Les manœuvres autour du dossier du Sahara-Occidental deviennent récurrentes. Elles coïncident avec chaque rendez-vous important. Et à ce titre, le sommet africain en est un. On les disait divisés sur la question ou que le Maroc y était influent malgré le fait qu'il ne soit pas membre de l'UA (Union africaine). Ceci a été fermement démenti jeudi, lors de la réunion ministérielle préparatoire du sommet de Banjul. En effet, les pays africains, dont l'Algérie, ont exprimé leur soutien au rapport sur cette question présenté par la commission de l'UA, laquelle se déclare « préoccupée » devant l'impasse persistante dans laquelle se trouve le processus de paix. La pertinence de ce rapport présenté par le président de la commission de l'UA, M. Alpha Oumar Konaré, a été soulignée par le ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, qui a, par ailleurs, rappelé que la question du Sahara-Occidental est inscrite à l'ordre du jour des Nations unies depuis 1962 au titre du chapitre 11 de la Charte de l'ONU. Il a souligné que ce territoire non autonome subit « une occupation étrangère » dont la nature a été rappelée avec clarté par le Conseiller juridique de l'ONU dans l'avis qu'il avait rendu à ce sujet en 2002. L'avis, rappelle-t-on, indiquait, en particulier, que « la question du Sahara-Occidental est une question de décolonisation relevant de la résolution 1514 et que le Maroc est une puissante occupante ». Ce qui doit suffire à ce nouveau personnage tout droit sorti du palais royal pour avoir été bombardé par le souverain marocain en mars dernier, président d'un Conseil consultatif royal des affaires sahariennes pour cesser sa campagne qui consiste à vouloir faire croire qu'il s'agit d'un conflit interne. Ce Monsieur parle donc pour lui-même et lui seulement, car l'ONU, en charge du règlement de cette question, a aussi identifié les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario. Sans tenir compte de cette agitation qui coïncide avec l'escale marocaine hier du secrétaire général de l'ONU sur son chemin pour Banjul, le rapport en question souligne également que la situation dans laquelle se trouve le processus de paix au Sahara-Occidental « mérite la plus grande attention de la part de la communauté internationale, qui doit agir d'urgence pour permettre au peuple du Sahar-Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination, et ce, conformément à la légalité internationale et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité des Nation unies ». La commission a rappelé les termes du rapport présenté, le 9 avril 2006, par le secrétaire général de l'ONU, et la résolution (2006) adoptée par le Conseil de sécurité le 28 avril 2006, au terme de laquelle il réaffirmait son engagement à aider les parties en conflit à trouver une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, qui garantisse au peuple du Sahara-Occidental son autodétermination, dans le contexte des dispositions conformes aux principes et buts de la Charte des Nations unies. Le Sénégal, a-t-on indiqué, a tenté de remettre en cause cette partie du rapport du président de la commission de l'UA. « Cette tentative n'a pas trouvé d'échos auprès du Conseil des ministres, en dépit des soutiens non convaincants apportés par le Gabon, le Tchad et le Burkina Faso. » « L'isolement du Sénégal a été d'autant plus marqué et remarqué que la cause sahraouie a été appuyée par de nombreux pays, dont l'Ouganda, l'Afrique du Sud, le Botwana, le Zimbabwe, la Tanzanie et la Namibie qui ont réitéré avec force leur appui à l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental », a-t-on ajouté. M. Messahel a tenu à rappeler que « parce qu'elle représente la légalité internationale, la question du Sahara-Occidental interpelle tous les pays africains dans la mesure où tous sont, en définitive, les enfants de la résolution 1514 sur le droit des peuples à l'autodétermination ». En outre, le rapport examiné par le Conseil des ministres signale qu'« au cours de la période considérée, l'UA a continué de suivre de près la situation au Sahara-Occidental et de fournir l'appui à la Mission de l'ONU au Sahara-Occidental (Minurso), à travers le bureau de l'UA auprès de la Minurso ». Le document met également en relief le fait que « la confrontation entre les forces marocaines et les militants des droits de l'Homme pro-indépendantistes se poursuit en ce moment au Sahara- Occidental, quoique par intermittence ». Plus qu'un simple revers pour le Maroc, ce rapport indique en soi la voie à suivre, et par conséquent un rejet de toutes les thèses marocaines qui nieraient le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. C'est aussi une manière de rappeler au Maroc que l'Afrique ne s'est jamais dessaisie du dossier sahraoui.