Comme chaque année, la Journée internationale de la liberté de la presse est une occasion pour faire l'état des lieux. Un état peu reluisant eu égard aux nombreuses atteintes recensées par Reporters sans frontières (RSF), Association mondiale des journaux (AMJ) et Comité de protection des journalistes (CPJ). Les trois ONG de défense de la presse, RSF, AMJ et CPJ ont toutes fait part de leur inquiétude et préoccupation par rapport aux violations multiples dont sont victimes les professionnels des médias à travers de nombreux pays. Dans sa déclaration rendue publique à la veille de la journée du 3 mai, l'AMJ a dédié cette journée aux journalistes « dans la ligne de mire », ceux qui « enquêtent sur des sujets sensibles, dévoilent des vérités dérangeantes et contestent des politiques douteuses. Les journalistes se retrouvent souvent dans la ligne de mire de ceux qu'ils dénoncent directement ou indirectement dans leurs articles. Face au harcèlement, aux menaces de violence et aux représailles physiques, partout dans le monde, des journalistes continuent néanmoins de dénicher des faits troublants, de remettre en cause le statu quo et de dénoncer ceux qui commettent des crimes. Jour après jour, ils enquêtent et transmettent des articles qui peuvent leur valoir des poursuites ou leur coûter la vie. Plus de 400 ont été assassinés durant les dix dernières années. » Pour sa part, le CPJ a tenu à marquer la journée du 3 mai, en rendant hommage aux bloggeurs sévèrement réprimés dans dix pays, classés par l'organisation dans le tableau du « déshonneur » et qui sont la Birmanie, la Syrie, Cuba, l'Iran, la Tunisie, l'Arabie Saoudite, le Turkménistan, la Chine, le Vietnam et l'Egypte. Le rapport a identifié également un certain nombre de pays du Moyen-Orient et de l'Asie où l'épanouissement de l'usage d'internet s'accompagne d'une répression croissante des gouvernements. « La Birmanie, dirigée par une junte militaire qui limite sérieusement l'accès à l'internet et emprisonne des citoyens pendant des années pour l'affichage de critiques, est le pire pays au monde pour les bloggeurs (…). Les bloggeurs sont à l'avant-garde de la révolution de l'information et leur nombre est en pleine croissance (…). Cependant, les gouvernements ont très vite appris à tourner la technologie contre les bloggeurs en appliquant la censure et le filtrage de l'internet, la limitation de l'accès à la Toile et l'extraction de données personnelles. En dernier recours, les autorités jettent tout simplement certains bloggeurs en prison afin d'intimider le reste de la communauté en ligne et les réduire au silence ou les pousser à l'autocensure. » L'organisation a noté par ailleurs que « sur la base de pratiques comme les détentions, les réglementations et les mesures d'intimidation, les autorités de l'Iran, de la Syrie, de l'Arabie Saoudite, de la Tunisie et de l'Egypte apparaissent comme les principaux oppresseurs des bloggeurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La Chine et le Vietnam, où l'essor des blogs est confronté à de vastes mesures de surveillance et de contrôle, sont parmi les nations qui oppriment le plus les bloggeurs. Cuba et le Turkménistan, des pays où l'accès à l'internet est très limité, complètent le tableau de déshonneur ». Reporters sans frontières a également fait de la journée du 3 mai 2009 celle de la solidarité avec la journaliste irano-américaine Roxana Saberi, qui entamait son 10e jour de grève de la faim et dont l'état de santé a été jugé grave. « La grève de la faim qu'elle mène depuis le 21 avril en Iran, pour clamer son innocence et obtenir sa libération, est un acte courageux. Il est important qu'elle puisse cesser cette grève de la faim en ayant l'assurance qu'à travers le monde d'autres poursuivent la mobilisation pour sa libération. » RSF a exprimé son souhait de voir que les droits de Roxana Saberi et de huit autres journalistes bloggeurs « soient respectés, que les droits de la défense soient respectés et que les pressions sur la journaliste et sa famille cessent au plus vite ».