Officiellement, la question du Sahara- Occidental sera examinée une nouvelle fois ce mois-ci par le Conseil de sécurité des Nations unies qui décidera à cette occasion de la durée à accorder à la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-Occidental) dont le mandat arrive à expiration le 30 avril. Ce qui est la règle depuis 1991, soit depuis l'entrée en vigueur de cessez-le-feu en septembre 1991, seul élément du plan de paix de l'ONU à être appliqué. Mais ce qui se passe actuellement semble déroger à cette routine, puisque l'on assiste depuis peu à une intense activité diplomatique. Plus que cela, et à supposer que celle-ci n'a jamais cessé pour éviter une reprise de la guerre liée au blocage du processus de paix, elle est cette fois fortement médiatisée. Comme cette démarche marocaine auprès de la présidence française et annoncée par l'Elysée, quelques jours à peine après une tournée du souverain marocain dans les territoires occupés. Cette fois, il s'agit de l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU qui a effectué une visite au Qatar, le tout nouveau membre du Conseil de sécurité. John Bolton s'est entretenu à Doha avec les dirigeants qataris des questions à l'ordre du jour de l'instance onusienne, selon les médias de ce pays. Des consultations somme toute normales et qui auraient pu avoir lieu à New York, mais M. Bolton a lui-même déclaré à la presse, au terme de ses entretiens dimanche, avoir échangé des points de vue avec les dirigeants qataris sur « les problèmes qui intéressent le Conseil de sécurité de l'ONU, dont les questions du Sahara-Occidental, du Darfour, de la crise nucléaire iranienne, du conflit palestino-israélienne et des relations entre la Syrie et le Liban ». C'est la première fois que la question du Sahara Occidental est explicitement évoquée, laissant ainsi penser qu'elle bénéficiera d'un autre traitement et pas de la simple formalité du renouvellement du mandat de la Minurso. A vrai dire, les Etats-Unis ont constamment affiché leur intérêt pour cette question, tout en soulignant l'urgence de son règlement. Ils ont, jusque-là, souscrit à toutes les résolutions reconnaissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et appuyé les efforts déployés en ce sens notamment par leur ancien secrétaire d'Etat, James Baker, durant son mandat de représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara-Occidental avec, à l'appui, une résolution du Congrès des Etats-Unis adoptée en 1998 appuyant le plan de paix des Nations unies basée comme on le sait sur sa propre doctrine, et à M. Baker. Un fait plutôt rare, car disait-on à l'époque, c'était une manière de mettre fin à certaines tractations visant à pousser vers la sortie l'ancien secrétaire d'Etat US, ou du moins, faire croire à la fin de sa mission. M. Baker, rappelle-t-on, avait en mars 1997, soit à sa désignation par Kofi Annan à ce poste, pour mission de « remettre sur les rails le processus de paix » et il y est parvenu en le relançant après une série de consultations ponctuées par les accords entre le Maroc et le Front Polisario de Houston en septembre 1997. M. Baker a démissionné de son poste en juin 2003 en signe de protestation contre les blocages marocains, et l'incapacité de l'ONU à faire appliquer son propre plan. C'est cette année-là qu'allait être signé l'accord américano-marocain de libre échange. Ce qui a été fait effectivement, mais Washington s'est opposé au document incluant les territoires sahraouis. Ce qui constitue un refus du fait accompli colonial marocain. Un geste d'une extrême importance et qui mérite d'être souligné. Ce qui rejoint en tout point l'avis du conseiller juridique de l'ONU rendu en janvier 2002 et déniant au Maroc le statut de puissance administrante. Ce n'est donc rien d'autre qu'une force d'occupation. Ce sont tous ces éléments qui s'opposent à l'agitation marocaine visant à substituer au plan de paix de l'ONU, une autonomie dans le cadre de ce qu'il déclare être sa souveraineté. C'est-à-dire faire entériner son occupation de son territoire. Mais beaucoup, y compris parmi ses alliés, semblent excédés par ses reniements, puisque la signature du Maroc figure sur tous les documents endossés par l'ONU, comme le plan de paix et les documents adoptés plus tard.