Cette crise menace d'êtrela plus grande catastrophe humanitaire de l'histoire moderne du Pakistan ». Les autorités pakistanaises ont levé temporairement, hier, le couvre-feu dans la vallée de Swat où l'armée mène depuis deux semaines une offensive de grande ampleur contre les talibans, afin de permettre à plus de 100 000 civils de fuir les combats. Le couvre-feu qui devait être levé entre 6h et 13h locales (00h00 et 7h GMT), a été prolongé jusqu'à 15h en raison du grand nombre de personnes ayant pris le chemin de l'exode, selon un responsable militaire. « Nous nous attendons à ce que plus de 100 000 personnes quittent leurs maisons aujourd'hui dans différents endroits de la vallée de Swat », a indiqué le responsable local de l'administration. Le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a annoncé que jusqu'à un million de personnes avaient été déplacées dans le nord-ouest du Pakistan, quittant par dizaines de milliers Buner, Lower Dir et Swat, pour se faire enregistrer dans des camps ou se réfugier chez des parents. M. Kahn a précisé que cinq camps supplémentaires ont été ouverts aux réfugiés dans la province de la frontière du Nord-Ouest. Alors que les autorités n'ont fourni aucun moyen de transport pour permettre l'évacuation, les civils ont pris la route à bord de véhicules privés ou à pied, emportant avec eux tout ce qu'ils pouvaient, selon des témoins. « Cela ressemble à la fin du monde, ici à Mingora », selon un témoin. Selon un communiqué diffusé hier par l'association humanitaire Muslim Aid, basée à Londres, « cette crise menace d'être la plus grande catastrophe humanitaire de l'histoire moderne du Pakistan ». Samedi, le ministre de l'Information, Mian Iftikhar Hussain, en a appelé à la communauté internationale pour tenter de faire face à ce déplacement massif de populations. « La situation dans les camps de réfugiés est très inquiétante car il fait chaud et les gens font face à de grandes difficultés », a-t-il expliqué. Appuyés par l'aviation, des milliers de soldats sont déployés dans la vallée de Swat, avec pour mission d'« éliminer » les combattants islamistes, alors que des centaines de milliers de civils ont dû abandonner leurs maisons face à la violence des bombardements. En outre, certains de ces civils sont pris au piège des combats, faisant craindre une catastrophe humanitaire. L'armée a accusé les talibans de prendre « des civils innocents en otages ». D'après des témoignages de réfugiés, des civils ont été également victimes des bombardements intensifs de l'aviation pakistanaise.