Pauvreté Les chiffres officiels donnent une diminution de plus d?un demi-million sur la liste des élèves scolarisés en Algérie pour 2003-2004. Les experts de l?Office national des statistiques (ONS) n?en reviennent pas ! Voilà une déperdition massive que ni la baisse des natalités ? une heureuse évolution, après le boom démographique? ni les décrochages scolaires classiques (exclusions, orientations) n?arrivent à expliquer. Absence de l?Etat C?est vers les poches des parents d?élèves que se tournent les regards. En effet, la cherté de la vie et la faiblesse du pouvoir d?achat aggravée par le chômage sont des facteurs «sonnants et trébuchants» à l?origine de cet exode d?un genre nouveau. Où iront tous ces enfants et adolescents ? Grossir les rangs des travailleurs au noir, évidemment. Sans parler des espaces malfamés qui ne manqueront pas d?attirer un grand nombre d?entre eux : drogue, vol, prostitution, trafic en tout genre? Et dire que le scandale de ces chiffres de la déperdition scolaire a fait l?objet d?une étude statistique au niveau du ministère de l?Education nationale (MEN), dès 1999. Ce document tirait la sonnette d?alarme sur un fait marquant : ce sont les filles qui sont les plus pénalisées. Contraint de choisir, le père décide de «faire des économies» sur la scolarité de sa fille. Victime expiatoire au destin (noir) doublement scellé. Par les traditions qui minorisent son statut et par la pauvreté rampante qui frappe les foyers algériens. Il y a lieu de sérieusement s?inquiéter de cette situation qui remet en cause non seulement le principe de la gratuité de la scolarité, mais «tord le cou» à l?un des droits inaliénables reconnus aux hommes : le droit à l?éducation. Des mécanismes de compensation existent ? ils ont fait leurs preuves sous d?autres cieux. Pourquoi ne pas mettre sur pied un véritable plan «Marshall scolaire» en faveur des élèves pénalisés par la crise économique ? Parallèlement, et dans le cadre des milliards alloués annuellement aux wilayas, l?Etat se doit d?inscrire la solidarité scolaire en tête des priorités. Une solidarité qui passe par le transport, les cantines scolaires sans oublier les internats, l?octroi des bourses aux familles défavorisées et les coopératives scolaires. Autant de service aux avantages reconnus qui ont disparu avec l?avènement du libéralisme économique. Depuis la mi-1980, l?Etat algérien s?est désengagé en diminuant son soutien à l?action sociale en milieu scolaire. A la clé, les enfants issus de familles pauvres décrochent à un moment où à un autre de leur cursus. La pauvreté pénalise l?élève jusque dans sa quête du savoir. Il ne jouit pas des mêmes conditions matérielles que ses camarades plus aisés (socialement). L?action sociale Ce ne sont pas les opérations ponctuelles (prime de 2 000 DA, ou location de livres scolaires) qui mettront un frein à la déperdition. Ce sont-là des cautères sur une jambe de bois. A moins de réfléchir à un dispositif de terrain (de proximité) en vue d?institutionnaliser l?action sociale en milieu scolaire. Cette dernière souffre d?une gestion centralisée à outrance, bureaucratisée et éloignée des dures réalités vécues au quotidien par le fils du pauvre. Les communes censées gérer le patrimoine scolaire des écoles primaires ont besoin d?être impliquées en première ligne. Leur faire jouer un rôle prépondérant dans l?action sociale au bénéfice des élèves nécessiteux. On peut installer au niveau de la commune, une commission spécialement conçue et où siégeraient, à côté des permanents ? fonctionnaires de l?APC et de l?Education ? des parents bénévoles. L?Etat, en officialisant de tels espaces solidarité, sera tenu de leur octroyer le budget nécessaire à leur fonctionnement. Ainsi seront cernés au plus près ? par des études statistiques ? les besoins tant individuels que collectifs. Etalés sur toute l?année ? pas seulement la rentrée scolaire ? le travail et l?action d?une telle commission communale seront d?un apport appréciable à la gestion para-scolaire des écoles, collèges et lycées d?Algérie. Outre le transport, la restauration, les bourses et les fournitures scolaires, la commission communale d?action sociale pourra s?ouvrir sur les services de santé de la commune. Elle initiera ainsi des opérations permanentes d?hygiène et de santé (dépistage, soins, sensibilisation, etc). Côté finances, il serait judicieux d?augmenter les capacités de mobilisation en s?ouvrant sur les entreprises économiques installées dans la commune. N?est-il pas révoltant de constater qu?un enfant habitant un quartier huppé d?Hydra reçoit de l?Etat le même soutien que le fils du pauvre nomade de Tinzaouatine, dans l?extrême Sud ?