L'association catalane des droits de l'homme au Maghreb, Elcàlam a organisé, hier, et avant-hier, une rencontre sous le thème « Vérité et impunité en Algérie ». Barcelone (Espagne). De notre envoyé spécial Une rencontre forte en émotions, en ce sens que les deux invités algériens, Mohamed Smaïl, de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) à Relizane et Nasséra Dutour, née Yous de SOS Disparus à Alger et Oran n'ont pas laissé indifférente l'assistance de l'université autonome de Barcelone. « Depuis le 30 janvier 1997, jour de l'enlèvement de mon fils par les forces de sécurité, je n'arrête pas de le chercher », dit Mme Dutour, résidant à Paris, en introduction avant d'enchaîner : « Ce n'était pas de simples dépassements de policiers, mais une stratégie du pouvoir pour terroriser le peuple ». Selon elle, il existerait 8 000 dossiers documentés de disparus et 4 884, selon le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. Et d'expliquer les modalités d'indemnisation proposées par l'administration qu'elle considère comme « honteuses et inacceptables ». « On veut acheter notre silence, alors qu'on ne cherche que la vérité, des corps pour faire notre deuil ». La conférencière parlera de « prisons secrètes en Algérie ». Une affirmation, qu'a du mal à croire un auditoire de professeurs, de représentants de droits humains et des journalistes. Mohamed Smaïl axera son intervention sur son livre publié à Paris, Relizane dans la tourmente : Silence ! On tue..., un ouvrage où l'auteur cite des assassins dans sa région et des témoignages poignants de victimes et de certains responsables. Mais pour M. Smaïl, « Il ne s'agit pas d'accuser l'armée, mais des groupes de criminels qui, dans des circonstances particulières, avaient trahi la confiance de l'Etat pour s'adonner à des liquidations physiques par esprit vindicatif et par voyourisme. » Cependant, le clou de ces deux journées a été la projection du documentaire d'une heure et demie de la réalisatrice française Anne Amzallag et produit par l'association catalane Alcàlam. Des séquences montrant des charniers à Relizane et faisant parler des familles de victimes de Fouka, Alger, Oran, Sidi M'hamed Benaouda. Des séquences intenables pour un auditoire en pleurs. « Des images inimaginables dans un beau et riche pays », se sont exprimées, à la fin de la projection, des personnalités espagnoles.