Les quatre films qui résument parfaitement la dense et courte carrière 20 films en 20 ans d'Audrey Hepburn, qui au cœur des années cinquante, à l'âge d'or d'Hollywood, sut imposer une beauté radicalement autre : loin de la sensualité animale de Marylin Monroe ou de Jane Russell, si différente de la beauté glacée et lointaine de Greta Garbo, différente encore de la beauté cérébrale de Katherine Hepburn (dont elle est parente lointaine), une beauté romantique et glamoureuse qui cultive une certaine idée du chic et de l'élégance. Née en 1929 d'une mère hollandaise et d'un père britannique, son enfance fut marquée par les conflits entre ses parents (qui se séparent alors qu'elle n'a que 6 ans), les déménagements successifs et enfin la guerre qu'elle vécut dans la privation. Elle garda de cette enfance européenne un goût affirmé pour le cosmopolitisme, les langues mais aussi une blessure secrète qui conféra aux rôles qu'elle interpréta une sorte de mélancolie et de tristesse ineffable. Le premier film projeté dans le cycle proposé par l'association Chrysalide, Vacances romaines fut aussi celui qui l'imposa et pour lequel elle reçut un Oscar. Réalisé par William Wyler en 1953, et tourné à Rome, il narre la liaison amoureuse d'une belle princesse et d'un journaliste désargenté (Gregory Peck). Amours contrariés et romance sans issue, leur aventure d'un week-end est prétexte à de jolies scènes dans le cadre enchanteur de la ville éternelle. Audrey Hepburn, frêle princesse, y développe son art, fait d'une séduction délicate et d'une fragilité touchante. Le second film programmé est une sorte de chef-d'œuvre. Diamants sur canapé, réalisé par Blake Edwards en 1961, adapté d'un court roman de Truman Capote, met en scène une jeune femme, naïve et fantasque, qui vit de ses charmes, qui rêve du prince charmant et qui fait la connaissance de son nouveau voisin, un écrivain raté entretenu par une riche femme plus âgé que lui. Il s'ensuit une série de péripéties dans New-York, une fête endiablée et d'une drôlerie irrésistible, qui font du film un pur joyau. Comédie légère et superficielle en apparence, «Diamants sur canapé» innove pourtant en faisant le portrait de deux désaxés, deux âmes dans l'Amérique encore puritaine du début des années soixante, en recherche de leur identité véritable. Audrey Hepburn irradie littéralement dans le rôle d'une call-girl perdue, et qui érige son élégance et sa fantaisie en art de vivre, un fume-cigarette à la main et son chat sur l'épaule! Troisième film projeté, Charade, tourné en 1963 sous la direction de Stanley Donen (le coréalisateur du mythique Chantons sous la pluie avec Gene Kelly) est un mélange de comédie loufoque et de film d'espionnage, elle y donne le change à un Cary Grant vieillissant. Enfin, le cycle se clôt ce vendredi par la projection de Voyage à deux, réalisé par Stanley Donen encore, et qui date de 1967. Audrey Hepburn y est Joanna, qui avec son mari, au bord du divorce, se remémore trois voyages qu'ils ont eu à faire en voiture tout au long de leurs 12 années de mariage. Road-movie romantique, Voyage à deux est une sombre et mélancolique réflexion sur le couple. Audrey Hepburn abandonnera le cinéma l'année suivante après un ultime film pour se consacrer à des œuvres caritatives. Elle décède en 1993 des suites d'un cancer du côlon. Elle demeure éternelle par son charme, son élégance (elle fut l'amie et la muse de Givenchy), irrésistible aussi : un sourire indéfinissable, une distinction discrète et un brin de fantaisie. La grâce en somme.