En effet, hormis la réalisation du programme et l'exécution de la fiche technique, les visiteurs ont eu à découvrir et à « côtoyer » de nombreux auteurs aussi bien ceux qui sont connus, à l'image de Benmohamed, que ceux qui le sont moins ou pas du tout. Ce sont certainement ces citoyens qui sont à l'avant-garde pour la promotion et le développement de la culture amazighe, c'est cette seconde frange qui a attiré notre attention. En effet, ils sont là avec leurs œuvres, presque effacés, mais leur travail a parlé pour eux. Ben Taleb Brahim est de ceux-là, il est l'auteur de quelques ouvrages dont il est utile de faire ne serait-ce qu'un bref aperçu. Il y a d'abord Timsal (psychologie) ou Quelques principes sur les relations humaines. Ce dépliant renferme une soixantaine de problèmes sociaux auxquels est confrontée la société kabyle, notamment celui du chômage, du mariage, de la condition féminine… Des problèmes que l'auteur a résumés en vers. La grammaire berbère en chantant est le second livre que nous propose cet auteur. Comme l'indique le titre, il s'agit des règles de grammaire Tajerrumt données également sous forme de poème. Pour lui, « cette méthode a été utilisée dans l'ancienne école pour une meilleure assimilation de ces règles de syntaxe ». Il nous citera l'exemple de « Mais, ou, et, donc, or, ni, car » qui reste dans toutes les mémoires. Un troisième livre, dans le domaine technique, est consacré à l'industrie textile. Là, l'auteur, grâce à un travail de recherche de longue haleine, a réussi à retrouver le lexique technique (le champ lexical), « qui a existé chez nos mères et nos grands-mères », nous précisera-t-il en tamazight, du tissage au finissage. Ahcène Mariche est un autre poète dont les œuvres ont suscité notre curiosité. Auteur de Id yukin (Les nuits volubiles), Taâzult iw (Confidences et mémoires) et Tiderray (Contusions) en tamazight, et Voluble night et Confidence and memories, traduction anglaise des deux premiers recueils. Mariche se veut l'un des porte-parole de la culture berbère à travers le monde. Il nous fera savoir, à cet effet, qu'un de ses poèmes, Sidi Valentin (Saint-Valentin), « a été édité, en 2005, d'abord en kabyle et en anglais, dans l'Oregon State, aux USA, puis traduit en plusieurs autres langues dont l'arabe, le français, l'italien, le russe, le chinois, le japonais ». Nul doute que, quand bien même le chemin emprunté reste encore long, le devenir de patrimoine immatériel et matériel berbère est en plein essor. La preuve en est que la poésie, jadis orale, se matérialise d'une manière progressive.