Des chiffres qu'il nous a communiqués hier comme pour promettre que, cette fois, l'issue à la crise se fera avec de lourdes exigences. Historique de la crise Le 29 décembre 2007, l'Alliance touareg Nord-Mali pour le changement, l'ATNMC (mouvement du chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga, déclenché en février 2007) libère à Tin Zaouatine algérien à la frontière avec le Mali, sous les bons offices de l'Algérie, dix prisonniers militaires maliens qu'elle détenait parmi 32 prisonniers. «Un geste de bonne volonté», expliquait alors Ibrahim Ag Bahanga, le chef de cette quatrième rébellion dans l'histoire du Mali, pour prendre à témoin la conciliation algérienne et toutes les parties concernées par le conflit et amener le gouvernement malien à la table des négociations pour l'application des accords d'Alger signés le 4 juillet 2006. Accords qui ont, par ailleurs, connu des ajustements proposés en août 2007 à Alger par le mouvement rebelle, représenté par son porte-parole Hama Ag Sidahmed. Dans son ensemble, l'accord d'Alger signé alors par les parties gouvernementale malienne, l'Alliance du 23 mai (rébellion de mai 2006 et la facilitation algérienne) prévoit le retrait de l'armée malienne des positions antécédentes à la rébellion de 2006, ainsi que de multiples autres points liés à l'intégration des Touareg et au développement socioéconomique des régions touareg (Kidal,Tambouctou et Gao) particulièrement pauvres. L'attente qui inquiète Entre décembre 2007 et mars 2008, le chef rebelle et ses troupes sont toujours en attente d'un signe «de bonne volonté» de la part du président malien, Amadou Toumani Touré, après la libération de dix prisonniers militaires, «mais rien ne vient», déplore Ibrahim Ag Bahanga. C'est ainsi que le 7 mars, il recourt à un ultime geste pour espérer persuader le président malien de ce qu'il juge être «une position têtue et irresponsable» que celle que le président malien adopte : tous les prisonniers, au nombre de 22, sont libérés et remis à Egleze Ag Afoni, ancien gouverneur touareg (considéré comme un sage par l'ensemble de la communauté touareg du Mali), dans l'espoir que le gouvernement malien accepte enfin la négociation avec l'ATNMC : «En libérant sans contrainte les derniers prisonniers, l'ATNMC acquiert une sympathie évidente des militaires maliens qui comprenaient mal qu'un président-général puisse laisser ses frères d'armes croupir depuis plus de sept mois dans les camps retranchés de l'ATNMC», nous déclarait au lendemain de la libération des prisonniers Hama Ag Sidahmed, porte-parole de la Rébellion. Celui-ci nous précise qu'«en écartant volontairement les officiels maliens de l'opération de libération des derniers militaires, les leaders de la rébellion ont réussi à fédérer l'ensemble de la communauté touareg, indécise… La libération des prisonniers sans contrepartie est pour l'ATNMC l'occasion de rallier à sa cause la frange modérée des touareg». Geste déçu pour Ibrahim Ag Bahanga : à la libération des derniers prisonniers, s'en est suivi, dans la journée du 13 mars, un large ratissage de l'armée malienne avec une compagnie de 14 véhicules militaires, menée par le colonel Djidji du commandement militaire de Kidal, dans la région de Tin Zaouatine, au nord-est de la région de Kidal, (appelée Echebrech par les touareg maliens pour la distinguer du Tin Zaouatine algérien). Un ratissage effectué autour des montagnes de Zakak, à 30 km de Tin Zaouatine, lieu du retranchement des forces d'Ibrahim Ag Bahanga. Les premiers affrontements entre la rébellion et l'armée malienne se déclenchent alors et déjà le chef rebelle nous annonce, par le biais de son porte-parole, un blessé grave parmi les militaires maliens, le chef de bataillon de Kidal, ainsi qu'un capitaine et quatre soldats évacués le lendemain par avion sur Bamako. «Jusque-là, nous apprend alors depuis son téléphone satellitaire Mohamed-Ali, chef de bataillon de la rébellion, nous ne déplorons aucun mort, ni aucun blessé dans nos rangs.» La riposte au ratissage de l'armée malienne ne se fait pas attendre et le 14 mars Ibrahim Ag Bahanga et ses hommes encerclent Tin zaouatine. C'est le prélude à des combats intenses qui durent jusqu'à l'heure. Le 19 mars, nous précisera le porte-parole de l'ATNMC, «le gouvernement malien tente une médiation, mais nos groupes ont refusé en raison du fait que l'armée malienne est venue envahir notre zone, après qu'on ait libéré les derniers prisonniers». Au lendemain, le 20 mars, et après une petite accalmie, les opérations militaires reprennent de plus belle, dès 8h. «Les combats font rage. Pour l'instant, on parle d'un officier mort côté armée malienne, de plus de 20 blessés, de deux camions militaires et deux véhicules tout-terrains brûlés», précise le porte-parole de la rébellion, qui nous complétera le bilan quelques heures plus tard annonçant la mort d'un de ses compagnons et deux autres rebelles gravement blessés. Au moment où nous mettons sous presse, les sources rebelles nous indiquent que les combats se poursuivent intensément dans la région de In Terserkit à 200 km au sud des bases d'Ibrahim Ag Bahanga.