Victimes n Les habitants des districts où l'armée pakistanaise mène toujours une offensive contre les talibans ont profité de la levée du couvre-feu pour fuir les zones des combats. En effet, au moins 360 000 habitants ont fui, ces dix derniers jours, les combats entre l'armée pakistanaise et les talibans à Swat et ses environs, dans le nord-ouest du pays, a annoncé, ce matin, lundi, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). «Quelque 360 000 personnes ont été enregistrées dans des camps ou comptabilisées hors de ces structures et constituent une partie d'un nouvel exode en provenance des districts de Swat, Buner et Lower Dir depuis le 2 mai», a assuré le porte-parole au Pakistan du HCR, qui prend en charge une partie de ces déplacés. Les talibans, liés à Al-Qaîda, s'étaient emparés il y a deux ans, de la vallée de Swat, le site autrefois le plus touristique du pays, et l'armée n'a jamais réussi à les en déloger durablement. A la mi-février, Islamabad avait signé un accord de paix en vertu duquel les talibans acceptaient un cessez-le-feu en échange de l'instauration, à Swat et dans six autres districts, de tribunaux islamiques. Mais, loin de déposer les armes, les combattants islamistes ont profité du cessez-le-feu pour pousser leur avantage sur le terrain, en s'emparant du Lower Dir et de Buner, à une centaine de kilomètres d'Islamabad. Sous la pression intense de Washington, qui qualifiait l'accord de Swat d'«abdication», Islamabad a lancé, il y a quinze jours, son armée dans une vaste opération de reconquête du Lower Dir, de Buner puis de Swat. A ce jour, l'armée a assuré avoir tué au moins 720 talibans et perdu seulement une vingtaine d'hommes. Mais, selon des témoignages de plus en plus nombreux de personnes déplacées, ni les talibans ni l'armée n'épargnent les civils, qui meurent dans des bombardements sans discrimination. Les autorités pakistanaises ont installé 29 bureaux d'enregistrement des personnes déplacées essentiellement dans les zones de Mardan et Swabi où la plupart des camps ont été érigés. «Mais à peine 20% des déplacés restent dans ces camps, le reste s'installe à l'extérieur», a-t-on précisé. 1,5 million de personnes ont fui les trois districts, a assuré un responsable de la cellule de crise du gouvernement. Mais personne n'a officiellement confirmé cette évaluation pour l'heure. Car, depuis 2007, et avant l'offensive dans la zone de Swat, le gouvernement estimait déjà à 500 000 le nombre de personnes déplacées lors des combats, intermittents, plus à l'Ouest, dans les zones tribales semi-autonomes, le long de la frontière afghane, véritable fief des talibans pakistanais, de leurs pairs afghans et de combattants étrangers d'Al-Qaîda. «Je ne suis pas en mesure de vous donner le nombre exact de personnes déplacées car nous sommes en train de compiler les informations que notre personnel collecte sur le terrain», a expliqué Khushhal Khan, un haut responsable de l'administration de Swat. Attentat suicide ce matin : dix morts l Au moins dix personnes ont été tuées ce lundi matin dans un attentat suicide à la voiture piégée visant un poste des forces de sécurité dans le nord-ouest du Pakistan, non loin des zones où l'armée mène une vaste offensive contre les talibans. Le kamikaze a précipité sa voiture bourrée d'explosifs sur un poste de contrôle routier tenu par les forces paramilitaires à la périphérie de Dara Adam Khel, à 25 km au sud de Peshawar. Deux des personnes tuées étaient des militaires, ainsi qu'une petite fille, les sept autres des passants. Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats suicide pour la plupart, qui ont tué plus de 1 800 personnes en plus d'un an et demi dans tout le pays. Les talibans pakistanais liés à Al-Qaîda, responsables de cette vague de violences, s'en prennent principalement à l'armée et à la police, mais n'épargnent pas les civils.