Le premier gros cargo, transportant d'importantes quantités d'armes, de munitions, d'équipements et du matériel militaires, est arrivé hier matin à l'aéroport de Bamako, au Mali. Il sera suivi de quatre autres cargaisons constituant l'aide militaire algérienne à l'armée malienne, prévue dans le cadre de la lutte contre la criminalité organisée en général et le terrorisme en particulier. Des patrouilles militaires mixtes entre les deux pays devront également être mises en place prochainement. Coopération Algéro-Malienne Attendu avec impatience depuis assez longtemps, le premier chargement d'une aide militaire algérienne destinée à l'armée malienne est arrivé hier à l'aéroport de Bamako, a-t-on appris de source diplomatique. Il s'agit d'un important lot d'équipements militaires, d'armement, notamment des armes d'assaut, de munitions et de matériels de télécommunication et du carburant. Ce premier chargement sera suivi dans les semaines à venir de quatre autres, transportés par de gros avions des forces aériennes algériennes. Selon nos sources, l'aide intervient dans le cadre de la coopération entre les armées des deux pays, surtout dans le domaine de la lutte contre la criminalité organisée en général et la lutte antiterroriste en particulier. La liste des besoins militaires maliens a été d'ailleurs remise aux autorités algériennes, il y a à peine trois semaines, lors de la visite de plusieurs hauts gradés de l'armée algérienne à Bamako. Il restait juste à réunir ces besoins et à les acheminer en cinq voyages aériens répartis sur plusieurs semaines. Nos interlocuteurs ont précisé par ailleurs que l'accord pour l'envoi de cette aide a été donné par le Président, en personne, au ministre de la Défense malien, Natié Plea, lors de sa visite à Alger, en juin 2008. Lors de ce déplacement, Natié Plea qui était accompagné d'une forte délégation, dont de hauts responsables des services de renseignements, s'est entretenu avec ses homologues algériens sur les moyens de renforcement de la coopération militaire algéro-malienne, notamment en matière de sécurité aux frontières des deux pays, fortement secouées par les activités terroristes d'une part, et la criminalité organisée, d'autre part. La multiplication des enlèvements terroristes dans la région et le développement des trafics d'armes, de drogue et d'êtres humains ont accéléré la nécessaire coopération. Mais, comme la volonté politique ne pouvait à elle seule suffire, l'armée algérienne a accepté d'apporter une aide matérielle aux forces maliennes, mais également un soutien en matière de formation pour les troupes chargées de cette lutte. Il était même question de mettre en place des patrouilles militaires mixtes algéro-maliennes pour traquer les terroristes et les trafiquants des deux côtés de la bande frontalière. Avec satisfaction, l'armée malienne a reçu hier le premier convoi aérien dépêché par les autorités algériennes. Selon nos sources, « il y a de tout. Des sacs de couchage, les jumelles à infrarouge, une importante quantité d'armements lourds et légers, ainsi que des munitions, du carburant, des véhicules tout-terrains, des moyens de télécommunication, etc. Enfin, tout ce dont ont besoin les patrouilles chargées d'assurer la sécurité et qui seront implantées surtout dans la région du nord du Mali, où les terroristes sont très actifs ». Menaces sur la région Sahélo-saharienne Cette aide arrive au moment, faut-il le préciser, où quatre éléments du GSPC, qui avaient tendu une embuscade à une patrouille militaire au Nord, ont été arrêtés, parmi eux un Algérien, un Malien et un Mauritanien. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, il y a une semaine, le président Amadou Toumani Touré (ATT) avait insisté sur le fait que son pays n'a pas les moyens de faire face seul aux nombreuses menaces qui pèsent sur la région sahélo-saharienne. « Le Mali fait toujours face aux menaces. Nous les combattons quotidiennement. Les quantités d'armes, de munitions et la drogue que nous interceptons régulièrement sont la preuve de nos engagements sur le terrain. Les bandes frontalières du Mali sont immenses au nord : 1200 km de frontière avec l'Algérie, 2000 km avec la Mauritanie et 900 km avec le Niger. Est-ce facile de maîtriser tous ces espaces avec le peu de moyens que nous avons ? Raison pour laquelle je dis que la solution ne peut être que collective », avait-il souligné. Selon lui, si la région fait face à autant de menaces, c'est parce que « à chaque fois qu'il y a une attaque nous sommes tous là à nous regarder et à nous renvoyer mutuellement la responsabilité sans prendre la peine d'agir. La question n'est pas de savoir pourquoi les terroristes sont au Mali, mais plutôt comment ils y sont arrivés. Il ne peut pas y avoir de choses que le Mali et l'Algérie ne peuvent se dire. Nos deux pays sont liés par des relations ancestrales et historiques ». Le président malien avait également laissé suggérer qu'au niveau de l'opérationnel sur le terrain, un blocage persiste, sans pour autant être explicite. « Il y a objectivement quelque chose qui bloque sur le terrain. Pourquoi tout ce temps à ne rien faire ? Pour quelle raison nous n'avons mis aucun dispositif ou système d'alerte qui puisse nous permettre de communiquer entre nous sur des menaces aussi graves ? Le Mali, c'est une superficie de plus d'un million de kilomètres carrés. La frontière entre l'Algérie et le Mali est de 1200 km ». Reconnaissant au passage que les deux pays sont en voie de voir comment travailler ensemble, il dira : « J'avoue que nous sommes beaucoup plus au stade théorique que pratique. Il faut que nous descendions un peu sur le terrain, parce que c'est là que le problème se pose réellement. » Pour de nombreuses sources, le président malien a mal apprécié que l'aide promise par Bouteflika n'ait pas été acheminée en temps opportun. Un retard que ATT a assimilé à des blocages. Peut-on dire que le contentieux entre les deux pays a été réglé ? La réponse est difficile à avoir pour l'instant. i