Le chef-lieu de commune de Beni Aïssi, à 15 km au sud de la ville de Tizi Ouzou, a été ébranlé, hier matin, par un attentat kamikaze. Un véhicule bourré d'explosifs conduit par le kamikaze a foncé droit sur la brigade de gendarmerie mitoyenne au siège de l'APC. L'explosion a fait un mort, un gardien à la mairie, Ch. Slimane, âgé de 39 ans, et huit blessés parmi les gendarmes. La déflagration a également provoqué d'énormes dégâts matériels dans la localité. La brigade du Darak et le siège de l'APC ont été sérieusement endommagés sous l'effet de l'explosion. Selon des témoignages recueillis sur les lieux, l'attentat s'est produit à 3h45, hier matin. « J'habite à 500 mètres d'ici, mais le plafond de ma maison a été endommagé lors de l'explosion. Cela démontre la force de la déflagration », nous dit un citoyen d'Azrou, un village situé à quelques encablures seulement du lieu de l'attentat. A 9h, les habitants de la localité étaient toujours sous le choc. Il était difficile de leur soustraire la moindre information. « Le terrorisme n'est pas fini. Voilà, il s'attaque encore une fois à notre région. Des locaux commerciaux et des habitations ont été détruits par le souffle de la bombe », ajoute un habitant de la région. En face de la brigade de gendarmerie, sur la route principale, une boucherie, une librairie et un salon de coiffure ont été pratiquement dévastés par l'attentat. Les débris causés par la déflagration de la voiture piégée ont également provoqué des dommages aux véhicules stationnés à proximité. Les vitres ont volé en éclats. L'on a constaté de visu des trous causés par des bouts de fer sur la tôle des rideaux métalliques des magasins. Des détritus jonchent le pavé. Un important dispositif des forces combinées a été dépêché sur les lieux avant que les éléments de la Protection civile et les travailleurs de la mairie ne procèdent au nettoyage de la route et des endroits touchés par l'explosion. Des renforts de l'ANP et de la gendarmerie ont défini un périmètre de sécurité pour permettre à la police scientifique de recueillir tout élément susceptible de servir de piste pour l'identification du terroriste. La circulation était bloquée durant toute la matinée. Les automobilistes ont dû contourner le chef-lieu de la commune de Beni Aïssi en passant par l'ancienne route de Beni Douala. « La cité EPLF, les commerces et plusieurs maisons ont été sérieusement touchés. On n'a pas encore évalué les dégâts mais, voyez de vos propres yeux, le siège de l'APC est carrément en ruines », a relevé le président de l'APC de Beni Aïssi. Les huit gendarmes blessés ont été évacués vers l'hôpital militaire de Aïn Naâdja, à Alger. Le kamikaze était à bord d'une camionnette de marque Mazda bourrée d'explosifs, selon nos interlocuteurs. Elle aurait explosée avant son arrivée devant le portail de la brigade de gendarmerie. « On a entendu des coups de feu avant l'explosion. Peut-être que ce sont les gendarmes qui ont tiré sur le véhicule pour l'immobiliser avant l'explosion », ajoute un autre citoyen. Cet attentat kamikaze intervient deux semaines après l'attaque terroriste contre un convoi militaire en opération de ratissage dans les monts de Sidi Ali Bounab, sur les hauteurs de Tadmaït, à l'ouest de Tizi Ouzou, où quatre éléments de l'ANP ont été tués. Dans la même commune, un attentat kamikaze a été perpétré en mars 2009. Un terroriste s'était fait exploser devant le siège de la garde communale. Deux morts avaient été dénombrés lors de cet attentat, qui s'est produit quelques mois après l'attaque à la voiture piégée d'un commissariat de police dans la ville de Tizi Ouzou, en août 2008.