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L'asphyxie au quotidien
Ahmeur El Aïn envahie par les ordures
Publié dans El Watan le 28 - 02 - 2006

Ahmeur El Aïn fut une petite mais jolie localité où il faisait bon vivre. Les vieilles cartes postales de cette commune rendent malheureux les nostalgiques. Ahmeur El Aïn se trouve à l'extrémité sud-est de la wilaya de Tipaza, commune érigée dans la plaine de la Mitidja, très proche d'El Affroun, dans la wilaya de Blida, composée d'une population de 32 000 habitants, dont 13 000 résidant au chef-lieu de la commune.
Par ailleurs, 19 000 citoyens occupent les zones éparses. Trente-huit douars et haouchs ont été créés autour du noyau d'habitations coloniales de Ahmeur El Aïn. Deux importantes agglomérations secondaires, Cinq Martyrs et Ben Omar, abritant respectivement plus de 3000 et 2000 habitants, ne cessent de se développer dans le territoire de cette commune d'une superficie globale de 61 km2. L'urbanisation anarchique a causé des dégâts énormes. Le taux d'occupation par logement (TOL) dépasse légèrement les 8 personnes. En sillonnant toutes ces favelas dans le maquis de Ahmeur El Aïn, on se rend compte que cette commune vit sur des « cratères ». Le malaise social est perceptible. Il suffirait d'une étincelle et voilà qu'une cascade d'explosions risque de causer beaucoup de dégâts dans ce territoire. Durant les années 1990, les hordes criminelles avaient assassiné des femmes, des enfants et des hommes innocents qui vivaient dans des conditions inhumaines et de privations. Les terroristes avaient perpétré plusieurs actes de sabotage occasionnant en plus des massacres collectifs, des dégradations matérielles. Le relief de cette partie de l'extrémité est de la wilaya de Tipaza offrait à ces criminels plusieurs issues pour prendre la fuite après leurs forfaits. Parmi les dizaines de douars qui ont vu le jour, nous nous rendons au douar El Kassedir qui se situe en plein centre-ville. Ce qui saute aux yeux, c'est le phénomène de la création des douars en plein centre-ville de Ahmeur El Aïn. Nous avons rencontré deux femmes qui recensaient les taudis afin d'enregistrer et vérifier les abris qui sont, tenez-vous bien, assurés contre les catastrophes. Elles ne sont pas à leur premier recensement au milieu de ces no man's land qui mettent à nu la misère sociale. Certains murs menacent de s'écrouler. Selon les personnes rencontrées sur le lieu, toutes les familles vivent dans la promiscuité. Les résidents de ce lieu utilisent les tôles ondulées en zinc pour couvrir ou clôturer leurs demeures. L'unique abattoir de la ville se trouve dans le quartier El Kassedir. En raison des mauvaises conditions d'hygiène constatées sur le lieu d'abattage des cheptels d'ovins et de bovins, les autorités avaient pris la décision de le fermer. Lassés par leurs déplacements vers d'autres abattoirs, les bouchers de la commune de Ahmeur El Aïn revendiquent toujours l'ouverture d'une tuerie dans leur localité. Il se trouve qu'aujourd'hui cet abattoir suscite beaucoup de commentaires chez les citoyens de ce quartier. L'abattoir en question est occupé par un SDF un couple et une famille de quatre personnes. L'occupation de ce lieu exigu a été autorisée par les autorités locales, selon nos interlocuteurs. En réponse à notre question, le P/APC tient à nous préciser que ces personnes occupent illégalement cette bâtisse qui date des années 1940. « J'avais saisi par écrit la brigade de la Gendarmerie nationale pour évacuer les indus occupants de cet abattoir fermé par le bureau d'hygiène communal », déclare-t-il. L'exécution tarde. En face de cet abattoir, le mausolée de Sidi Ahmar El Aïn. Des femmes rentrent et sortent de ce lieu, une « ziara » libère ces femmes du mauvais sort. Chaque vendredi, une famille offre du couscous que les citoyens consomment à l'intérieur du mausolée. Le P/APC qui justifie cette crise de logements tient à rappeler que la circonscription de Ahmeur El Aïn n'a pu disposer en 30 années que d'un programme de 420 logements qui ne sont pas tous achevés, alors qu'un effort a été réalisé depuis les 3 dernières années puisqu'un quota de 720 logements vient d'être alloué à l'APC.
Une « ziara » libère du mauvais sort
Les occupants de la cité 90 logements Bendebab habitent dans des appartements depuis deux années. « Les logements sont dépourvus d'électricité et d'eau, sans évoquer les problèmes de la route », nous précise un des occupants. Notre interlocuteur nous interpelle sur le cas de ces femmes enceintes qui souffrent pour s'approvisionner en eau à l'aide de jerrycans et sont, par la suite, victimes des complications durant leurs grossesses. Dans l'incapacité de supporter tant d'efforts, certaines femmes perdent leur bébé avant l'accouchement. Le P/APC de la commune affirme qu'il avait saisi l'OPGI et Sonelgaz pour prendre en charge ce quartier. « Que voulez-vous que je fasse si l'OPGI et Sonelgaz sont défaillants ? », nous répond-il. Avant de prendre congé du groupe de citoyens, une personne nous rappelle que ce douar Kassedir, au même titre que les autres douars précaires, a fait l'objet de plusieurs attaques des hordes criminelles. La politique de la préservation de l'environnement dans la wilaya de Tipaza, si on se réfère aux discours officiels des structures chargées de la gestion de ce secteur, connaît un regain d'activité sans aucune précision sur le sens de la direction de ce souffle. Le P/APC a été d'ailleurs très critique à l'égard du secteur de l'environnement. « Tout ce que je peux vous assurer pour cette zone est de notre commune, c'est la sérieuse prise en charge des réseaux de l'AEP et de l'assainissement et les routes que vous venez d'évoquer. Revenez dans un mois pour constater l'amélioration dans cette partie extrême est de notre commune », s'engage-t-il. Nous décidons de changer notre itinéraire pour nous diriger vers l'ouest de la commune de Ahmeur El Aïn, plus exactement au douar Hania Ahmed. Des constructions sont en cours de travaux. Une décharge a été créée à proximité d'un puits de forage d'alimentation en eau potable. Des citoyens ont érigé leurs cabanes précaires à côté de cette décharge sauvage dans laquelle des poules, des rats et des animaux errants (chiens et chats) se côtoient sur les monticules d'ordures. A proximité, un lit de rivière couvert d'ordures. Sur les murs, des jeunes habitants de ce douar manifestent leur choix sur les couleurs des clubs de football réputés. Plus loin, dans un autre douar situé en aval de la carrière de graviers, le quotidien de ce lieu habité par un peu plus de 110 familles est un véritable calvaire. L'enfer est permanent en hiver et en été de surcroît pour celles et ceux qui sont dans le besoin urgent. Les terroristes ne se gênaient pas pour tuer les citoyens dans cette partie sud-ouest de la commune de Ahmeur El Aïn. Le transport est totalement inexistant pour les populations du douar Mariano. Les enfants de ce douar, dès leur jeune âge, doivent parcourir des kilomètres pour rejoindre les bancs des classes. Cette année, l'effectif qui fréquente le cycle primaire s'élève à 155 élèves. Ils ne bénéficient même pas d'un repas dans la cantine. Au douar Mariano, on y trouve trois décharges d'ordures illicites. Quelques gosses jouent au ballon devant un magasin et un café de fortune, construits avec des roseaux et enveloppés sous une toile en plastique. Point de loisirs, hormis la télévision. Les femmes doivent effectuer un trajet de 2 km pour se rendre au centre de santé de Ahmeur El Aïn. Le vaccin pour les nourrissons est impératif. Les parents des bébés doivent consentir des sacrifices. Les grands camions qui traversent le douar Mariano pour se diriger vers la carrière effrayent les habitants. Les risques des accidents sont réels. En plus de cette incroyable pollution qui traumatise les regards en raison de la prolifération des énormes amas de gravats et d'ordures au niveau de chaque douar et de chaque quartier de la commune de Ahmeur El Aïn, le nombre impressionnant des chiens et chats errants ne laisse pas indifférent. Ces citoyens d'une commune, située tout près de la ville des Roses et de la capitale, continuent à subir les difficultés liées à la défaillance des secteurs d'activités stratégiques et les errements dans la prise en charge de leurs préoccupations. En été, les décharges d'ordures et les flaques d'eau stagnante dégagent des fortes odeurs qui irritent les populations. Les moustiques et les mouches envahissent les lieux. Le P/APC rassure devant le cortège de problèmes que rencontrent les citoyens de ce douar. « Nous avons recensé toutes ces préoccupations et attendons l'inscription des projets, car il faut de l'argent pour engager les études de l'ensemble de ces chantiers. Notre APC est déficitaire. Nous n'avons pas de ressources. Même pour nettoyer tous les douars que vous venez de citer, il faut réquisitionner les moyens de transport de ces fellahs qui jettent leurs ordures devant leurs maisons, mais hélas ils refusent de participer aux opérations de ramassage d'ordures. Evidemment, tous ces chiens errants et ces rongeurs s'alimentent de ces décharges illicites et risquent de transmettre des maladies », explique-t-il. Des animateurs d'une association locale s'interrogent sur le mépris affiché par les élus à leur encontre en dépit de leur bonne volonté pour mener des actions en faveur de la préservation de l'environnement et l'activité sociale au profit des jeunes écoliers qui habitent loin de leurs établissements scolaires. Le bon état du tronçon de la RN 42 qui traverse la ville de Ahmeur El Aïn n'est que l'arbre qui cache la misère des populations. « C'est le cas de toutes les villes d'Algérie », nous fait remarquer le 1er magistrat de l'APC de Ahmeur El Aïn. Un important projet qui entre dans le cadre du programme de développement rural d'un montant de 70 millions de dinars sera mis en œuvre très prochainement. Cela consiste à faire retourner 47 familles en zone rurale, les faire bénéficier de logements, d'équipements publics et d'aides multiples dans le cadre du développement rural. Ces familles avaient abandonné leurs terres à la suite du climat d'insécurité et de terreur qui régnait durant les années 1990. Les réseaux des eaux usées débordent dès que l'intensité de la chute de pluie s'amplifie. C'est le cas véridique malheureusement de la cité des 200 Logements de l'OPGI. Les vagues de boue envahissent les espaces au milieu des cités et créent le désarroi des citoyens de cette ville qui pourtant recèle des potentialités énormes avec ses terres agricoles et ses carrières. Les élus de l'APC espèrent l'augmentation des ressources avec la gestion directe des carrières d'agrégats, le transfert de certaines sociétés à Ahmeur El Aïn. Pour payer l'électricité, les abonnés de la commune doivent effectuer le déplacement jusqu'à Hadjout. Pis, les citoyens de Ahmeur El Aïn ne peuvent pas se rendre directement à Tipaza en raison de l'absence d'une ligne de transport directe vers le chef-lieu de la wilaya. A la mi-journée, les écoliers affamés investissent « les restaurants » de la ville pour chercher de quoi manger selon leurs moyens financiers tandis que les autres se contentent d'une baguette de pain pour calmer la faim. En dépit de ce chapelet de problèmes qui se dressent devant les administrés de l'APC de Ahmeur El Aïn, le P/APC promet un bel avenir pour sa commune tout en insistant qu'il a toujours agi dans la transparence et qu'il ne se dérobera jamais devant les difficultés. Il n'en demeure pas moins que l'environnement dans cette commune de la wilaya de Tipaza, encore une autre, mérite une réelle prise en charge par le secteur concerné. L'hygiène ne peut se faire valoir que par des actions concrètes et non pas à travers des actions « folkloriques » tout juste pour le plaisir de la tutelle. Une meilleure prise en charge de l'environnement est déjà créatrice d'emplois et de joie. Les habitants de Ahmeur El Aïn s'impatientent pour éradiquer plus de 40 décharges d'ordures illicites. Le premier magistrat de l'APC de Ahmeur El Aïn affirme qu'il faut des moyens humains et matériels pour la propreté du territoire de l'APC. Pour l'exercice 2005, les charges du personnel de l'APC de Ahmeur El Aïn étaient de 2,140 milliards de centimes, les charges de l'éclairage avaient atteint 900 millions de centimes, les recettes budgétaires « théoriques » sont estimées à 3,230 milliards de centimes, un budget déficitaire qui ne permet pas aux responsables locaux d'agir aussi facilement. Il est question d'imagination pour trouver les solutions appropriées pour faire face à l'urgence.


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