Dommage collatéral ou nouvelle bavure de l'armée américaine en Afghanistan ? A vrai dire, plus personne ne se pose la moindre question depuis que ce genre d'incidents se mutiplient et s'ajoutent à ce que la population afghane considère tout simplement comme des bombardements aveugles. Comme celui de lundi qui n'a été porté à la connaissance de l'opinion qu'hier. Evidemment, selon la formule consacrée, l'armée américaine enquêtait depuis mardi alors que des témoignages concordants faisaient état d'un massacre. Plus de 100 personnes, apprenait-on hier, ont été tuées. C'est beaucoup plus que les trente annoncées dans de précédents bilans. Et pour bien souligner l'identité des victimes de ces bombardements, les sources afghanes chargées de cette besogne indiquaient hier qu'il s'agit de « non-combattants ». Et hier encore en milieu de journée, ces mêmes sources donnaient une autre lecture de ce bilan. Ainsi disait-on, au moins 100 personnes, dont des civils, ont été tuées dans des bombardements américains en Afghanistan, a annoncé mardi un haut responsable de la police, corrigeant un précédent bilan dans lequel il avait parlé de plus de 100 civils tués. « Je peux confirmer que plus de 100 personnes ont été tuées au cours de l'opération dans le district de Bala Buluk de la province de Farah », dans l'ouest de l'Afghanistan, a indiqué le chef de la police provinciale, Abdul Ghafar Watandar. « Notre enquête se poursuit pour savoir quel est le nombre exact de victimes civiles parmi elles », a-t-il ajouté. Dans un premier temps, le chef de la police avait expliqué que plus de 100 civils avaient péri, avant de revenir sur ses propos et d'affirmer que ce bilan incluait des insurgés et des civils. Dans la matinée, il avait assuré avoir vu les cadavres de 30 civils ramenés à bord de camions par des villageois. « Je peux confirmer que plus de 100 non-combattants ont été tués », avait-il indiqué. « Notre enquête se poursuit pour savoir quel est le nombre exact de victimes », a-t-il ajouté. « Les villageois nous ont apporté à bord de deux camions plus de 30 cadavres de civils, afin de prouver aux autorités afghanes et aux forces internationales ce qui s'était passé », avait-il dit dans la matinée. Pour sa part, une porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a indiqué que plusieurs dizaines de personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été tuées. « Notre équipe a vu mardi sur place les corps de dizaines de personnes tuées, parmi lesquelles des femmes et des enfants. La plupart des maisons de la zone visée ont été réduites en ruines », a déclaré cette porte-parole, Jessica Barry. « L'un de nos collègues du Croissant-Rouge afghan local a péri dans les bombardements, de même que 13 membres de sa famille », a-t-elle poursuivi. Le président Hamid Karzaï, en visite à Washington, a ordonné hier l'ouverture d'une enquête et promis d'évoquer le sujet avec le président Barack Obama qu'il devait rencontrer dans la journée lors d'un mini-sommet associant également le président pakistanais Asif Ali Zardari. Pour sa part, l'armée américaine a annoncé mardi soir l'ouverture d'une enquête conjointe avec les autorités afghanes. Le gouverneur de Farah, Rohul Amin, n'était pas en mesure de confirmer le nombre de victimes. « La zone bombardée est sous le contrôle des taliban et nous ne sommes pas capables d'en savoir plus pour le moment », a-t-il déclaré. Une élue du conseil provincial de Farah, Balqis Roshan, a affirmé que plus de 150 civils avaient été tués dans les combats et bombardements. Ce qui met le président Karzaï dans une situation des plus inconfortables, car ces bavures provoquent la colère de la population et des autorités afghanes. Il le sait très bien, lui qui brigue un second mandat.