Ce n'est pas tout à fait la semaine de la Palestine, mais il y a comme un frémissement, et rien de plus autour de la question du Proche-Orient avec d' imminents rendez-vous, comme celui qui doit se tenir prochainement à la Maison-Blanche, supposé faire la synthèse des démarches du nouveau président des Etats-Unis entreprises par son envoyé spécial. George Mitchell qui connaît bien ce dossier et qui a effectué deux tournées en très peu de temps dans la région. A l'approche de cette rencontre qui suscite une prudente expectative en raison des blocages israéliens, l'ONU a décidé elle aussi de faire le point de la situation. Pour cette raison, l'urgence de parvenir enfin à la paix au Proche-Orient et la nécessité d'une action diplomatique vigoureuse à cette fin devraient être affirmées aujourd'hui par le Conseil de sécurité, lors d'une réunion au niveau ministériel à l'initiative de Moscou. Selon son ambassadeur, Vitaly Tchourkine, la Russie veut profiter de son tour, ce mois-ci, à la présidence tournante du Conseil pour « donner, par l'intermédiaire de l'ONU, un nouvel élan au processus de paix » dans la région, dans l'impasse depuis des mois. Procédure peu habituelle, la réunion, qui consistera en un débat public, sera réservée aux quinze Etats membres du Conseil et au secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, excluant donc une participation de représentants israélien ou palestinien. Présidé par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, le débat rassemblera notamment les chefs de la diplomatie britannique et français, David Miliband et Bernard Kouchner, le nouveau ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu et leurs homologues autrichien et costaricain. La Chine sera représentée par un vice-ministre et les Etats-Unis par leur ambassadrice à l'ONU, Susan Rice, qui a rang de ministre, et non par la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton. Selon un diplomate occidental, cette réunion arrive « un peu tôt », car la nouvelle administration américaine n'a pas encore arrêté les détails de sa politique proche-orientale. « L'élaboration de la politique américaine au Proche-Orient va dépendre d'abord de la visite à Washington de M. Netanyahu, puis de celles d'autres dirigeants de la région dans les deux à trois semaines qui suivront. Donc cette réunion du Conseil de sécurité vient un peu tôt pour espérer des positions nouvelles de la part des Américains », a déclaré ce diplomate, sous couvert de l'anonymat. Le président américain Barack Obama a fait de la résolution du problème israélo-palestinien l'une de ses hautes priorités en matière de politique étrangère et répète inlassablement qu'une résolution du conflit passe par la création d'un Etat palestinien. Mais le nouveau Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a, jusqu'ici, écarté la création d'un tel Etat, et insiste sur la nécessité de concentrer les efforts sur le renforcement de l'économie en Cisjordanie, avant d'engager des négociations concernant un accord sur un statut définitif. M. Obama a pris l'initiative, qualifiée de « courageuse » par la Russie, d'inviter aux Etats-Unis M. Netanyahu, le président palestinien Mahmoud Abbas et le président égyptien Hosni Moubarak. Ces visites doivent se dérouler dans les semaines qui viennent, en principe, à la fin de ce mois. Dans ce contexte, la Russie vise donc à obtenir une déclaration consensuelle du Conseil de sécurité qui réaffirmerait certains principes de base, notamment la solution des deux Etats, Israël et la Palestine, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Elle a fait circuler un projet de texte qui souligne « l'urgence » de parvenir à un règlement sur cette base et la nécessité d'une « action diplomatique vigoureuse » pour y parvenir. Selon les diplomates, ce texte ne faisait pas encore consensus vendredi soir entre les quinze membres du conseil. De quel consensus pourrait-il s'agir alors que les annales de l'ONU fourmillent de déclarations reconnaissant toutes les droits nationaux du peuple palestinien ? Et pour être plus précis, de son droit à l'édification de son Etat indépendant dans des frontières bien reconnues et non pas dans celles qu'Israël tracerait de manière unilatérale. Difficile de produire plus clair que cela.