Une information qui a réjoui tous les tyranneaux africains. La décision d'un juge d'instruction français ouvrant la voie à une enquête sur les logements de luxe et les avoirs bancaires détenus en France par trois présidents africains a été annulée en appel à Paris. Ce dossier visait les biens détenus par la famille d'Ali Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzavile) et Teodoro Obiang (Guinée équatoriale), trois piliers de la Françafrique. Suivant l'avis du parquet parisien, qui avait fait appel de la décision du juge, la chambre d'instruction a déclaré irrecevable la plainte de l'ONG anticorruption Transparency International, estimant qu'elle n'avait pas de qualité juridique à agir. Ceci pour la forme car, il est évident que la chambre a obéi à la chancellerie laquelle a été instruite par le président français. Les relations entre la justice et le pouvoir ne sont pas si indépendantes qu'on le dit dans le pays des droits de l'Homme et de la séparation des pouvoirs. Le demi-mandat de Sarkozy est jonché d'intrusions et la presse française s'en plaint, à demi-mot ou implicitement. En mai dernier, la juge d'instruction, Françoise Desset, avait créé un choc dans le pouvoir français et chez des chefs d'Etat africains en rendant une ordonnance où elle déclarait la plainte recevable, ouvrant la voie à une information judiciaire pour recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux, abus de confiance. Mais, le pré-carré africain de l'Elysée a rué dans les brancards et Sarkozy a fait marche arrière, lui qui avait promis durant sa campagne électorale d'établir avec le continent africain des relations transparentes ! Transparency International, qui va se pourvoir en cassation, estime que son combat aura permis de briser un tabou sur la question des avoirs illicites en provenance de présidents du Sud qui trouvent refuge dans les pays du Nord. Pour l'avocat de l'ONG, la décision de la chambre d'instruction parisienne est politique. “Aujourd'hui, c'est champagne pour l'association de malfaiteurs franco-africaine, qui organise et tire profit du pillage des deniers publics africains”, a-t-il dit à la presse. D. B