Messahel : « Les Nations unies doivent prendre leurs responsabilités » L'Algérie a accueilli avec un grand intérêt l'adoption, jeudi dernier, par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 1871 relative à la question du Sahara occidental, a indiqué hier le ministre délégué auprès du ministère des Affaires étrangères chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Invité du magazine Dossier politique de Radio Algérie Internationale, M. Messahel a affirmé que le Conseil de sécurité a, à travers cette résolution, réaffirmé « son attachement à une solution basée sur le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination ». « La résolution 1871 est très claire. Elle appelle les parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, à poursuivre les négociations entamées sous l'égide des Nations unies. » Des négociations qui doivent se dérouler, souligne le ministre délégué « sans préalables » et « sans conditions ». Satisfecit aussi côté marocain. Le Royaume du Maroc a exprimé, samedi, sa « vive satisfaction » à la suite de l'adoption de la résolution 1871. Principal motif à satisfaction ? Le Conseil de sécurité de l'ONU a distribué à travers cette résolution les félicitations au pays occupant, et louera les « efforts sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l'avant vers un règlement ». Le fait nouveau dans la résolution 1871, considère M. Messahel, c'est l'importance accordée par le Conseil de sécurité des Nations unies à la « dimension humaine », une dimension « intégrale » dans ce conflit. Le ministre estime qu'il s'agit-là d'une avancée appréciable dans la prise en charge par cette instance de l'ONU de toutes les dimensions du conflit, y compris la question de la violation des droits de l'homme au Sahara occidental. Dans sa résolution, le Conseil de sécurité a incité ses membres « à verser des contributions volontaires pour financer les mesures de confiance qui permettent de multiplier les contacts entre membres séparés d'une même famille, en particulier les visites familiales, ainsi que les autres mesures de confiance dont les parties conviendraient (…) ». Contrairement à la demande du Front Polisario qui voulait que le Conseil de sécurité évoque sans ambages la question des droits de l'homme au Sahara, et que ceci figure dans la résolution adoptée, celui-ci a décidé d'ignorer complètement cette question. La France qui appuie le projet d'autonomie présenté par le Maroc, s'était opposée à cette demande lors de la réunion du 30 avril dernier, comme elle s'était opposée à ce que le Conseil de sécurité de l'ONU élargisse le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'homme dans les territoires occupés. Le retard qu'accuse le règlement de ce conflit n'est-il pas la conséquence du parti pris de certains Etats occidentaux ? Pour Abdelkader Messahel, le « problème ne se pose pas en termes de contingences externes. La France et les Etats-Unis d'Amérique sont membres permanents du Conseil de sécurité et les résolutions adoptées le sont à l'unanimité. Le problème se pose par contre en termes de capacité de mise en œuvre. Aujourd'hui, il s'agit d'amener les Nations unies à prendre un peu plus de responsabilité dans l'application de ses propres résolutions » déclare le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Taleb Omar : « Nous sommes plus que jamais disposés au dialogue » Le chef du gouvernement sahraoui, Taleb Omar, a qualifié d'« importante » la dernière résolution du Conseil de sécurité de l'Onu sur le Sahara occidental, qui a réaffirmé, a-t-il précisé, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination comme « objectif essentiel » des négociations entre le Front Polisario et le Maroc. « Le fait que cette résolution rappelle que le droit du peuple sahraoui à s'exprimer sur son destin suppose l'objectif primordial des négociations est extrêmement important », a souligné le responsable sahraoui à l'agence de presse espagnole EFE. Dans sa résolution 1871, adoptée jeudi soir, le Conseil de sécurité a demandé au Maroc et au Front Polisario de poursuivre les négociations « sans conditions préalables et de bonne foi » en vue de « parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Le chef de l'Exécutif sahraoui déplore, cependant, qu'en dépit de la « clarté » de la position des Nations unies, le Maroc « persiste encore à vouloir imposer son plan d'autonomie », qu'il a jugé « inconcevable et inacceptable ». « Malheureusement, nous pouvons affirmer aujourd'hui, en nous basant sur certains indices, notamment la persistance de la partie marocaine dans sa politique de fait colonialiste, qu'il n'y a pas d'évolution et pis encore, nous ne voyons pas la perspective de progrès », a-t-il relevé. Dans ce cadre, il a déclaré que la persistance du conflit sahraoui risque « d'ouvrir les portes aux problèmes et à l'instabilité » dans la région. Az. M., R. N.