En dépit des efforts déployés ces dernières années pour limiter ses effets néfastes, la pollution, sous toutes ses formes, continue de faire des dégâts au sein de l'environnement. Selon une enquête méso-économique, effectuée entre 2005 et 2007 par deux bureaux suisses, Ecosy et SBA, les coûts des dommages et des inefficiences (CDI) causés à l'environnement du Grand Annaba sont de l'ordre de 31,21 % de la valeur ajoutée produite dans cet espace urbain, soit près de 29 milliards de dinars. Ces dégâts environnementaux représentent donc une préoccupation importante en termes monétaires. Ces CDI ont été évalués par domaine environnemental (eau, air, bruit, paysage, littoral et sol, déchets et énergie) et par catégorie économique (santé et qualité de vie, capital naturel et inefficiences). Ce travail est réalisé par les deux bureaux d'études suisses, en collaboration avec l'université Badji Mokhtar de Annaba et la fondation allemande GTZ, qui active dans le cadre d'un programme de coopération technique relatif à la gestion des déchets domestiques. Les résultats de celui-ci, qui a nécessité plusieurs étapes aussi difficiles les unes que les autres, notamment en matière de collecte des données, montrent que le domaine de l'énergie cause le plus de dommages à l'environnement avec des CDI équivalents à 11,35% de la valeur ajoutée du Grand Annaba, suivi de l'air, 6%, les déchets 5,2%, le littoral et les paysages 4,6%, et enfin l'eau avec 4,2%. Les responsables d'Ecosy et du SBA ont estimé, dans leur analyse méso-économique de la communauté urbaine du Grand Annaba, que « même si l'énergie se détache largement par ses effets néfastes, les dommages environnementaux dans les autres secteurs ne sont pas négligeables». Le directeur d'Ecosy, David Maradan, et le président de SBA, Karim Zein, ont ajouté aussi que le coût de remédiation (CR) ou de traitement des dommages et inefficiences (DI), nuisant à l'environnement, «est le plus profitable dans les domaines de l'eau, air et énergie que ceux relatifs au littoral, paysage et sols, où la remédiation aux CDI serait la plus coûteuse à entreprendre, bien avant le secteur de l'énergie et le domaine des déchets». Cette étude méso-économique de la communauté urbaine de Annaba, incluant El Bouni, El Hadjar, Sidi Amar et la ville de Annaba, soit un bassin de 120 000 habitants, évaluant les dégâts de la pollution causés à l'environnement en termes monétaires, servira, selon les mêmes sources, à l'élaboration d'un programme d'action pour limiter, voire éradiquer les effets de la pollution générée principalement par les usines Arcelor-Mittal et Fertial. Le coût de ce programme de travail est jugé moins élevé que celui des dommages et dégâts causés à l'environnement. Pour rappel, la région avait enregistré, par le passé, deux enquêtes sur la pollution, dont une effectuée par la banque mondiale. Les pouvoirs publics et les élus vont-ils mettre à profit cette étude pour renforcer la lutte contre la pollution ?