L'Inde représente une véritable mosaïque d'ethnies, de castes, de confessions et de langues. Un vrais casse-tête pour les élections. Plus de 144 millions d'indiens sur un total de 714 millions d'électeurs, répartis à travers 9 Etats ont voté, hier, pour élire les 543 députés les représentant auprès du pouvoir central. New Delhi (Inde) : De notre envoyée spéciale Le vote, qui a commencé le 16 avril dernier, se poursuivra dans d'autres régions, jusqu'au 13 mai. Hier, ce fut au tour des habitants de Bombay, ville encore meurtrie par la série d'attentats qui l'ont secouée en novembre dernier faisant 174 morts, d'aller aux urnes. Les thèmes relatifs à la sécurité et à la lutte contre le terrorisme ont caractérisé la campagne électorale. Certains partis nationalistes et d'extrême droite ont tenté de désigner les travailleurs immigrés comme bouc émissaires, surtout les musulmans d'entre eux, qu'ils soient indiens ou provenant d'autres pays limitrophes. Face à cette montée de l'intolérance envers les minorités, la gauche indienne a réagi fermement par la voix de sa principale candidate au poste de premier ministre, la veuve de l'ex-premier ministre Rajiv Gandhi, qui a condamné les hommes politiques hindous qui prêchent la discrimination. Les qualifiant de « chauvins », Sonia Gandhi leur a rappelé que la capitale économique du pays doit sa prospérité au labeur des travailleurs provenant des autres régions de l'Inde et de l'étranger. Un autre Etat, se trouvant à l'Est de la péninsule, a voté hier. C'est l'Etat du Goujarat tristement connu pour être la seule région de l'Inde où les musulmans, une forte minorité (13% de l'ensemble de la population) vivent une sorte d'apartheid, séparés du reste des 50 millions d'habitants de la province. Cette semaine, la cour suprême du Goujarat a décidé d'ouvrir une enquête contre le principal candidat de la droite et président de cet Etat, le nationaliste Narendra Modi, soupçonné d'avoir eu une grande responsabilité dans le massacre de 2000 musulmans dont certains furent brûlés vifs en 2002. Accusés sans aucune preuve tangible d'avoir mis le feu à un train dans lequel voyageaient des pèlerins hindous, dont 50 périrent, les musulmans ont dû subir une véritable chasse à l'homme. La cour suprême de l'Etat du Goujarat vient de donner raison à la veuve d'une des victimes qui a accusé le président de cette province, Modi, d'avoir autorisé cette tuerie. Le parti nationaliste hindou et Modi crient au complot politique, surtout que le nom de ce dernier figure parmi les trois pressentis pour le poste de futur premier ministre de l'Inde.