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Les tréteaux candides de la jeunesse
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2008


–Comment a été monté Hello Mister Chaplin ?
– E. T. – Hello Mister Chaplin ! est une réalisation de trente neuf enfants de neuf à douze ans de tous milieux sociaux, venant de Belgique et de France. Cette création a eu lieu en août dernier en Belgique, près de Namur, durant le stage de théâtre que l'Académie internationale de théâtre pour enfants y organise chaque été durant trois semaines.
– C. S. – Ce spectacle est plutôt du théâtre non parlé qui se voulait plus ajusté aux enfants. Il a été monté à partir de courts essais d'histoires sans paroles, avec des musiques de Chaplin.
Devant la difficulté de bien dire un texte, ressentie par des enfants de 9-12 ans, l'idée a été de développer et d'aller vers un langage plus corporel pour lequel les enfants ont plus de talent et dont ils ont aussi besoin.
– Depuis quand existe cette Académie internationale et autour de quels projets s'est-elle mise en place ?
– E. T. – L'Académie internationale de théâtre pour enfants existe depuis 1986. Je l'ai créée avec la collaboration du théâtre de l'Arc en Ciel, à la suite de deux expériences qui se sont déroulées dans les années 1980 : la première a été le Festival des jeunes années, dans l'Aube, qui avait pour ambition de permettre à des enfants des écoles et d'associations d'un département rural de vivre une expérience artistique forte. On proposait à une centaine de ces enfants de travailler pendant l'année scolaire sur un projet théâtral et de se retrouver pour le jouer ensemble en public. La deuxième a été la réalisation d'un film avec quatre cents enfants amérindiens, québécois et français. Le succès de ces deux actions a été tel que l'idée de la création d'une Académie internationale de théâtre pour enfants est apparue. Ce qui a toujours été au cœur de notre travail et de celui de cette Académie dont le cadre juridique est assuré par l'association Art et Education, c'est de faire vivre aux enfants, grâce à l'art, une expérience heureuse du travail, leur faire découvrir que chacun d'eux est créateur. De plus, le théâtre est un art de la relation : il permet de grandir dans l'écoute et la compréhension de l'autre. Notre mission est aussi de mettre les enfants en contact avec des chefs-d'œuvre artistiques, comme cette année par exemple avec l'œuvre de Charlie Chaplin. Nous favorisons leur rencontre avec l'art.
– A partir de quels textes sont conçus les spectacles joués par les enfants ?
– E. T. – Le répertoire de textes mis en scène à ce jour réunit à la fois des contes traditionnels, des pièces de Molière, des récits d'Homère avec l'Iliade et l'Odyssée… et cette fois, le cinéma muet de Charlie Chaplin. Ce qui nous intéresse, c'est que les thèmes soient universels et que les personnages soient des archétypes de l'humanité, qu'ils aient quelque chose à “dire” aux enfants et au public d'aujourd'hui. Nous choisissons le thème et préparons une adaptation et une mise en scène avant le stage d'été, afin d'avoir le temps en trois semaines de créer un spectacle avec les enfants. Naturellement, le travail avec les enfants modifie, transforme, enrichit le travail que nous adultes avons fait auparavant. Le spectacle devient une co-création d'enfants et d'adultes.
– C. S. – La scénographie n'est pas à négliger. Là, dans la lignée de Copeau, Jouvet et Vilar, («Un tréteau nu et de vrais comédiens»), le décor comme le costume sont étudiés pour être au service du jeu des jeunes comédiens. Il faut avant tout que les enfants découvrent leur valeur symbolique, qu'ils puissent les assumer… et qu'ils ne se sentent nullement gênés par eux.
– Dans cette rencontre du théâtre avec les jeunes réalisée grâce aux différents stages que vous organisez chaque année, qu'est-ce qui prime pour vous ?
– E. T. – Un grand nombre de jeunes de la société actuelle ont le sentiment de se trouver dans une impasse et font l'expérience du désespoir. On leur a souvent transmis une culture du désespoir, marquée par la négation ou la méconnaissance de la beauté humaine. L'enseignement scolaire est surtout un enseignement qui coupe, qui dissèque, qui abstrait, qui objective tout. Il ne leur permet pas de devenir créateurs de leur vie. Sur la scène, grâce à la pédagogie transmise par le théâtre de l'Arc-en-Ciel, nous essayons de leur faire retrouver le langage de l'émotion, le langage de l'amour, du cœur… Nous invitons les enfants à chercher cette émotion en eux, cette émotion qui est leur vérité. Paradoxalement, la scène peut être le lieu d'apprentissage de la vérité.
– C. S. – Avec le travail initié par Hello Mister Chaplin !, nous nous tournons vers des mises en scène plus axées autour du langage corporel des enfants, langage qui permet une communication plus élargie avec d'autres cultures.
– Est-il facile de travailler avec des enfants d'âges différents comme c'est le cas à l'Académie ?
– E. T. – Les enfants ont entre neuf et douze ans : c'est un âge assez homogène. Ce qui est plus difficile quoique simple en même temps, c'est de travailler avec des enfants de milieux sociaux différents. Nous travaillons depuis huit ans en partenariat avec le Mouvement international de lutte contre l'exclusion ATD Quart Monde auprès d'enfants de milieux défavorisés et issus de l'immigration. Un des plus beaux compliments que nous avons reçu un jour après un spectacle mêlant différents milieux, c'est d'entendre quelqu'un nous dire : «Où étaient les enfants pauvres ? On ne les a pas vus pendant le spectacle…». C'est cela l'intérêt du théâtre : les différences sociales s'effacent sur la scène, tous les enfants sont révélés dans leur beauté propre. L'Académie permet qu'une vraie rencontre ait lieu entre des enfants venant de mondes qui le plus souvent s'ignorent ou s'affrontent. Cette rencontre est possible… Les enfants qui connaissent la précarité croisent les enfants qui n'ont aucune expérience de la pauvreté matérielle… Sur la scène, ils se découvrent les uns les autres dans leur unicité, dans leur beauté, et c'est aussi important pour les uns que pour les autres ; ils peuvent ainsi chasser les sentiments de peur naturels qui existent des deux côtés… et le théâtre se prête à cela justement.
– Que vous apporte cette expérience de jeu avec les enfants ?
– E. T. – Ressentir leur joie de vivre naturelle… il y a chez les enfants une telle spontanéité, une telle disponibilité, une fascinante capacité à vivre l'instant présent, à être conscient et responsable. Jouer… Les jeunes m'apportent le plaisir de jouer, ils me rappellent le sens de la gratuité, de ne pas me prendre au sérieux… Avec le théâtre, on est entre le travail et le jeu.
– Quelles sont les qualités à avoir pour travailler avec des jeunes, selon vous ?
– E. T. – Etre capable de voir au-delà des apparences, avoir avant tout un regard de bienveillance et d'espérance sur l'enfant… Si l'enfant sent dans le regard qu'on porte sur lui de la confiance, il va oser prendre des risques et se mettre à nu. C'est à l'enfant ensuite de donner de la matière à ce qu'on lui demande. Quand il fait travailler un enfant sur la scène, l'adulte esquisse les contours et pose les limites, mais il ne connaît pas par avance le résultat : le résultat, c'est ce que l'enfant apporte par lui-même.
– Les projets de l'Académie…
– E. T. – Nous sommes attentifs à ce que nous dit la vie, aux rencontres, car on ne fait rien tout seul. L'Académie, à son échelle, participe au rapprochement entre les cultures, les milieux et les peuples dès l'enfance. Nous souhaitons élargir l'Académie internationale de théâtre pour enfants en Europe en y accueillant des enfants italiens, grâce à un partenariat avec un mouvement de pédagogues de Milan, et des enfants de Roumanie où nous avons aussi des contacts, car l'échange entre enfants d'Europe de l'ouest et de l'est nous semble important. Au Québec, les enfants amérindiens et québécois avec lesquels nous avons tourné le film il y a vingt ans ont grandi depuis, nous sommes toujours en lien avec plusieurs d'entre eux, et avec eux, nous souhaitons créer une Académie internationale de théâtre pour enfants nord-américaine pour permettre à des enfants autochtones et blancs de se connaître et de s'apprécier au-delà des préjugés courants. Enfin, tout récemment, nous avons commencé à envisager des liens en Algérie, et par coïncidence, nous vous rencontrons aujourd'hui… Qui sait ce qui suivra cette rencontre ?
– Si on veut participer à l'essor de l'Académie internationale de théâtre pour enfants, qu'est-ce qu'il est possible de faire ?
– E. T. – Cela dépend des possibilités de chacun. Le plus important est d'y faire participer des enfants, et pour cela la faire connaître à ceux qui ne la connaissent pas encore ; on peut aussi l'aider en devenant membre adhérent ou en parrainant un enfant, on peut nous proposer un partenariat en tant qu'école, association, ici ou dans d'autres pays.
– Contact : Art et Education, 37 rue de Picpus, 75 012 Paris (France)(0)1 44 74 99 21 /
(0) 3 25 40 05 51 / [email protected]


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