Selon des sources proches des services de sécurité, le nombre de policiers blessés est de trois. D'autres sources parlent de quatre éléments dont un grièvement touché. De nombreux autres policiers ont été légèrement atteints par les éclats de verre et les débris de ferraille. De nombreux civils, dans leur maison, ont aussi été blessés, a-t-on constaté sur place. Fort heureusement, aucune perte en vie humaine n'a été enregistrée. Selon les témoignages des jeunes, qui étaient attablés dans un café en face du lieu de l'attaque, un véhicule de marque Renault 21, chargé d'explosifs, avait foncé droit sur l'établissement de la police qui servait de siège à la brigade de la Gendarmerie nationale avant avril 2001. La barrière de sécurité, des buses, a été forcée par le véhicule. Ce qui alerta le policier qui assurait la garde et qui a vite compris qu'il s'agissait d'une voiture bourrée d'explosifs. «Le conducteur du véhicule a eu le temps de fuir. Il a été couvert par ses acolytes qui étaient à bord d'un fourgon de marque Renault Trafic. Les terroristes sont descendus et ils ont commencé à tirer en direction des policiers qui ont essayé de se défendre du mieux qu'ils pouvaient avant que la voiture n'explose cinq minutes plus tard. Deux autres voitures attendaient à une dizaine de mètres plus bas, afin d'empêcher les policiers de venir en aide à leurs collègues», témoigne Hocine, le propriétaire du café qui n'a même pas eu le temps de faire rentrer les tables et les chaises, entassées sur la terrasse. Un autre fourgon, subtilisé quelques heures avant et une Peugeot 405 étaient postés à proximité du siège de la garde communale, ajoute Rabah, étudiant. Un transporteur a failli périr dans cet attentat. Son fourgon, un J5, ressemblait à une boîte de sardines. Il a été abandonné par son propriétaire qui s'est réfugié dans un kiosque multiservice avec ses deux amis au début de l'accrochage. Les criminels ont profité de l'absence de l'éclairage public, en panne depuis plusieurs jours, pour commettre leur forfait dans une région cernée par les massifs forestiers d'Amdjoudh au nord, El Madj au sud et celui de Boumheni à l'ouest. Ces trois forêts sont connues pour être des lieux de repli sûrs pour les terroristes du GSPC. Sur les lieux de l'attentat, il ne restait que le bloc moteur du véhicule piégé, éjecté sur une vingtaine de mètres contre le mur d'un vieil immeuble. Les occupants de cet immeuble ont eu juste le temps de se mettre à l'abri. Deux voitures appartenant à des policiers ont été complètement calcinées. Les vitres, sur un rayon de 100 m, ont volé en éclats. Les faux plafonds de certains appartements se sont effondrés. Les portes des magasins n'ont pas résisté au souffle de l'explosion qui a sérieusement endommagé les sièges de Sonelgaz, de l'Algérienne des eaux et des services des impôts. La forte charge explosive a ébranlé la salle de cinéma, prête à la démolition. Des citoyens habitant la localité voisine de Beni Douala affirment que leurs maisons ont tremblé sous la force de la déflagration dont le bruit a été entendu à Larbaâ Nath Irathen, Boghni et Draâ El Mizan. Le siège de la permanence du RCD témoigne, lui aussi, de l'intensité de la bombe. A l'intérieur du bâtiment OPGI où habitent des civils et cinq familles de policiers, les dégâts sont aussi importants qu'à l'extérieur. «J'étais avec ma femme et mon fils en train de regarder la télévision quand j'ai reçu sur le visage les volets de la fenêtre, le lustre et le porte-manteau. J'ai tenté de me lever mais je me suis évanoui», raconte Salem, la cinquantaine, le regard rivé sur le mur fissuré de sa maison. Sa mère, 74 ans, avait la main droite dans du plâtre. Elle était assise sur un fauteuil plein de débris de verre et n'arrêtait pas de pleurer. Cette vieille dame a été percutée par la porte d'entrée de son appartement situé au deuxième étage et faisant face au poste de police. Un locataire affirme qu'un adolescent a été atteint à l'abdomen par des morceaux de verre et de ferraille en tentant de rejoindre sa chambre. Il a été transféré à l'hôpital où il devait subir une intervention chirurgicale en urgence. Son état est jugé très grave, dit-on. L'évacuation des blessés n'a pas été facile, indique-t-on. Les gens avaient peur de sortir. Les ambulances du secteur sanitaire et des services de la Protection civile ne pouvaient pas, elles aussi, pénétrer dans cette zone où les tirs de kalachnikovs fusaient de partout et dans tous les sens. Les habitants du voisinage affirment n'avoir pas fermé l'œil durant toute la nuit. Les résidents de la cité 30 Logements, située à côté du siège de la daïra, n'ont pas été épargnés par le souffle de la déflagration. «J'ai passé la nuit avec mes filles dans le couloir de la maison. Toutes les chambres et le salon étaient couverts de débris de verre et de morceaux de ferraille», raconte, affolée, na Ouiza, la soixantaine dépassée. A en croire certains citoyens, cette attaque était redoutée depuis longtemps. Les multiples opérations de ratissage qui ont touché cette région vers la fin de l'été dernier n'ont pas réussi à déloger les groupes terroristes qui ont signalé leur présence par de nombreux faux barrages suivis parfois de racket. Hier matin, les éléments de la police scientifique, dépêchés d'Alger, indique-t-on, prenaient des photos alors que leurs collègues essayaient d'organiser la circulation automobile. Les policiers ont eu beaucoup de difficultés à disperser les citoyens de la région, choqués par l'ampleur des dégâts occasionnés. Les agents de la voirie ont été mobilisés pour nettoyer les lieux qui témoignaient d'un carnage évité de justesse. Le chef de daïra était aux côtés des policiers. Des soldats parachutistes ont été appelés en renfort, a-t-on constaté. Les lycéens ont été renvoyés chez eux. Les citoyens touchés, sur le plan matériel, suite à cette attaque, se demandent quant à eux si l'Etat est prêt à réparer les dommages dont ils sont victimes. Curieusement, l'attaque a eu lieu à la veille du 11 novembre. L'attentat qui a eu lieu à Maâtkas a fait régner un climat de terreur chez la population locale qui craint d'autres attentats. La peur s'est aussi emparée des autres habitants de la wilaya de Tizi Ouzou qui craignent d'être la cible d'attentats à la bombe, notamment lors des meetings organisés par les partis politiques dont la campagne électorale vient juste de commencer.