Ibrahim Ag Bahanga ne démord pas avec l'armée malienne, depuis que cette dernière a procédé, dès le 13 mars, à un déploiement de ses troupes vers ses bases militaires qui se trouvent dans la région de Tin Assalak, et ce, cinq jours à peine après la libération par le chef rebelle des derniers prisonniers (22) qu'il détenait toujours. Une libération qu'il explique comme un ultime geste en vue d'une progression vers un dialogue avec Bamako. Hier, dès la première heure de la matinée, voilà que Ag Bahanga et ses hommes opèrent une attaque musclée contre une caserne militaire à Aguelhoc, dans le cercle de Tessalit. Aguelhoc est équidistante de Kidal (150 km au Sud) et de Tin Assalak, plus au Nord, où se trouve une des bases militaires de l'ATNMC, l'organisation du chef rebelle. D'intenses combats ont éclaté entre les militaires maliens et les rebelles dirigés par Hassan Ag Fagaga, le responsable militaire de l'ATNMC. A11h22, le porte-parole de la rébellion nous informait que les affrontements se poursuivaient toujours, alors que le bilan n'était pas encore établi. C'est à 16h locales, après un assaut des rebelles touareg sur la caserne d'Aguelhoc qui a duré presque toute la journée, que ces derniers se sont repliés avec de l'armement pris à la caserne vers Tin Assalak. A l'heure où nous apprenions l'information de nos sources rebelles, le bilan humain n'était pas encore connu. Cette offensive à Aguelhoc a succédé à une série d'autres opérées dès le 19 mars et presque sans interruption par l'ATNMC. Elle vient aussi montrer que Ibrahim Ag Bahanga ne lésine plus sur les moyens militaires, pris à l'armée régulière malienne depuis le déclenchement de la rébellion en avril 2007, fort des jeunes Touareg, en mal de vie, qui ont de plus en plus rejoint la rébellion et dont le chef rebelle préfère garder le nombre secret. Tout comme cette offensive d'hier montre par ailleurs que rien ou presque n'arrête plus les responsables de l'ATNMC qui osent des avancées sur les tranchées de combats et qui disent durcir le ton à présent que le président malien « ne veut plus des accords d'Alger », comme le souligne Hama Ag Sidahmed, porte-parole de l'ATNMC. Pour rappel, les premières opérations et les accrochages depuis la reprise des hostilités entre l'armée régulière malienne et les troupes de Ag Bahanga se sont essentiellement déroulés à Kazak, 30 km au nord de Tin Zawatine, à In Tefferkit et à Tin Bidène, à moins d'une vingtaine de kilomètres de l'une des bases de l'ATNMC. « Le bilan est lourd dès les quatre premiers jours des affrontements, déclare Hama ag Sidahmed : 43 morts et 61 blessés dans les rangs de l'armée malienne, 12 voitures militaires et civiles brûlées, 4 chars détruits et 5 voitures récupérées, avec du matériel militaire, sans compter 33 prisonniers dont deux capitaines et plusieurs sous-officiers ». « Parmi les 42 prisonniers pris lors des affrontements, 9 qui étaient blessés ont été remis à la Croix-Rouge », poursuit le porte-parole. Appel à la médiation algérienne Depuis son téléphone satellitaire, Mohamed-Ali, chef de bataillon dans les troupes de la rébellion, nous fait état du souhait des rebelles que l'Algérie intervienne plus que jamais pour une médiation urgente. « Le gouvernement malien appelle à un cessez-le-feu, mais nous ne l'accepterons qu'avec des garanties très solides que parrainerait l'Algérie, un pays voisin. » Sur la lancée, le ton des responsables de l'ATNMC s'élève plus encore. « Nous allons désormais présenter des revendications plus pertinentes qui prennent en compte les réalités politiques, sociales, culturelles et sécuritaires de la région. Seule façon de créer des conditions favorables de paix dans la région », explique encore Hama Ag Sidahmed. C'est dans ce contexte de crise que la Libye n'a pas hésité à proposer sa médiation entre les protagonistes. Alors que l'information était annoncée hier en fin de matinée par une agence de presse, le porte-parole de la rébellion nous a confirmé la démarche libyenne pour des pourparlers que le pays de Kaddafi propose et veut abriter. Alors qu'une délégation gouvernementale malienne était déjà hier à Tripoli, c'est Hama Ag Sidahmed pour la partie rebelle qui doit se rendre dès aujourd'hui dans la capitale libyenne pour ces pourparlers qui vont amorcer une recherche d'issue pour l'arrêt des combats entre l'ATNMC et l'armée malienne. Restent les 33 nouveaux prisonniers pris par Ibrahim Ag Bahanga. Il n'est pas dit que le chef rebelle les restituera facilement.