N'avez pas besoin de plus d'informations, vous avez besoin d'une nouvelle perspective. » Pourquoi le choix de ce slogan pour lancer les dix heures du programme en arabe de France 24 ? Il existe déjà une cinquantaine de chaînes d'information en continu dans le monde, des locales et des internationales. Ce qui est plus intéressant c'est d'avoir une vision différente. Le regard que nous portons sur le monde est différent de celui d'Al Jazeera ou de Fox News, par exemple. Nous jetons un regard français sur l'actualité internationale. Regard fait de diversité, diversité des opinions, des religions, des éducations, de la culture...Certaines chaînes voient le monde unifié depuis leurs portes. La culture est aussi importante que l'économie. D'où l'intérêt à l'art de vivre, à la mode, aux arts sur notre chaîne. La France est un pays où l'on discute tout, on va développer ce trait de caractère, autrement dit, les débats, les confrontations, les contradictions sur les grands faits d'actualité. France24 en arabe est différente d'Al Jazeera ou de BBC arabic. Le fait de passer à dix heures de diffusion en arabe permettra de développer des reportages, des magazines, des faits d'actualité qui vont passer de la chaîne arabe à celles en anglais et en français. Il n'y aura pas uniquement une information destinée au Moyen-Orient et au Maghreb. Les informations récoltées et analysées de cette partie du monde seront expliquées et exportées dans les autres régions. On ne va pas encore passer à 24 heures en raison de problèmes financiers. On va passer de 10 à 15 heures avant la fin 2009. Au cours du premier trimestre 2010, on va passer de 10 à 24 heures. L'audiovisuel extérieur français a été réorganisé. Quelle est la finalité de ce nouveau schéma ? C'est une opération de modernisation de l'audiovisuel extérieur français et de mise en conquête. En dehors de France 24, RFI et Monte-Carlo Doualiya sont en perte d'audience. Il faut créer des synergies de sorte que l'audiovisuel extérieur français puisse, à travers ses équipes et ses technologies, avoir une vision et une stratégie qui lui permettent d'être plus efficace en coûtant moins cher au contribuable. L'objectif est de regarder comment en étant ensemble, on peut être plus forts. Autant pour France 24, que pour TV5 monde, RFI et Monte-Carlo Doualiya. Le pôle arabophone est la première pierre de l'édifice. C'est la première fois qu'il y a une patronne de deux marques différentes avec Nahida Nakad. Le fait qu'elle soit responsable de France 24 arabe et de Monte-Carlo Doualiya et de l'internet, montre bien ce qui va préfigurer l'audiovisuel extérieur français dans le futur. Quels sont vos principaux concurrents dans le monde arabe ? Al Jazeera et Al Arabiya sont nos principaux concurrents, en plus d'un certain nombre de chaînes locales. Pour la Radio, Voice of america et BBC ainsi que des chaînes locales dans chacun des pays. La Radio est un phénomène de concurrence locale. Monte-Carlo Doualiya prendra des moyens modernes de diffusion en se mettant sur bande FM et sur internet. Cela veut dire également la mobilité avec l'utilisation de tous les moyens technologiques. Et qu'en est-il de l'audience de France24 autant sur internet que sur satellite ? Nous avons 5 millions de visiteurs uniques sur internet par mois dont 45 % consultent les sites en arabe et en anglais. Le site en arabe sera fortement amélioré. A terme, on suppose que l'arabe sera majoritaire. Nous avons fait une étude de marché et avons constaté que France24 en anglais est suivie au Portugal et en Irlande. Dans le monde arabe, l'Algérie est en tête des pays où France 24 enregistre la plus grande audience. Elle est suivie, en ordre décroissant, du Maroc, de la Tunisie, des Emirats arabes unis, le Liban, l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Le mélange français et arabe fait que 88 % des leaders d'opinion regardent France 24 en Algérie, 70 % la regardent une fois par semaine et 40 % la regardent chaque jour. Autant dire que France 24 est entrée dans le quotidien des ménages algériens. C'est une fierté pour nous. Quel est le nombre de téléspectateurs que vous ciblez dans le monde arabe ? Les leaders d'opinion représentent dans les pays évolués sur le plan économique à peu près 15 % de la population. Et 15 % des 300 millions d'arabophones dans le monde, considérant que des pays sont plus pauvres que d'autres, cela donne 30 millions de personnes. S'ajoutent à cela, les nouveaux leaders d'opinion, c'est à dire, tous ceux qui ont une communauté et qui travaillent sur internet. En gros, notre cible au Proche et Moyen-Orient ainsi qu'au Maghreb représente 50 millions de téléspectateurs. N'est-il pas pénible d'avoir de la publicité dans une conjoncture économique difficile ? Le contexte économique est difficile. Dans la majorité des pays européens, la publicité à la télévision a reculé entre 20 et 25 %. Notre chaîne est neuve. On table sur une progression de 5 % de nos recettes. On tient compte du ralentissement économique en 2009 et en 2010. Les produits dérivés, la publicité, les partenariats, le sponsoring et tous les accords qu'on signe avec les opérateurs de téléphonie mobile et d'internet peuvent conduire l'ensemble de l'audiovisuel extérieur français de passer de 2 % de ses recettes aujourd'hui à 17 % en 2013. Cela nous permettra de récupérer une cinquantaine de millions d'euros qui seront réinvestis dans les chaînes, de manière à avoir plus de réactivité et plus de directs. Les marchés à cibler sont ceux où l'on a le plus d'audience, le Maghreb et les pays du Golfe par exemple. Nous voulons que la chaîne arabophone puisse avoir au moins les mêmes recettes que la chaîne anglophone.