Avenir n Le théâtre pour enfant semble effectivement ne pas constituer un des centres d'intérêts des professionnels et encore moins des pouvoirs publics. Le théâtre pour enfant reste en dépit des rares initiatives individuelles entreprises, ça et là, par des entrepreneurs chevronnés, un domaine laissé pour compte, inexploité et souvent considéré comme une pratique sans le moindre intérêt. Or, il se trouve qu'il est essentiel de se pencher sur la question, de s'y intéresser de plus prêt en s'y impliquant davantage de manière à mettre concrètement en place des modalités aidant à développer d'une manière durable le théâtre pour enfant. Il est fondamental de le prendre en charge puisque, lui, fait aussi partie intégrante de cette nomenclature que l'on appèle le «4e art». L'on s'est rendu compte, à plusieurs reprises lorsque l'occasion se présente, que les professionnels abordent la problématique du théâtre, c'est-à-dire ils ne cessent de rappeler la crise que traverse l'art des planches, mais à aucun moment ils n'abordent le théâtre pour enfant, un théâtre qui se révèle – seulement pour les connaisseurs – l'avenir du 4e art. Le théâtre pour enfant semble effectivement ne pas constituer un des centres d'intérêts des professionnels et encore moins des pouvoirs publics. Ahmed Khoudi, metteur en scène, regrette l'époque où il y avait une réelle volonté de prendre le théâtre pour enfant en charge. «Il y a eu, par le passé, c'est-à-dire dans les années 1970, quelques expériences dans ce domaine-là, notamment avec le théâtre régional d'Oran», a-t-il indiqué, avant d'ajouter que «c'était une expérience fructueuse mais qui, malheureusement, n'a pas eu de suite». Pour sa part, Mustapha Alouan, président de l'association pour enfants «les chérubins de Aïn Benyan», déplore le manque d'intérêt qu'affichent les instances concernées – à l'exemple du ministère de la culture ou celui de l'Education nationale ou encore des autorités communales comme les centres culturels – envers le théâtre pour enfant. «Le théâtre pour enfant n'est seulement pas une affaire de gens de théâtre, mais il s'agit d'une réalité qui concerne toute le monde», a-t-il dit, avant d'ajouter que «le ministère de l'Education nationale doit- comme celui de la culture- étroitement s'y impliquer. Ainsi, il préconise la nécessité d'initier les enfants au langage scénique en introduisant le théâtre dans les milieux scolaires. «C'est la meilleure façon de leur faire connaître et aimer le théâtre. Il faut prendre en charge le théâtre pour enfant, le développer, car l'enfant est le future public. Il constitue la relève», a-t-il souligné. Les «militants» pour un théâtre pour enfant comme étant un exercice artistique (et théâtral) à part entière s'accordent à dire à l'unanimité que quasiment toutes les pièces consacrées à l'enfant sont de piètre qualité. «Aucun travail fait ne s'accorde aux normes pédagogiques et de l'art des planches en général», relèvent-ils. Considérant le théâtre pour enfant comme un outil pédagogique et un moyen d'informer et d'éduquer l'enfant, donc de former le futur public, Omar Fetmouche, directeur du théâtre régional de Béjaïa, regrette que le théâtre qui se fait maintenant et pratiquement par tous s'avère «un théâtre burlesque et vide de son contenu pédagogique». Mustapha Alouan abondant dans le même sens dit que «la plupart des metteurs en scène préfèrent travailler dans la facilité et ramènent en conséquence le théâtre à un moment récréatif et à une représentation clownesque. «C'est plutôt pour faire rire que pour véhiculer un message didactique», précise-t-il. Avec qui le faire ? l En abordant la question du théâtre pour enfant, c'est-à-dire sur la meilleure façon de le créer, les avis divergent – et se heurtent jusqu'à titiller les susceptibilités. Omar Fetmouche explique formellement qu'«un bon théâtre doit se faire par des adultes, des professionnels, car ils en sont conscients», ils sont conscients de la scène et de sa charge théâtrale, alors que les enfants, pour lui, ne le sont pas, ils n'ont pas encore acquis de réflexes, donc d'expériences en la matière. Le théâtre pour les enfants est comme un jeu, un divertissement. Cependant, Abbas Mohamed Islam, un jeune metteur en scène n'hésite pas à confier qu'il préfère faire du théâtre pour enfant plutôt que celui pour adulte et du coup travailler avec les enfants. «Pour réussir un théâtre pour enfant, il faut le faire par les enfants», car «l'enfant (le public) se reconnaît à travers l'enfant (le comédien) qui joue sur scène». «Les enfants, lorsqu'ils jouent, sont vrais, spontanés et sincères», dit-il, avant d'ajouter : «le meilleur comédien, c'est bien l'enfant parce qu'il est naturel et créatif.»