De notre correspondant à Tlemcen Chawki Feth Allah Le récent démantèlement dans la région de Tlemcen d'un réseau de mineurs, spécialisés dans les violations de domicile, le vol de bijoux et autres délits, pose le problème de la délinquance qui touche de plus en plus d'endroits, même si elle se situe plus particulièrement dans les grandes agglomérations et la ville de Tlemcen, au point où on enregistre en moyenne une affaire sur sept liée à des mineurs. Les services de sécurité mettent l'accent sur l'ampleur de ce phénomène qui cible les adolescents exposés, puisque ces derniers tentent de découvrir leur monde de liberté d'adultes, ignorant le piège qui se referme sur eux et ce, face à la démission des parents et de l'école. Parler de la délinquance a Tlemcen, c'est parler d'un phénomène engendré par la déperdition scolaire, le chômage et le manque de sensibilisation et de formation des jeunes qui ne trouvent comme issue que la rue.Même si les bilans de l'année en cours n'ont pas été arrêtés, des agents de sécurité nous révèlent que la police, à travers la wilaya de Tlemcen qui compte 20 daïras et 53 communes, a traité des centaines d'affaires. «Vols, drogue, crimes et délits contre les personnes… chaque année, le bilan des services de sécurité démontre l'ampleur de ces phénomènes qui secouent la société», nous dit-on. «Les jeunes délinquants sont de plus en plus violents et précoces, déplorent en chœur policiers, éducateurs et responsables, une tendance qui sera confirmée par les chiffres lors de la prochaine conférence de presse à la Sûreté de wilaya.» Dans ce sillage, un psychologue analyse cet état de fait comme un problème considérable. De nombreux adolescents commettent des infractions. Beaucoup de jeunes délinquants sont même des récidivistes. C'est un problème grave parce que les délinquants causent un tort inestimable à leurs victimes, et ils seront les adultes criminels de demain. La plupart deviennent parents et leur comportement aura une influence sur leurs enfants. La délinquance, précise-t-il, est aussi un problème complexe parce qu'elle se manifeste de différentes façons et parce qu'elle est le résultat de l'interaction de multiples facteurs personnels et sociaux. Notre interlocuteur affirme que «la délinquance est enracinée dans la nature même de l'organisation sociale. Elle se serait stabilisée parce que l'encadrement s'est resserré autour des adolescents, à la fois dans la famille, à l'école et dans le champ des loisirs. De plus, les adolescents vivent dans un groupe familial de plus en plus restreint, ce qui favorise l'intimité et la surveillance. Par contre, aujourd'hui, les conditions économiques des familles se sont détériorées. Ce changement a entraîné l'augmentation de la délinquance. Les adolescents sont aujourd'hui plus réalistes mais aussi plus émotifs et plus anxieux. Comment savoir de quoi demain sera fait ? Cependant, une politique de lutte plus efficace pourrait réduire le fléau. Faut-il gronder pour éduquer ou sanctionner, voire emprisonner ? C'est une question posée par bon nombre d'observateurs, précisant que les autorités, qu'elles soient politiques, judiciaires, scolaires ou parentales, sont régulièrement confrontées à ce problème. Il faut pourtant inverser la tendance : selon les services de police, le nombre de jeunes mis en cause dans des infractions a augmenté, et des mineurs se trouvent en prison. A Tlemcen, si les données indiquent la «neutralisation» du chômage, on s'interroge sur le nombre de vols, d'agressions, de contrebande… Chaque jour, des affaires sont traitées et des personnes sont écrouées, et, dans chaque cité, on enregistre un incident (vol, coups et blessures volontaires, agression…).