La détérioration du cadre de vie des citoyens vivant dans les quartiers déshérités, conjuguée à d'autres facteurs liés à une situation sociale des plus déplorables, ont entraîné incontestablement des phénomènes de déperdition scolaire relativement alarmants. En fait, les jeunes adolescents victimes de l'échec scolaire viennent grossir, chaque année, en masse le rang des laissés-pour-compte dans des milieux confinés dans un pseudo-ghettoïsation, s'illustrant, notamment, par un manque cruel en matière d'actions de proximité pour la prise en charge de leurs besoins immédiats en matière de formation post-scolaire. Dans les quartiers semi-ruraux ou dans les anciennes fermes coloniales où la population est non moins négligeable, le constat s'apparente à une situation de désarroi dans laquelle est livrée, quotidiennement, cette jeunesse en absence d'une nette sensibilisation sur la nécessité d'intégrer le système de formation professionnelle dispensée localement. Lors de notre virée au niveau de certains de ces quartiers, nous avons pu nous imprégner de la situation de frustration de cette frange importante de la société qui peine à trouver le chemin de la vie active, en raison d'une oisiveté qui porte en elle les séquelles de l'auto-immobilisme, d'une part, et d'une méconnaissance pénalisante du mode d'intégration du programme de formation professionnelle, d'autre part. « Nous nous sommes rapprochés à plusieurs reprises de la direction du CFPA garçons pour une inscription pour l'année en cours, mais en raison de l'absence d'une orientation claire, nous avons fini par déchanter », nous a avoué amèrement un groupe d'adolescents que nous avons rencontré au niveau de la ferme Ahmed Medeghri. Assurément, ce manque de perception sur les débouchés et les conditions d'inscription, afin d'accéder à la panoplie des formations offertes localement est très palpable. « J'ai le niveau de deuxième année du cycle moyen et je n'ai aucune idée sur mes chances de pouvoir m'inscrire dans un CFPA, ni sur les débouchés qui me sont offertes », nous a lancé un autre jeune. Selon le directeur du centre de formation garçons, Khalfi Saïd : « Nous organisons chaque année des campagnes de sensibilisation sur les débouchés que nous dispensons au niveau de notre centre. Aussi, des actions de proximité sont menées auprès des établissements scolaires, dans des locaux qui nous ont été affectés par l'APC et aussi par le biais d'affichages. En outre, nous organisons des journées portes ouvertes sur la formation professionnelle », a-t-il affirmé. Néanmoins, ces actions de proximité ne semblent pas avoir eu un impact mobilisateur dans les milieux relativement éloignés du centre urbain, et plus particulièrement en direction des jeunes dont la tranche d'âge est plus vulnérable. Cette dernière est notamment victime de cette situation, en raison de son niveau d'instruction relativement faible et de son environnement familial qui porte les séquelles de l'analphabétisme. Par ailleurs, notre interlocuteur a déploré le manque d'infrastructures d'accueil face à une demande en formation en forte croissance. « En plus de la demande locale, nous accueillons actuellement des jeunes qui viennent de toutes les communes limitrophes. La capacité initiale de notre centre est de 300 stagiaires, alors que nous avons inscrit, cette année, plus de 900 jeunes dont plus de 500 sont des apprentis parrainés par des entités économiques avec lesquelles nous avons co-signé des conventions. Cependant, nous lançons un appel aux autorités locales afin que soit mis à notre disposition des locaux, pour que nous puissions aménager nos annexes à partir de l'année prochaine », a-t-il enchaîné. D'autre part, les stages dispensés par les écoles privées ou les associations caritatives arrivent tant bien que mal à drainer des catégories de jeunes des deux sexes, mais tout compte fait cela demeure bien entendu en deçà des besoins réels en la matière. Cette réalité est, par ailleurs, d'autant plus accentuée en raison de l'absence de toute forme d'activité culturelle et de loisirs de proximité en direction des jeunes de ces cités leur permettant, notamment dans le cadre des échanges extra muros, de rétablir le contact avec la réalité de la vie active de leur commune. En conséquence, il est plus qu'urgent de mettre en œuvre un plan de communication de proximité pour une action de sensibilisation à même d'orienter et de motiver cette jeunesse. Cette initiative peut être menée par des cellules constituées à cet effet de psychologues et de pédagogues, entre autres. Cela bien entendu dans le sens de faire renaître l'espoir et de soustraire ces jeunes à tous les maux sociaux.