« Vivre dans des appartements obligera beaucoup de fellahs à changer d'activité et contribuera à la dégradation du cadre de vie de plusieurs familles ». Les familles menacées d'expulsion du Douar El Guerarba, après une accalmie qui aurait duré quelques mois, sont revenues à la charge pour rejeter cette décision. Les représentants des familles ont tenu, hier, à exprimer leur désarroi et leur crainte face à cette expulsion programmée. Une peur accentuée par l'arrêté d'expulsion signé par les autorités locales. « Toute cette partie du village sera rasée pour permettre aux initiateurs du projet visant la réalisation d'une usine d'ammoniac d'entamer les travaux dans les plus brefs délais », expliquent-ils. Attachés à la terre, nos interlocuteurs ont souligné qu'ils se sont déjà adressés aux services de la direction de l'Agriculture d'Oran pour voir s'il était possible d'obtenir un autre terrain cultivable comme indemnité. Malheureusement, ils n'ont pas été reçus. « Le terrain qui nous a été réservé au chef-lieu de la commune est loin de répondre à nos besoins. » Les fellahs se disent lésés au sujet des modalités d'indemnisation Une polémique a ressurgi quant aux modalités d'indemnisation de l'ensemble des fellahs qui se disent lésés de leurs droits, car les bâtisses qu'ils occupent actuellement sont héritées de père en fils, d'autant plus qu'ils se sont habitués à un mode de vie qui ne correspond guère aux offres faites par les autorités locales. « La nature des activités que nous exerçons dans nos fermes comme l'élevage, la culture de la terres ne se fait que dans les champs que nous occupons. Ainsi, vivre dans des appartements obligera beaucoup de fellahs à changer d'activité et contribuera à la dégradation du cadre de vie de plusieurs familles », signale un expert dans le domaine du foncier. « Certes, plusieurs d'entre nous ne sont pas détenteurs d'actes de propriété, cependant, ce n'est pas une excuse pour nous exproprier car le problème des actes se pose dans plusieurs communes avoisinantes », signale un habitant. Du côté des autorités locales, l'argument est que la plupart des familles ne possèdent aucun document justifiant l'occupation légale des terrains qu'elles exploitent. Ainsi, il ne s'agit même pas d'une expropriation à défaut des actes de propriété. A quelques mètres du terrain regroupant les familles concernées par le relogement, une piste a été dégagée pour permettre aux différents engins d'accéder au terrain en attendant le relogement.