Les seize familles habitant un immeuble appartenant à un « colon » en 1962 sis à la route N°1 (sur la côte) de Birkhadem, menacées d'expulsion depuis mercredi dernier, ont été délogées hier de force. L'huissier en charge d'exécution de l'affaire est revenu à la charge hier pendant la matinée pour la troisième fois et cette fois, en se faisant aider par des éléments des forces de l'ordre. Ces derniers, dans leur tentative d'investir l'enceinte de l'immeuble habité, n'ont pas hésité à user de leur matraque et en donnant des coups de poing à certains membres des familles protestataires ayant vainement essayé de résister. Les résistants leur ayant tenu tête ont été traînés par terre et roués de coups. Bilan : des blessés et cinq interpellations, selon des témoins. Il faut dire que l'interpellation vers 8h des deux chefs de familles, Selmoune et Habel, annonce déjà la couleur de ce que sera la suite. Un diabétique qui voulait faire obstacle au dispositif sécuritaire a été traîné par terre et a failli laisser sa vie s'il n'avait pas été transporté en urgence à l'hôpital. Dès ce moment, la situation est devenue insoutenable : femmes, enfants et vieux couraient à l'extérieur de leur immeuble dans une colère indescriptible et fondant en larmes. La tristesse se lisait sur tous les visages. Une mère qui vient d'assister à l'arrestation de ses trois enfants (la famille Habel) ne pouvait contenir sa rage. En larmes, affaissée par terre, celle-ci ne cessait de crier à tue-tête : « Ouyahia nous a fait sortir. » Cette mère de 74 ans assiste, abattue, à l'opération d'évacuation de l'immeuble qu'elle occupe depuis près d'un demi-siècle. Mobilier, linge et effets personnels sont ainsi acheminés vers l'extérieur. « blessé » On venait d'ordonner aux familles de sortir leurs affaires de la propriété. « On nous a obligés de quitter les lieux sous la menace de garder les personnes interpellées juste quelque temps auparavant », s'indigne l'un des habitants qui s'affairait à vider son appartement. Avant de s'interroger : « Kadhafi aurait-il fait sortir ses enfants dehors pour faire entrer des Algériens » ? Allusion faite à une entreprise libyenne qui aurait conclu un marché avec Cosider pour la construction d'un hôtel et d'un centre commercial à cet endroit d'une superficie de plus de 22 000 m2. Sollicité, le président de l'APC de Birkhadem, Saâdoune Abderzek, dit suivre avec un « cœur blessé » cette opération d'expulsion. Cela, après avoir tenu à nous préciser que le recensement que ses services ont effectué après leur sollicitation par la daïra a donné lieu à quatorze familles, mais pas seize. Que proposez-vous pour reloger ces familles ? « Nous n'avons pas où les mettre, même pas de chalets où les caser d'autant plus que ce sont nos citoyens nés dans notre circonscription », regrette M. Saâdoune. Il ajoute : « Les quotas de logements sociaux sont initiés par la wilaya et celle-ci ne nous a pas encore dégagé un quota ». Pour lui, c'est à Cosider de trouver à ces familles une solution. Justement cette entreprise s'engage à leur installer des chalets dans le cas où l'APC lui désignerait un terrain. En effet, selon M. Bourahla, directeur de la planification au niveau de Cosider, « notre entreprise s'engage à reloger ces familles dans des chalets pourvu que l'APC nous trouve un terrain ». Ce à quoi M. Saâdoune répond par sa disposition à étudier cette solution. « Nous sommes disposés à discuter avec eux pour trouver une solution », a indiqué notre interlocuteur. Sur les lieux, les récalcitrants ne décolèrent pas. Ils menacent de mettre feu à l'immeuble durant la nuit (la nuit d'hier ndlr). Aux dernières nouvelles, selon une « victime » de cette expulsion, contactée par téléphone, Cosider aurait dépêché sur les lieux une équipe pour procéder à la démolition des escaliers et des murs des appartements.