La poursuite au rythme actuel de la colonisation israélienne en Cisjordanie occupée risque d'anéantir les chances de création d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, a mis en garde, lundi, l'ONG israélienne Ir Amim. « Si la colonisation continue, il sera bientôt trop tard pour une solution au conflit basé sur deux Etats. Ce sera l'impasse absolue », a averti l'avocat Me Daniel Seidemann, à la tête de cette ONG, qui s'est spécialisée dans le suivi de la colonisation de la partie orientale d'El Qods, annexée par Israël après sa conquête en juin 1967. Il a indiqué lors d'un colloque à El Qods que des appels d'offres avaient été lancés depuis la conférence d'Annapolis (Etats-Unis), en novembre 2007, pour près de 2000 logements pour des juifs dans la partie orientale. Me Seidemann, qui est fréquemment consulté par des responsables l'Administration américaine, s'est toutefois déclaré persuadé que sous la présidence de Barack Obama, Washington va faire pression sur le gouvernement de Benyamin Netanyahu pour donner un coup d'arrêt à la colonisation. Chaque nouvelle maison construite dans les implantations rend encore plus difficiles les chances d'un accord israélo-palestinien, a déclaré pour sa part Hagit Ofran, porte-parole du mouvement anticolonisation la Paix maintenant. Elle a dénoncé le « double jeu » de l'ancien gouvernement d'Ehud Olmert du parti centriste Kadima, lui reprochant d'avoir « poursuivi la colonisation à un rythme intensif, particulièrement en 2008, tout en affichant sa volonté d'aboutir à un accord de paix basé sur deux Etats ». A El Qods est, 2400 appels d'offres supplémentaires ont été lancés entre 2006 et 2009, selon la même source. Des travaux sont en cours pour la construction d'une soixantaine de logements juifs dans le quartier d'Arab Al Sawahra d'El Qods est, a révélé, lundi dernier, la Paix maintenant. Selon Mme Ofran, « ils visent à compléter la ceinture de quartiers juifs qui entourent la partie orientale arabe d'El Qods et nous nous élevons contre ce projet qui nuit aux espoirs de paix ». Selon la municipalité de la Ville sainte, ces plans ont été approuvés en 2000 et le chantier en question ne constitue pas un nouveau projet de colonisation. Les limites municipales d'El Qods, unilatéralement fixées par Israël, n'ont jamais été reconnues par la communauté internationale et suscitent des critiques, notamment de l'Administration américaine. Les Palestiniens, qui veulent faire du secteur oriental de Jérusalem la capitale de leur futur Etat, font valoir que la colonisation israélienne est le principal obstacle sur la voie de la paix. Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a affirmé, lundi, que l'Autorité palestinienne envisageait « de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU et l'Assemblée générale » pour faire arrêter la colonisation israélienne. Quelque 190 000 Israéliens vivent dans une douzaine de quartiers de colonisation à El Qods est où vivent 270 000 Palestiniens.